L’agroalimentaire en période d’incertitude : Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2025

Les renseignements suivants proviennent du Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2025, qui met en lumière les défis et les occasions pour l’industrie agroalimentaire au Canada. Pour en savoir plus, consultez l’intégralité du rapport.
Introduction
Un coup d’œil rapide aux données financières du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons suggère que 2024 a été une année sans événements marquants. Les dépenses et les ventes ont affiché une variation inférieure à 1 %, ce qui ne s’est traduit que par une légère amélioration des marges bénéficiaires.
Or, la réalité est tout autre. L’inflation a commencé à ralentir, la Banque du Canada a commencé à réduire les taux d’intérêt et les tensions sur le marché du travail se sont apaisées. C’est aussi en 2024 que les prix du cacao ont grimpé en flèche, que les prix du bétail sont restés élevés et que les prix des céréales ont diminué. L’année s’est terminée par l’annonce d’une nouvelle administration à la tête des États-Unis et la menace de tarifs.
L’année 2025 s’annonce également riche en événements. Les perturbations commerciales seront au cœur des préoccupations du secteur, car les exportations, les ventes et les marges sont sous pression. Outre les perturbations commerciales, le secteur devra aussi faire face à l’impact du ralentissement de la croissance démographique sur la disponibilité de la main-d’œuvre et sur la vigueur de la demande des consommateurs.
Les dépenses d’aliments et de boissons par habitant ont diminué pour la quatrième année consécutive en 2024, en raison des pressions exercées sur le budget des ménages. La consommation d’aliments et de boissons non alcoolisées a toutefois affiché des signes de reprise vers la fin de 2024. Le secteur des boissons alcoolisées continue d’éprouver des difficultés.
La durée des perturbations commerciales et la manière dont l’économie canadienne y réagira détermineront la vigueur des dépenses de consommation en 2025.
Pour les fabricants d’aliments et de boissons, commencer une nouvelle année d’incertitude n’a rien de nouveau, et le secteur a prouvé qu’il savait faire preuve de résilience et d’adaptation dans les périodes difficiles.
L’agroalimentaire en période d’incertitude économique
Une autre année difficile s’annonce pour l’économie canadienne. La Banque du Canada a reconnu que sa prévision de croissance du PIB réel de 1,8 % pour 2025 pourrait être revue à la baisse si les États-Unis imposent des tarifs sur nos exportations. L’incertitude entourant les perturbations commerciales possibles fait qu’un ralentissement économique marqué, voire une récession, est une possibilité bien réelle en 2025.
Historiquement, les ventes au détail d’aliments et de boissons affichent de meilleurs résultats que celles d’autres secteurs pendant les périodes de difficulté économique, car il s’agit de produits de première nécessité. Néanmoins, l’incertitude économique n’est pas de bon augure pour la demande globale des consommateurs.
La consommation d’aliments et de boissons non alcoolisées au Canada a commencé à augmenter en 2024. La consommation d’alcool, elle, poursuit son déclin (figure 1). En 2025, les consommateurs continueront à rechercher des produits alimentaires offrant un bon rapport qualité-prix et à surveiller leurs dépenses pour des produits de prestige ou discrétionnaires.
Figure 1 : Les dépenses en aliments et boissons non alcoolisées ont augmenté en 2024, tandis que la consommation d’alcool a de nouveau diminué

Source : Statistique Canada
Possibilités et défis en 2025
En 2024, tous les regards étaient tournés vers l’inflation. Même si l’inflation a ralenti, les prix poursuivent leur progression (quoique moins vite) et les consommateurs demeurent sous pression. Le prix a de toute évidence une influence sur les décisions d’achat d’aliments, mais les consommateurs accordent aussi de l’importance à d’autres caractéristiques. Les consommateurs recherchent des produits qui répondent à leurs attentes, que ce soit en raison d’un bienfait particulier pour la santé ou d ’un avantage qu’ils souhaitent obtenir.
Cette tendance se manifeste par le nombre croissant de consommateurs qui adoptent un régime alimentaire particulier, par exemple les aliments qui ont une teneur élevée en protéines, une faible teneur en sucre et en glucides, les aliments sans gluten, le régime végétalien, ou qui choisissent des caractéristiques particulières, comme les ingrédients traçables et les plats préparés.
Les fabricants d’aliments se préparent également à l’augmentation du nombre de consommateurs qui se tournent vers les produits pharmaceutiques pour gérer leur appétit, en particulier aux États-Unis. Selon une étude récente de Cornell et Numerator, dans les six mois suivant l’adoption du produit pharmaceutique, les ménages comptant au moins un utilisateur du GLP-1 ont réduit de 5,5 % les dépenses pour leur épicerie. Les résultats variaient selon les catégories, mais les produits transformés riches en calories ont été les plus durement touchés.
Enfin, la diversification de la population canadienne suscite un intérêt pour une plus grande variété de produits alimentaires et offre ainsi aux fabricants d’aliments et de boissons la possibilité de servir des segments de marché en pleine croissance. Les innovations qui émergeront dans le but d’exploiter les tendances en matière de préférences alimentaires, d’évolution démographique et d’intérêt pour la santé constitueront un moyen précieux de différencier un produit et de stimuler les ventes.
Nos prévisions pour 2025
Les Services économiques FAC prévoient que les ventes d’aliments et de boissons augmenteront de 0,6 % en 2025, passant de 167,8 milliards de dollars à 168,8 milliards de dollars. Le secteur reste confronté à un ajustement des volumes (c’est-à-dire des ventes ajustées en fonction de l’inflation) après deux années de forte croissance en 2021 et en 2022. Les volumes demeurent supérieurs à ceux de 2019, mais devraient chuter de 1,5 % en 2025. À l’horizon 2026, la tendance semble positive pour le secteur; en effet, on prévoit que les ventes progresseront de 2,7 % et que les volumes augmenteront de 0,6 % par rapport aux niveaux de 2025 (figure 2).
Figure 2 : Lente croissance pour le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons en 2025

Les ventes et les volumes totaux (en milliards de dollars) figurent sur l’axe vertical et sont indiqués par la hauteur de chaque barre. Le chiffre au-dessus de chaque barre représente la croissance sur 12 mois, en pourcentage. Les volumes correspondent aux ventes déflatées par un indice de prix (202001=100).
Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada
Les marges brutes pour le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons resteront inférieures à celles de 2019, mais les marges varieront d’un sous-secteur à l’autre. La baisse prévue des coûts des matières premières a compensé l’augmentation des coûts des salaires et des avantages sociaux dans le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons. Même si les pressions exercées sur le marché du travail continuent de s’atténuer, le vieillissement du bassin de main-d’œuvre canadien maintient la pression sur les salaires. Combinées à une légère hausse des ventes, les marges devraient à nouveau s’améliorer en 2025 (+5,8 %) et en 2026 (+4,0 %) (figure 3).
Figure 3 : Les marges brutes du secteur de la fabrication d’aliments et de boissons devraient augmenter en 2025 et en 2026

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC
Alors que le secteur des aliments et des boissons est confronté à plusieurs facteurs indépendants de sa volonté, la plus grande incertitude en ce début de 2025 est l’impact des perturbations commerciales sur les marges. Les perturbations commerciales qui ont un impact sur la circulation des aliments et des boissons sont susceptibles de faire diminuer les ventes et les exportations, d’augmenter les coûts et, en définitive, de réduire les marges. Les effets seront ressentis de manière disproportionnée par les entreprises dont les ventes dépendent fortement des exportations (figure 4) et par celles dont la situation financière est plus faible au début de l’année.
Figure 4 : La dépendance à l’égard du marché d’exportation des É.-U. varie d’un sous-secteur à l’autre

Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada
Dans ce contexte, les fabricants d’aliments et de boissons ont tout intérêt à se préparer aux défis à venir en renforçant leur bilan, en investissant dans les processus et l’équipement pour stimuler la productivité, en lançant des produits innovants, et en diversifiant leurs marchés en dehors des États-Unis.