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Le travail invisible et les inégalités hommes-femmes en agriculture : un défi à surmonter

3,5 min de lecture

Les iniquités entre les hommes et les femmes en agriculture persistent malgré une augmentation du nombre de productrices rémunérées et détenant des parts sociales. Au Québec, plus du tiers d’entre elles s’investissent dans l’entreprise de leur conjoint sans compensation financière. Par ailleurs, les tâches accomplies par les hommes tendent à être davantage rétribuées que celles effectuées par leurs homologues féminines. Ce sont les agricultrices qui assument majoritairement les obligations ménagères et familiales, mais leur apport demeure largement sous-évalué.   

Un travail « invisible », mais essentiel  Les femmes se trouvent à jongler entre leurs responsabilités à la ferme et les charges domestiques, sans recevoir la reconnaissance et le soutien appropriés.

Ce concept, appelé « travail invisible », représente un défi majeur pour les femmes, qui se trouvent à jongler entre leurs responsabilités à la ferme et les charges domestiques, sans recevoir la reconnaissance et le soutien appropriés. Il est difficile de quantifier et de valoriser équitablement leur contribution en raison de la complexité et de la nature non linéaire de ce qu’elles exécutent chaque jour.  

Selon Katherine Rousseau, chargée de programme et directrice générale par intérim des Agricultrices du Québec (AQ), « en agriculture, il y a une confusion entre les sphères professionnelles et domestiques. La fusion de ces deux domaines tend à entremêler les tâches ménagères et les soins familiaux avec les responsabilités agricoles. Cette coexistence est vécue de manière différente en fonction du genre. »  

Le poids de la charge mentale  

Cette situation a des conséquences significatives sur la vie des agricultrices, les rendant plus vulnérables sur le plan légal et compromettant leur autonomie financière en cas d’événements imprévus tels que des accidents, des maladies, des séparations ou le décès de leur conjoint. De plus, la charge mentale associée à la gestion des tâches et des responsabilités quotidiennes pèse lourdement sur elles, ce qui réduit leur implication professionnelle au sein de leur entreprise. D’autres obstacles, comme la disponibilité limitée des services de garde et l’accès restreint aux ressources financières et aux opportunités de développement professionnel, entravent également leur épanouissement personnel et économique.   

Vers des pistes de solutions   

Face à cette réalité, des solutions individuelles et collectives peuvent être envisagées pour atténuer les disparités entre hommes et femmes.   

Des organismes gouvernementaux ainsi que des organisations féministes et agricoles telles que le Secrétariat à la condition féminine (SCF), l’Association féministe d’éducation et d’action sociale (AFEAS) et les AQ, s’investissent aussi dans la recherche de solutions. Des outils spécifiques en cours de développement pour évaluer le travail invisible permettent ainsi aux productrices de revendiquer une reconnaissance juste et une répartition équitable des rôles au sein des exploitations.   

Le Conseil du statut de la femme (CSF) a également formulé des recommandations dans un avis intitulé « Les femmes en agriculture : cultiver les possible », visant à promouvoir le milieu agricole, à faciliter l’accès aux terres disponibles et à prendre en compte les particularités de cette sphère d’activité dans les mesures d’accompagnement aux nouveaux parents. De plus, il insiste sur l’importance d’appuyer pleinement toutes les femmes aspirant à devenir des chefs d’entreprise, et dans ce contexte, l’initiative Dimension E, soutenue par FAC, offre des services personnalisés aux entrepreneures agricoles à travers le Canada.   

Établir un réseau de soutien  

Il est également primordial que les productrices favorisent leur reconnaissance en étant présentes dans divers environnements et espaces sociaux, en développant leur réseau, en acquérant de nouvelles compétences et en échangeant des services et des idées pratiques avec un cercle d’experts. De plus, il est essentiel qu’elles consultent des ressources et sollicitent l’aide de professionnels qualifiés pour renforcer leurs finances et faire valoir leurs droits. Un dialogue ouvert avec leur conjoint est également crucial pour harmoniser le travail et la vie familiale, en particulier en ce qui concerne la rémunération et le partage des responsabilités.  

Certaines initiatives viennent aussi soutenir le réseautage et le rapprochement entre agricultrices et ainsi créer des ponts entre les genres et les générations. Parmi celles-ci le balado intitulé Femmes de terre, femmes de tête, proposé par l’AQ, a justement consacré son tout premier épisode à « l’un des chevaux de bataille des agricultrices du Québec, soit le travail invisible et ses enjeux ».  

Un milieu plus égalitaire et inclusif  

Heureusement, les mentalités évoluent sur le terrain. De plus en plus de productrices accèdent de manière autonome à la terre et au capital, tandis que les nouvelles générations manifestent un intérêt croissant pour le partage des responsabilités, ainsi qu’un apport financier plus équitable.  

« Cette évolution est porteuse d’avantages à la fois pour les hommes et les femmes. Ces dernières peuvent ainsi concilier plus facilement leurs obligations professionnelles et familiales, tandis que leur conjoint peut s’investir davantage dans la vie domestique tout en contribuant à la réduction des inégalités de genre. Ces changements progressifs dans les attitudes et les comportements sont source d’encouragement et témoignent d’une avancée vers un milieu agricole plus égalitaire et inclusif. Dans cet environnement, les productrices et les producteurs travaillent en collaboration de manière juste et équitable pour assurer la prospérité et la durabilité des exploitations agricoles », conclut Mme Rousseau.  

Article par : Mélanie Lagacé

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