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Le cycle de vie d’un sapin de Noël

1 déc. 2023

Il y a 400 ans, les premiers sapins faisaient leur entrée comme ornement de Noël en Allemagne. La tradition s’est ensuite répandue dans le reste de l’Europe. De notre côté de l’océan, c’est en 1781, à Sorel, au Québec, qu’un immigrant allemand a introduit cette coutume. Alors qu’historiquement, les sapins étaient coupés en forêt, c’est désormais seulement 2 % des récoltes qui se fait ainsi. En effet, 98 % des sapins de Noël produits en sol canadien sont cultivés en champ.

En 2021, selon le recensement de Statistique Canada, 1 364 producteurs d’arbres de Noël se partageaient 50 803 acres en culture au Canada (Figure 1). C’est en Ontario qu’on dénombrait le plus grand nombre de producteurs, suivi par la Colombie-Britannique et ensuite le Québec. Cependant, avec 19 169 acres en production, le Québec était au premier rang pour la superficie d’acres cultivés, principalement grâce aux régions de l’Estrie et de Chaudière-Appalaches. Leurs sols et leur climat sont particulièrement propices à la production de sapins, mais l’aspect traditionnel est aussi typique de la culture des familles de ces régions. De plus, la proximité avec nos voisins du Sud a facilité le développement pour l’exportation.

Figure 1

Figure 1 montrant la répartition des exploitations par province

Source : Recensement 2021, Statistique Canada

Les recettes monétaires agricoles des producteurs d’arbres de Noël canadiens se sont élevées à près de 163,5 millions de dollars en 2021. Plus de 2,4 millions d’arbres sont vendus sur le marché de l’exportation et proviennent principalement du Québec. Les États-Unis sont les principaux acheteurs, mais les sapins canadiens se retrouvent aussi au Panama, dans les Bermudes, etc. Pour chaque arbre que l’on coupe, il y en a au moins dix autres en croissance, permettant ainsi une récolte annuelle. Mais quelles sont donc les étapes de la culture des sapins de Noël?

Les semis

La production de sapins de Noël débute généralement par un semis en serre chez des serriculteurs spécialisés. Les plants prennent environ 2 à 3 ans pour atteindre la hauteur requise (30 à 40 cm). Certaines grosses exploitations font parfois des semis directement au champ. Les espèces fréquemment cultivées sont les sapins Fraser et baumiers. La teinte du sapin Fraser est légèrement plus bleutée. Ses branches sont robustes et il conserve ses aiguilles plus longtemps. Le sapin baumier est plus odorant, il tolère mieux les terrains humides et il est parfaitement adapté au climat du Québec et de l’Ontario. On retrouve aussi d’autres variétés comme le Canaan et le Cook, mais à moins grande échelle.

Image : Production en serre de transplants

La plantation

Les champs doivent être préparés au préalable. Il est important d’évaluer les besoins en drainage et en fertilisant. Il faut aussi faire un contrôle des mauvaises herbes et un travail de sol permettant d’installer la nouvelle plantation. Une planteuse mécanique peut être montée sur un tracteur pour transplanter les conifères. Elle crée un sillon et les plants y sont déposés. Il est aussi possible de travailler manuellement, comme lorsque l’on veut établir de nouveaux arbres dans une plantation mature qui sera récoltée l’année suivante ou au travers de souches. Les transplants peuvent être à racines nues ou en godet. L’opération a lieu tôt au printemps. En moyenne, on retrouve au moins 1 000 plants par acre. Un couvre-sol est ensuite implanté entre les rangs. Celui-ci permet de limiter la croissance de plants non désirables tout en réduisant l’érosion. Une étude réalisée pour le Christmas tree Council of Nova Scotia et publiée en 2022 rapportait qu’il en coûte environ 2 200 $ par acre pour établir une nouvelle plantation.

La croissance

La fin du printemps et l’été sont propices à l’apparition de ravageurs et de bons dépistages doivent être faits. Une application de fertilisant en un ou plusieurs passages peut aussi être recommandée. Le taillage est fait annuellement, après l’éclosion des bourgeons. Le but est d’obtenir la forme conique la plus régulière possible. L’opération s’étale sur tout l’été et permet une bonne croissance et un port bien garni. Ensuite, des rubans sont accrochés aux sapins pour les classer en catégorie selon leur forme. Ses rubans serviront de code lors de la coupe. Il faut aussi mentionner le suivi des inventaires qui doit être fait et qui peut s’avérer ardu. Des essais avec des drones ont d’ailleurs débuté pour dénombrer les arbres, mesurer leur hauteur et leur densité. L’utilisation de telles technologies pourrait également permettre le diagnostic et la résolution de problématiques liées aux maladies, à la fertilisation ou à la compaction des sols. Il faut de 10 à 14 ans pour amener un sapin à maturité.

Image : Plantation mature

La récolte et la mise en marché

La récolte des sapins matures est faite avant la mi-novembre. Ensuite, les sapins sont emballés sous filet, puis transportés dans un lieu ombragé et à l’abri du vent. Ils seront ultérieurement livrés dans différents points de vente ou dirigés vers l’exportation.

Image : sapins emballés prêts à être entreposés avant livraison

Une option différente de mise en marché gagne en popularité chez certains producteurs. Il s’agit de l’autocueillette. La coupe du sapin devient une activité familiale alors qu’il est possible de se promener sur le site et de choisir celui qui trônera dans notre maison. Il est ensuite coupé à l’ancienne. 

Depuis quelques années, il est question de baisse d’inventaire et de manque de sapins sur le marché. D’un côté, les ventes ont augmenté et de l’autre, le nombre de fermes est en déclin. Il y a eu un renouvellement plus faible des plantations et des arbres ont été affectés dans leur croissance par les aléas climatiques. Les jeunes plants ont de la difficulté à survivre aux gels printaniers, aux sécheresses et indépendamment de leur âge, les sapins tolèrent mal les vagues de chaleur en saison de croissance. Le surplus d’eau entraîne quant à lui des maladies racinaires. De plus, les baisses de chutes de neige en hiver combinées à de grands vents font sécher les arbres entraînant de la mortalité. Ces dernières années, toutes les provinces ont fait face à l’une ou l’autre de ces conditions. De plus, la faiblesse du dollar canadien a rendu très attrayantes les ventes à l’exportation. La disponibilité des sapins de Noël s’est donc retrouvée restreinte alors que la demande était forte. Par contre, les producteurs de sapins ne s’attendent pas à vivre une nouvelle pénurie cette année.

Image : Sapins atteints par le gel printanier. Photo courtoisie APANQ

Puisque Noël est à nos portes, voici de petites astuces pour améliorer la conservation de votre arbre. Tranchez un centimètre à la base du tronc pour enlever le bouchon de sève formé après la coupe. Il empêche l’arbre de s’abreuver. De plus, lors d’une acquisition hâtive, conservez le sapin à l’abri du soleil et du vent dans une chaudière d’eau, jusqu’au moment de le rentrer à l’intérieur. Après les Fêtes, il est possible de le mettre à l’extérieur, où il gardera sa couleur jusqu’au printemps, ou encore, la plupart des municipalités les recueillent pour en faire du paillis. Saviez-vous qu’il existe aussi des compagnies produisant des sapins en pot? Ceux-ci peuvent alors être plantés dans votre cour au printemps. Sinon, il est parfois possible de louer l’arbre pour le temps des Fêtes et le retourner ensuite…

Nous vous souhaitons à tous de Joyeuses Fêtes,

Judith Francoeur, agr., Spécialiste de données, FAC