Posez ces trois questions à vos enfants au sujet de votre testament
Avez-vous un testament pour votre entreprise agricole? Avez-vous consulté vos héritiers à ce sujet?*
Pourriez-vous, selon votre testament actuel, répartir vos biens entre vos héritiers?
Un testament actualisé est un important outil de gestion agricole. Il peut simplifier grandement le déroulement des activités de la ferme immédiatement après votre décès, tout en respectant vos dernières volontés et en tenant compte des complexités et des particularités de votre exploitation agricole. Il peut également refléter les souhaits des personnes qui font partie de votre succession et leur participation, ou non, dans l’exploitation.
Pour vous assurer que vos héritiers sont représentés et pour consolider le legs de l’exploitation familiale, il est essentiel de discuter avec votre famille en rédigeant ou en actualisant votre testament.
Voici trois questions à poser à vos héritiers pour entamer la conversation au sujet de votre testament :
1. Quelles sont vos attentes quant à votre héritage?
Demander à vos héritiers leurs attentes relativement à leur héritage ne signifie pas que vous devez satisfaire ces attentes. Vous leur demandez simplement leur opinion. Ne voyez pas leur avis comme une exigence. Ce qu’ils pensent ne change pas la dynamique du pouvoir au sein de la famille.
« L’objectif n’est pas d’accorder à vos enfants ou à vos héritiers une autorité sur votre testament, mais plutôt d’écouter leur point de vue », déclare Patti Durand, conseillère en entreprise de FAC. Certains héritiers sont prêts à répondre lorsqu’on leur demande ce qu’ils souhaitent recevoir en héritage, tandis que d’autres n’y ont jamais pensé.
« Quand j’ouvre cette discussion, j’espère que les héritiers se mettront à la place des parents et respecteront le fait qu’il s’agit d’une décision complexe », explique Mme Durand.
Les parents peuvent se contenter de confirmer ou d’infirmer les opinions de leurs héritiers et de déterminer si les attentes de ces derniers sont démesurées, trop modestes ou si elles se situent quelque part entre les deux.
« Il ne s’agit pas de provoquer une réaction émotive, mais plutôt de lancer une discussion ouverte sur un sujet complexe pour lequel il n’y a pas de réponse toute faite, dans un cadre qui évolue au fil du temps », explique Mme Durand.
2. Y a-t-il des objets précis qui vous tiennent à cœur et dont vous souhaiteriez hériter?
Misez sur la technologie pour aborder cette question.
Le fait de transmettre cette question par courriel aux héritiers avant d’en parler en personne avec chacun d’eux permet à ces derniers de réfléchir à ce qui compte pour eux. Cette approche est également utile dans les cas où un même objet irremplaçable pourrait être désiré par plusieurs héritiers.
Selon Mme Durand, être le premier à poser la question vous donne une longueur d’avance dans cette discussion. Soyez francs et directs : « Nous savons tous que vous voulez vraiment cette même chose, alors nous devons en parler. »
Faites suivre cette déclaration d’un autre commentaire direct : « En fait, c’est vous qui devrez trouver une solution, car nous ne serons pas là. »
C’est une déclaration percutante.
« On voit souvent le respect et l’honneur témoignés aux parents disparaître lorsqu’ils ne sont plus là », soutient Mme Durand.
Si vous pensez que la discussion entre les héritiers pourrait s’envenimer concernant un objet convoité, demandez l’aide d’un conseiller de confiance.
« Vous connaissez vos enfants. Si vous pensez que la discussion peut déraper, il peut être préférable de prévoir la présence d’un tiers », affirme Mme Durand.
Elle ajoute qu’il est préférable de commencer par des conversations en tête-à-tête entre un parent et un enfant, plutôt que par une grande réunion où plusieurs relations interpersonnelles créent une dynamique conflictuelle. Ainsi, chaque héritier aura la chance d’exprimer son point de vue.
3. Les actifs agricoles comme les terres et les équipements ont une valeur, sans toutefois être des liquidités. Que pensez-vous de la possibilité que votre frère ou votre sœur, qui continuera à exploiter la ferme, achète ces biens ou en hérite?
Ces biens sont rarement donnés, car ce sont des outils de travail essentiels au fonctionnement des exploitations agricoles.
En règle générale, dans le cadre d’un plan de relève agricole, ces actifs sont transmis à l’héritier, puis utilisés pour exploiter la ferme, ce qui génère des revenus et contribue à soutenir financièrement les parents retraités. Selon Mme Durand, les achats d’actifs financent au moins partiellement la retraite des parents, dans la plupart des transferts d’exploitations familiales.
« Mais les héritiers qui ne pratiquent pas l’agriculture comprennent-ils cette transaction? » demande Mme Durand, ou cette question causera-t-elle des frictions après le décès des parents?
Parlez aux héritiers et discutez du sujet en famille, en examinant la question du point de vue de toutes les personnes concernées avant de prendre une décision. L’accès aux actifs agricoles peut se faire par la location, la propriété ou une combinaison de plusieurs approches.
Après les questions
Après avoir discuté avec les héritiers et les avoir consultés, la décision revient ultimement aux parents, qui sont les auteurs de leur testament.
Mme Durand suggère aux agriculteurs de se demander s’ils pourraient, d’après la manière dont leur testament est actuellement rédigé, répartir les biens entre leurs héritiers.
Bien que les réponses à cette question soient variées et parfois compliquées, elles devraient susciter une réflexion immédiate. En règle générale, les testaments génériques ne conviennent pas dans le cas des exploitations agricoles actuelles en raison de leur complexité. Parler à la famille de manière ouverte et honnête, même si cela peut être difficile, vaut le coût pour assurer la viabilité de l’exploitation – voire des relations familiales.
*Lorsque vous serez prêts à rédiger votre testament, nous vous recommandons de demander conseil à un professionnel.
Article par : Trevor Bacque
Un testament joue un rôle important dans la protection de l’avenir de votre famille. Apprenez à connaître les différents éléments d’un testament, à choisir un exécuteur (liquidateur) ainsi que les renseignements à fournir à vos conseillers professionnels.