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Comment conserver une bonne situation financière lorsque les taux d’intérêt grimpent

1 déc. 2021
5,5 min de lecture

La dette agricole canadienne a augmenté de façon stable puisque les exploitations ont investi considérablement dans les terres agricoles, les bâtiments et l’équipement afin d’améliorer leur productivité et leur efficience globales. La dette totale a augmenté de 42 % au cours des cinq dernières années, et elle s’est accrue de 5,8 % en 2020. Étant donné que la valeur des actifs a progressé de 4,6 % en moyenne à l’échelle nationale en 2020 (et de 26 % au cours des cinq dernières années), la dette a augmenté plus rapidement que la valeur des actifs.

Les faibles taux d’intérêt ont facilité une grande partie de ces investissements au cours des dix dernières années. Un contexte de taux d’intérêt à la hausse pourrait exercer une pression financière considérable sur une exploitation si celle‑ci n’est pas en mesure de s’adapter.

L’agriculture canadienne demeure dans une bonne situation financière

L’une des façons d’évaluer la santé financière de l’industrie agricole est d’examiner plusieurs ratios financiers. Le ratio d’endettement évalue la capacité d’une exploitation à respecter ses obligations financières à long terme et est obtenu en divisant le passif total du secteur agricole par l’actif total. En 2020, le ratio d’endettement de l’industrie agricole canadienne s’établissait à 0,17, ce qui indique que, pour chaque dollar d’actif, une proportion de 0,17 $ était financée par emprunt. Même si le ratio d’endettement a atteint son plus haut niveau depuis 2009, il se situe encore dans une fourchette acceptable.

Figure 1 : Le ratio d’endettement de l’industrie agricole canadienne ne cesse d’augmenter
Graphique montrant que le ratio d’endettement de l’industrie agricole canadienne ne cesse d’augmenter.

Source : Statistique Canada.

Il est important de noter que le portrait financier des fermes en particulier peut différer considérablement de celui de l’industrie en général. Plusieurs facteurs peuvent avoir une incidence sur le ratio d’endettement d’une exploitation. Les exploitations qui ont récemment obtenu un financement pour une expansion auront un ratio d’endettement beaucoup plus élevé. Il est important de surveiller votre ratio d’endettement parce qu’il offre la souplesse nécessaire à une entreprise pour emprunter un montant plus élevé si une possibilité d’investissement se présente ou si des problèmes de rentabilité surviennent.

La hausse des taux d’intérêt peut affaiblir la vigueur financière, mais jusqu’à quel point?

Les obligations au titre du remboursement de la dette risquent d’augmenter par moments lorsque le revenu est stable/diminue et/ou les taux d’intérêt augmentent. Les exploitations qui ont des dettes sous forme de lignes de crédit ou de prêts à taux variable verront en général leurs charges d’intérêt augmenter. Une façon d’évaluer la mesure dans laquelle une exploitation est apte à composer avec des hausses de taux d’intérêt est de calculer le ratio de couverture du service de la dette (RCSD = capacité à assurer le service de la dette/obligations au titre du service de la dette). On obtient ce ratio en divisant les revenus d’exploitation nets (ou le bénéfice avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements) d’une exploitation par ses paiements annuels du service de la dette. Ce ratio mesure les liquidités dont dispose une exploitation pour honorer ses obligations au titre du service de la dette au cours de cette même période.

Voici un exemple : une exploitation enregistre des revenus d’exploitation nets de 400 000 $ et a un prêt de 2 500 000 $ amorti sur dix ans. Si l’on suppose un taux d’intérêt de 3,45 % (taux préférentiel en vigueur plus 1 % à la fin de 2021), le RCSD s’établit à 1,35 (voir le tableau plus bas). Une hausse de 2 % du taux d’intérêt ferait diminuer le ratio à 1,23, ce qui indique une plus grande somme prélevée sur le revenu net.

Les taux d’intérêt ne sont pas la seule source de risque à prendre en considération. En effet, une diminution des revenus disponibles pour assurer le service de la dette aura une incidence sur la vitalité financière d’un producteur. Une réduction de 10 % des revenus d’exploitation nets, conjuguée à une hausse de taux d’intérêt de 2 %, porterait le RCSD à 1,11, ce qui indique une capacité de remboursement limitée.

Un RCSD inférieur à 1 indique que l’exploitation ne dispose pas des fonds suffisants pour honorer ses obligations au titre de la dette. À l’inverse, un RCSD supérieur à 1,25 laisse de la marge de manœuvre en cas de changement imprévu du contexte financier ou économique.

Incidence de l’augmentation des taux d’intérêt et de la diminution des revenus sur le ratio de couverture du service de la dette
Graphique montrant l’incidence de l’augmentation des taux d’intérêt et de la diminution des revenus sur le ratio de couverture du service de la dette.

Source : Statistique Canada.

Les producteurs n’ont aucune emprise sur l’évolution des taux d’intérêt, mais ils devraient se concentrer sur les décisions de gestion afin de pouvoir mieux affronter les fluctuations défavorables des taux d’intérêt ou du revenu. Ils devraient se concentrer sur les stratégies visant à maîtriser les coûts et à accroître les revenus et la productivité, et utiliser des outils comme la règle du 5 % pour essayer de réaliser de légères améliorations qui peuvent s’additionner rapidement.

Justin Shepherd

Économiste principal

Justin Shepherd est économiste principal à FAC. Lorsqu’il s’est joint à l’équipe en 2021, il se spécialisait dans la surveillance de la production agricole et l’analyse des tendances de l’offre et de la demande à l’échelle mondiale. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Justin participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Il a grandi dans une ferme mixte en Saskatchewan et il est toujours actif au sein de l’exploitation agricole familiale. Justin est titulaire d’une maîtrise en économie appliquée et gestion de l’Université Cornell, ainsi que d’un baccalauréat en agroentreprise de l’Université de la Saskatchewan.