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Les ventes du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons s’essoufflent : Bilan semestriel de 2025

24 sept. 2025
6,5 min de lecture
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Chaque année, nous revenons sur notre Rapport annuel sur le secteur des aliments et des boissons pour faire le point sur l’évolution des ventes et des marges au cours du premier semestre. Nous avons révisé à la baisse nos estimations de ventes et de marges, compte tenu du contexte commercial et économique difficile auquel font face les fabricants d’aliments et de boissons.

Mise à jour sur les ventes

Après un début prometteur en 2025, les fabricants d’aliments et de boissons commencent à ressentir les effets de la guerre commerciale menée par les États-Unis. Les ventes ont réussi à se maintenir légèrement au-dessus du seuil critique au premier semestre, avec une hausse de 0,8 %, mais cet élan risque de s’essouffler, une baisse de 0,3 % étant prévue pour le second semestre (tableau 1). Les Services économiques FAC prévoient maintenant que la croissance globale des ventes pour 2025 se limitera à seulement 0,2 % alors qu’elle était estimée à 0,6 % dans la projection d’avril. Si cette tendance se maintient, il s’agira de la plus faible croissance annuelle du secteur enregistrée depuis 2005. Le tableau 1 montre également comment les ventes devraient évoluer dans les sous-secteurs clés, soulignant la diversité au sein de la fabrication d’aliments et de boissons.

Tableau 1 : Les ventes du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons ont augmenté pendant le premier semestre de 2025, mais des baisses sont à prévoir dans la deuxième moitié de l’année

Le tableau 1 montre que les ventes du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons ont augmenté au premier semestre de 2025, mais le taux de croissance risque de devenir négatif au second semestre.

Remarque : Les valeurs sont arrondies à une décimale près.

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC

Cette révision à la baisse ne devrait pas être surprenante compte tenu des répercussions des tarifs douaniers sur l’économie et le paysage commercial. Une grande part de la croissance des ventes observée jusqu’à maintenant est attribuable à la hausse des prix; autrement dit, les ventes augmentent lentement en raison de l’augmentation des prix, alors que le volume de marchandises vendues est en baisse. Cette situation s’explique en partie par la baisse constante des volumes d’exportation d’aliments et de boissons depuis le mois de mars. Les volumes d’exportation ont connu un bon départ, dépassant le maximum des cinq dernières années en janvier et en mars, mais ils évoluent maintenant près du seuil le plus bas de la période (figure 1). À ce stade, les défis auxquels font face les exportateurs d’aliments et de boissons ne semblent pas s’atténuer et une nouvelle contraction des volumes d’exportation n’est pas à exclure.

Figure 1 : Les exportations d’aliments et de boissons diminuent rapidement

Graphique linéaire montrant les volumes d’exportation mensuels en kilogrammes de janvier à décembre. Il y a trois lignes, une pour le maximum sur cinq ans, une pour le minimum sur cinq ans et une pour 2025 depuis le début de l’année. Les exportations de 2025 ont chuté rapidement après le pic atteint en mars 2025, se rapprochant maintenant du minimum sur cinq ans.

Source : Base de données sur le commerce international de marchandises du Canada

Comme nous l’avons noté dans le Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons plus tôt cette année, les secteurs qui dépendent davantage des marchés d’exportation font face à plus de vents contraires que ceux qui vendent principalement sur le marché intérieur. Cela a déjà été observé dans certains secteurs. Par exemple, le secteur laitier, qui est largement stimulé par la demande canadienne, a enregistré des ventes positives au début de l’année. Toutefois, le secteur de la mouture de céréales et d’oléagineux, qui envoie plus de la moitié de sa production à l’étranger, connaît des difficultés. Les tarifs douaniers imposés par la Chine sur les graines, le tourteau et l’huile de canola, combinés à l’incertitude de la politique sur les biocarburants aux États-Unis, ont réduit la demande et les prix, ce qui a entraîné une baisse des ventes.

Il y a toutefois un point positif depuis le début de l’année, à savoir l’augmentation des dépenses des ménages canadiens par habitant pour les aliments et les boissons non alcoolisées. Il s’agit d’un développement positif, compte tenu de l’inquiétude exprimée auparavant voulant qu’une croissance démographique plus lente limite la demande en aliments et en boissons.

La baisse des ventes pèse sur les marges à court terme

Les marges ont amorcé l’année 2025 sur des bases solides, grâce à l’augmentation des ventes et à l’allègement des coûts des intrants. Toutefois, les perturbations commerciales vont à l’encontre de cette tendance. Si la hausse des prix a permis de compenser la baisse de la demande au premier semestre, elle ne suffira probablement pas à entraîner une croissance positive des ventes au second semestre. Cette situation, conjuguée à des coûts de main-d’œuvre et de matières premières qui demeurent élevés, nous porte à croire que les marges de 2025 ne progresseront pas par rapport à l’an dernier (figure 2). Il s’agit d’une baisse importante par rapport à l’augmentation des marges prévue précédemment (soit 5,8 %) pour 2025.

Figure 2 : La baisse des ventes exerce une pression sur les marges de 2025

Graphique à colonnes montrant que les marges dans le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons demeurent serrées en 2025, mais devraient s’améliorer en 2026.

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC

Toutefois, nous sommes un peu plus optimistes en ce qui concerne l’année 2026. Un rebond modeste des ventes, jumelé à une stabilisation voire même une baisse des prix des intrants, pourrait créer des conditions favorables à une reprise. Les prix des céréales et des oléagineux se rapprochent de leur niveau le plus bas en cinq ans pour de nombreux produits agricoles. Compte tenu de la forte production de maïs attendue, des importantes réserves de blé et de l’incertitude sur les marchés internationaux du canola, les prix devraient rester inférieurs à ceux observés par les transformateurs au cours des dernières années. C’est une bonne nouvelle pour les sous-secteurs qui dépendent fortement de ces intrants, tels que ceux de la mouture de céréales et d’oléagineux, de la boulangerie et de la fabrication de boissons.

Cependant, tous les secteurs ne bénéficieront pas des mêmes avantages. Les industries qui dépendent de l’acier et de l’aluminium devraient rester vigilantes, car les stocks d’emballages accumulés avant l’instauration des tarifs douaniers pourraient s’épuiser d’ici 2026, et rien ne laisse présager la fin prochaine de ces obstacles commerciaux.

Le marché du travail pourrait également connaître une certaine accalmie. Le taux de postes vacants dans le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons a chuté à 2,8 % au T2 de 2025. Il s’agit du plus bas taux enregistré au cours d’un deuxième trimestre depuis le début de la production des rapports en 2015, ce qui contraste très fortement avec le deuxième trimestre de 2022, lorsque le taux de poste vacant a atteint 6,6 %. Le taux de chômage de ce secteur a également commencé à grimper au cours de l’été, atteignant 9,4 % en août 2025 (le taux le plus élevé en quatre ans), et le salaire horaire moyen offert a diminué au deuxième trimestre de 2025 après trois trimestres consécutifs de croissance.

Ensemble, ces indicateurs indiquent un marché du travail légèrement plus accessible pour les fabricants d’aliments et de boissons. Avec une plus grande disponibilité, les pressions salariales pourraient s’atténuer, et il pourrait donc être plus facile et plus rentable pour les entreprises de recruter du personnel dans les mois à venir. Il s’agit d’un signe positif pour les marges en ce qui concerne l’année 2026.

En conclusion

Le premier semestre de 2025 a généré des résultats mitigés pour les fabricants d’aliments et de boissons alors qu’ils s’adaptent à la guerre commerciale menée par les États-Unis. Les ventes sont restées stables dès le début, mais elles ont depuis perdu leur élan, ce qui a exercé une pression sur les marges. Bien que les coûts des intrants commencent à diminuer et puissent soutenir la rentabilité en 2026, l’incertitude du marché demeure élevée, et une forte reprise prendra encore du temps.

Amanda Norris

Économiste principale

Amanda s’est jointe à FAC en 2024 en tant qu’économiste. Spécialisée dans l’industrie agroalimentaire, elle effectue également des recherches sur la gestion de l’offre et les tendances de consommation. Amanda était auparavant à Agriculture et Agroalimentaire Canada, où elle a acquis une vaste connaissance de l’économie, des techniques et du secteur en occupant divers postes, notamment ceux de conseillère en matière de politiques, de chef de projets et d’économiste.

Amanda est titulaire d’une maîtrise en économie de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources de l’Université de Guelph. Elle est également membre du conseil d’administration de la Société canadienne d’agroéconomie, où elle promeut les activités de rayonnement et l’importance de la recherche en agriculture et agroalimentaire.