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La diversité en agriculture – entretien avec Shane McLeod

17 févr. 2021

Photo par Angela Stearns Photography.

Shane McLeod, producteur agricole de l’Ontario, nous fait part de son expérience dans l’industrie agricole. Ex-citadin devenu propriétaire de ferme, il nous parle des occasions et des défis qui se sont présentés à lui au cours de sa transition.

Racontez‑nous votre enfance et votre cheminement en agriculture.

Je suis né et j’ai grandi à Toronto. Quand j’étais en troisième année, ma mère a épousé mon beau‑père, et nous avons déménagé à Caledonia, en Ontario. Ce fut un gros changement pour moi. Comme j’étais nerveux le premier jour à ma nouvelle école! Il a fallu environ une heure à ma mère pour me convaincre de descendre de voiture. J’étais effrayé. Ironiquement, c’est ce jour‑là que j’ai rencontré mon meilleur ami. Nous nous sommes serré la main à la récréation, et notre amitié dure toujours.

Mon beau‑père possède une petite ferme qui compte une centaine d’acres et une trentaine de vaches de boucherie, et c’est en l’aidant que j’ai été initié à l’agriculture. Puis, en cinquième année, j’ai obtenu mon premier emploi : aide à la ferme avicole de nos voisins. J’y bossais deux fois par semaine avant l’école.

Durant l’été de ma septième année, j’ai commencé à travailler dans une ferme laitière. Je considère que Ron, le propriétaire est pour moi bien plus qu’un mentor – il est un grand ami.

Chaque jour après l’école, je me rendais à la ferme de Ron pour traire les vaches. J’adorais ça. Alors, j’ai commencé à m’investir davantage et à assumer de plus en plus de responsabilités dans son exploitation laitière et de cultures commerciales. C’est ainsi que j’ai appris les ficelles du métier et que j’ai commencé à faire des heures supplémentaires avant l’école et le week‑end. À la ferme de Ron, j’ai joué plusieurs rôles différents et j’ai acquis une expérience pratique.

Comment êtes-vous devenu propriétaire d’entreprise?

Quand j’étais en onzième année, on m’a offert la possibilité de louer une parcelle de terre. L’offre m’intéressait, mais comme je venais de me procurer un camion neuf, je n’en avais pas les moyens. Je suis donc allé voir Ron et je lui ai dit que j’avais besoin d’argent. Il a littéralement déposé son sandwich, a saisi son carnet de chèques et m’a conduit chez le propriétaire pour verser la somme demandée! C’est comme ça que nous sommes devenus associés de ma première entreprise.

Quelle histoire! J’imagine que vous avez été confronté à certains défis.

Oui, être propriétaire d’entreprise, c’est s’exposer à des défis particuliers. Comme j’étais nouveau dans le monde des affaires, personne ne me connaissait, et les gens étaient un peu méfiants. J’ai dû recourir à l’aide de Ron plusieurs fois simplement pour avoir accès à des ressources.

Les flux de trésorerie ont certainement été l’un de mes plus gros problèmes. Je n’avais pas de liquidités, ni accès à des solutions de crédit intéressantes (j’ignorais l’existence de FAC à cette époque). J’ai donc acheté tout ce dont j’avais besoin à l’aide de cartes de crédit parce que c’était la seule façon que j’avais de faire avancer les choses. J’ai aussi eu du mal à me faire payer par certains clients, ce qui a eu des répercussions sur mes finances. En fin de compte, j’ai décidé d’investir dans des cultures agricoles, comme celles des haricots, qui me procureraient les rentrées de fonds les plus rapides. J’ai aussi fondé une entreprise de déneigement pour m’occuper durant les mois d’hiver.

Le fait de ne pas être issu du milieu agricole a aussi été un obstacle. Je pense que beaucoup de gens hésitaient à me consentir une location parce qu’ils ne me connaissaient pas. On me posait toujours un tas de questions sur ma famille et mon expérience. Leur méfiance venait aussi du fait que peu de Noirs louent des terres ou gèrent des fermes par ici; la plupart sont des travailleurs migrants.

Et comme je n’avais pas les moyens de verser les mises de fonds nécessaires, il était encore plus difficile pour eux de me faire confiance. Heureusement, je suis un fin négociateur et j’ai toujours trouvé un moyen de réunir les fonds nécessaires et de gagner leur confiance.

Un beau jour, j’ai commencé à examiner différentes options. Et c’est ainsi que je me suis retrouvé à pratiquer l’agriculture dans la réserve des Six Nations, près de chez moi. On y trouve des parcelles cultivables de bonne qualité.

Mon locateur et moi entretenons une excellente relation. Grâce à son soutien, je ne cesse de prendre de l’expansion. Environ 75 % de la terre que je cultive se trouve dans la réserve. Il y a maintenant deux employés à temps‑plein et quinze opérateurs de chasse‑neige saisonniers qui travaillent avec moi. Et je suis un chef d’entreprise plus avisé qu’auparavant. Je suis mieux outillé pour négocier et pour gérer mon argent. Il est important pour moi de tirer le meilleur parti de mes investissements, surtout depuis la naissance de ma fille.

Quels sont vos projets et vos espoirs pour l’avenir?

Après avoir essayé l’agriculture biologique cette année, je me suis rendu compte que je pouvais obtenir un meilleur rendement et un meilleur prix pour nos produits biologiques. Je veux donc convertir une plus grande partie de ma terre à la production biologique.

Je veux trouver des façons de mener mes activités plus efficacement en sachant comment optimiser chaque acre de terre. Je cherche à mettre en place un meilleur programme de distribution d’engrais en tirant parti de la cartographie. Il s’agit de travailler non pas plus dur, mais plus intelligemment, de tâcher d’obtenir des rendements élevés à mesure que ma terre s’agrandit.

Enfin, je veux développer mon entreprise de déneigement. Je pense que l’agriculture s’agence bien avec le déneigement parce que ces deux activités requièrent la même machinerie. De plus, cela me procure une deuxième source de revenu qui peut nous permettre d’assurer notre sécurité financière les années où la production agricole est décevante.

Parlez‑nous de votre expérience avec FAC?

Il y a tant de choses que j’ai pu faire grâce à FAC. C’est la seule institution financière qui a pris le temps d’écouter mes idées et de me donner une chance. Lorsque j’ai obtenu mon premier prêt, j’étais jeune, je n’avais aucune expérience en agriculture et j’étais loin d’avoir de l’argent pour une mise de fonds. FAC est vraiment la seule organisation qui comprend l’agriculture et qui veut aider les producteurs à réussir. J’ai tissé une relation formidable avec Kate Hamilton (ma directrice des relations d’affaires actuelle) et Jennifer Peart (mon ancienne directrice des relations d’affaires). Elles trouvent toujours une façon de m’aider à mettre mes projets en œuvre. Je crois sincèrement que sans FAC, je ne pratiquerais pas l’agriculture aujourd’hui.