Mise à jour sur la valeur des terres agricoles du Canada : bilan semestriel sur les facteurs de croissance et la dynamique régionale en 2025

La valeur des terres agricoles cultivées au Canada a continué de refléter un mélange complexe de dynamiques du marché en 2025, enregistrant une hausse moyenne de 6,0 % au premier semestre et de 10,4 % sur douze mois entre juillet 2024 et juin 2025 (tableau 1), ce qui dépasse légèrement les gains de l’année précédente. La dynamique régionale demeure un facteur déterminant, certaines localités présentant une forte demande et une offre limitée sont à l’origine d’une grande partie de l’appréciation.
Au cours des six derniers mois, le Manitoba arrivait au premier rang avec une croissance de 11,2 %, suivi du Nouveau-Brunswick (9,4 %) et de l’Alberta (6,6 %). La Saskatchewan a égalé le rythme national en progressant de 6,0 %, tandis que le Québec a enregistré un gain plus modeste (2,6 %), suivi de l’Île-du-Prince-Édouard (2,3 %) et de la Nouvelle-Écosse (1,0 %). En revanche, la valeur des terres agricoles en Colombie-Britannique et en Ontario est restée inchangée à 0,0 %, ce qui souligne la nature inégale du marché à l’échelle du pays.
Tableau 1 : Variation moyenne de la valeur des terres agricoles au cours des six premiers mois de 2025, par province

Source : Calculs de FAC
Les recettes monétaires agricoles au milieu de l’année 2025 restent stables
Les recettes monétaires agricoles, les taux d’intérêt et l’offre globale de terres agricoles sont les principaux facteurs de l’évolution de la valeur des terres agricoles. En 2024, les recettes monétaires agricoles canadiennes ont chuté de 1,6 %, principalement en raison d’une baisse des revenus tirés des céréales et des oléagineux, tandis que les recettes tirées du bétail ont augmenté. Au cours de la première moitié de l’année, les prix records des bovins ont contribué à faire grimper de 18,3 % les recettes tirées de l’élevage bovin au premier semestre, faisant grimper le total des recettes monétaires agricoles de 3,3 % au milieu de l’année. Au début de 2025, les revenus tirés des céréales et des oléagineux ont légèrement augmenté, bien que les résultats varient d’une culture à l’autre et d’une région à l’autre.
Malgré l’amélioration des prix des céréales et des oléagineux au début de l’été, l’augmentation de la production cette année, ainsi que la perte de possibilités d’exportation de canola et de pois canadiens vers la Chine et l’impact des tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine devraient exercer une pression à la baisse sur les prix des produits de base. Par conséquent, les recettes provenant des céréales et des oléagineux devraient chuter de 6 % par rapport à l’an dernier (figure 1). La baisse des taux d’intérêt et les bilans solides attribuables aux récoltes agricoles records enregistrées en 2022 et 2023 offrent un soutien sous-jacent à la valeur des terres agricoles, même si les recettes tirées des céréales et des oléagineux affichent un ralentissement par rapport aux récents sommets atteints.
Figure 1 : Les recettes des céréales et oléagineux devraient continuer de diminuer

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC
Dans l’ensemble, les recettes monétaires agricoles varient d’un secteur à l’autre dans les différentes provinces et régions, et cette variation se reflète dans les résultats de mi-année au chapitre de la valeur des terres agricoles.
Les terres du Canada : régions où la valeur des terres agricoles augmente et où elle demeure stable
En Colombie-Britannique, la valeur des terres cultivées semble avoir stagné. En effet, aucun changement (0 %) n’a été observé au cours du premier semestre de l’année. Ce résultat contraste avec la moyenne provinciale sur 12 mois, qui affiche une croissance de 5,2 %. La tendance sur six mois a été principalement influencée par l’assouplissement des valeurs dans la région de Kootenay, tandis que les régions Rivière de la Paix-Nord et Île de Vancouver de la Colombie-Britannique sont principalement à l’origine de la croissance sur douze mois. Le comportement du marché est caractérisé par de plus longues périodes de mise en marché des propriétés avant leur vente et des écarts plus importants entre le prix affiché et le prix de vente, dans un contexte où les acheteurs font preuve d’une prudence accrue et les vendeurs continuent d’ajuster leurs attentes en conséquence.
En Alberta, la valeur des terres agricoles a suivi de près les tendances nationales, avec une augmentation (10,3 %) sur douze mois constante dans l’ensemble de la province. Au cours des six derniers mois, les régions Rivière de la Paix et Sud de l’Alberta ont affiché la plus forte croissance de la province, avec une augmentation globale de 6,6 % de la valeur des terres. Dans la région Rivière de la Paix, l’activité du marché a été influencée en partie par les ventes aux enchères de terres, qui semblent faire grimper les coûts d’acquisition des terres dans les régions avoisinantes en élargissant le bassin d’acheteurs et en favorisant les offres concurrentielles. Dans le sud de l’Alberta, les terres irriguées continuent d’établir de nouveaux prix de référence, ce qui exerce une pression à la hausse sur les parcelles de terres non irriguées à proximité. Les prix élevés des bovins ont favorisé des agrandissements notables des parcs d’engraissement, renforçant ainsi la demande de terres agricoles productives dans la région.
En Saskatchewan, la valeur des terres cultivées continue de croître, affichant des gains de 6,0 % au cours des six derniers mois et de 12,0 % en glissement annuel. Un nombre croissant de propriétaires-bailleurs de terres agricoles vendent des terres à leurs locataires, tandis que de nombreuses exploitations font des achats stratégiques en acquérant des terres à proximité de leur fonds de terre pour améliorer l’efficacité de leurs activités. Les producteurs qui souhaitent prendre de l’expansion utilisent également la valeur nette détenue dans leurs avoirs actuels comme levier pour financer d’autres achats. L’augmentation de la valeur des terres semble concentrée dans des terres agricoles de qualité supérieure, qui font l’objet d’une forte demande en raison des rendements historiquement élevés et de l’offre limitée. La plupart des hausses de valeur ont été enregistrées dans les régions du nord et de l’est, tandis que les régions du centre-ouest et du sud-ouest connaissent une croissance plus lente, qui s’explique en grande partie par les conditions de sécheresse prolongées des dernières années.
Au Manitoba, la valeur des terres agricoles a augmenté de 11,2 % au cours des six derniers mois, les régions de Parkland et de Westman affichant la plus forte croissance. Ces hausses sont généralisées, et toutes les régions affichent des augmentations, ce qui reflète un marché provincial robuste qui a enregistré une hausse annuelle de 14,4 %. Dans la région de Parkland, les grandes exploitations céréalières consolident activement leurs fonds de terre. Historiquement, les ventes étaient limitées, mais une pression à la hausse constante s’accroît, et les transactions récentes reflètent maintenant ces gains cumulatifs. La forte demande conjuguée à une offre limitée a créé un environnement très concurrentiel pour l’acquisition de terres.
En Ontario, la valeur des terres agricoles cultivées est demeurée principalement stable (0 %) au cours des six derniers mois, ce qui reflète une pause du marché après plusieurs années de forte progression. La baisse des prix des produits de base, les coûts élevés des intrants et le fait qu’une partie importante des terres a changé de mains au cours des dernières années freinent collectivement la demande dans toute la province. Ces facteurs semblent avoir un effet notable sur l’activité du marché. Par conséquent, les valeurs semblent se stabiliser presque partout dans la province, avec une hausse de 1,8 % sur douze mois, ce qui reflète une tendance à la baisse de l’abordabilité.
Dans la première moitié de 2025, la valeur des terres agricoles au Québec a crû de 2,5 % et la province a enregistré une hausse de 3,1 % au cours des 12 derniers mois. L’analyse des transactions suggère que l’incidence combinée de la hausse des taux d’intérêt en 2022 et 2023, de la baisse des prix des céréales et de la diminution prévue des rendements se fait de plus en plus sentir, malgré la baisse graduelle des taux d’intérêt depuis l’été 2024. Ces facteurs ont eu une incidence négative sur les revenus des grands producteurs de cultures, limitant ainsi leur capacité d’investissement. Même si la valeur des terres agricoles continue d’augmenter, le taux de croissance est plus modéré que l’an dernier.
Dans le sud du Nouveau-Brunswick, en particulier dans la région de la production laitière, la valeur des terres a connu de fortes augmentations, qui ont contribué à la hausse de 9,4 % enregistrée dans la province. Ces gains reflètent des augmentations constantes qui se sont accumulées au fil du temps et sont maintenant appuyées par des données récentes sur les ventes. Une partie de cette pression à la hausse est liée à l’immigration interprovinciale et internationale des agriculteurs. Dans ce secteur, les faibles taux de base signifient que les variations absolues relativement faibles se traduisent par des augmentations plus importantes en pourcentage.
La valeur des terres cultivées en Nouvelle-Écosse a légèrement augmenté au cours des 6 derniers mois et a progressé de 4 % en glissement annuel. L’ouest de la Nouvelle-Écosse, en particulier la vallée de l’Annapolis, a connu une saison de croissance difficile. Les rendements des céréales sont faibles, mais ceux du maïs et de l’herbe demeurent stables. La plupart des producteurs ont décidé d’attendre la fin de la récolte pour effectuer leurs achats importants. Dans l’ensemble de la province, l’irrigation suscite un intérêt croissant. Les volumes de vente demeurent faibles, conformément aux tendances au Nouveau-Brunswick pour la première moitié de l’année.
À l’Île-du-Prince-Édouard, la valeur des terres agricoles a augmenté de 2,3 % au premier semestre de 2025, ce qui reflète des gains constants, mais modestes. L’offre limitée et la forte demande continuent de favoriser la concurrence, et de nombreuses ventes ont lieu entre des producteurs voisins afin que les propriétés demeurent entre les mains d’intérêts locaux. La sécheresse continue et les conditions anormalement sèches augmentent les risques liés à la production en plus de susciter des discussions sur la nécessité d’investir dans des systèmes d’irrigation. La province continue d’instaurer des mesures visant à protéger les terres agricoles, afin qu’elles ne soient pas perdues au profit des promoteurs.
En conclusion
Malgré des gains notables dans certaines régions, au cours des six derniers mois, l’échelle globale des prix de vente par acre n’a que légèrement augmenté, les changements les plus importants ont été observés dans le prix moyen, reflétant un resserrement des valeurs. Les provinces qui ont connu une forte croissance au cours des dernières années connaissent maintenant un assouplissement des prix des terres agricoles, tandis que les régions qui ont connu des augmentations plus modestes jusqu’ici continuent de constater des gains solides. Dans l’ensemble, le marché semble se stabiliser.
Ce rapport met en lumière les tendances qui contribuent à déterminer la valeur des terres agricoles à l’échelle nationale, ce qui permet de déterminer où le marché démontre sa résilience, où il se stabilise et ce qu’il faut surveiller en 2026. Pour savoir comment ces valeurs se comparent aux tendances précédentes, veuillez consulter notre Rapport sur la valeur des terres agricoles 2024.
Il reste à voir si les ventes au second semestre de l’année confirmeront ces premières tendances. Ne manquez pas notre rapport annuel 2025, qui sera publié en mars 2026 et dans lequel nous examinerons l’évolution des tendances observées aujourd’hui.
Article par : Megan Mailloux AACI, P. App., analyste, Veille stratégique