<img height="1" width="1" src="https://www.facebook.com/tr?id=806477592798641&ev=PageView&noscript=1"/>

Avantages et inconvénients des prêts à taux fixe et à taux variable dans un contexte de baisse de taux

22 mai 2024
6,5 min de lecture

L’été dernier, nous avons rédigé un billet de blogue analysant les coûts et les avantages d’un prêt à taux fixe ou à taux variable. La Banque du Canada (BdC) devant bientôt commencer à réduire ses taux d’intérêt, nous procédons à une nouvelle évaluation en tenant compte de la conjoncture économique actuelle et de différents scénarios prospectifs.   

Nos prêts hypothétiques  

Comme l’été dernier, nous prenons comme point de départ deux prêts hypothétiques, à savoir un à taux fixe et un à taux variable. Pour effectuer l’analyse, nous avons dû formuler des hypothèses communes aux deux prêts :   

  • Le montant de l’hypothèque est de 500 000 $ 

  • La durée des prêts est de cinq  ans (durée la plus fréquente des prêts de FAC, quel que soit le type de taux).  

  • L’amortissement est de 25 ans 

  • Les remboursements sont effectués mensuellement 

  • Les deux  prêts sont fermés 

  • Nous ne formulons aucune hypothèse quant à la solvabilité de chaque emprunteur 

  • Pour le prêt à taux variable, le taux d’emprunt est le taux préférentiel majoré de 1,0 % 

  • Pour le prêt à taux fixe, le taux d’emprunt correspond au rendement des obligations de cinq ans du gouvernement du Canada majoré de 2,5 % 

Nos hypothèses étant établies, nous pouvons examiner les flux de trésorerie selon différents scénarios.  

Nos différents scénarios économiques   

Pour notre prêt à taux fixe, nous utilisons un taux de 6,25 %. Cela suppose un rendement des obligations d’État à cinq ans de 3,75 % plus un écart de 2,5 %.  Pour notre prêt à taux variable, nous ne savons pas avec certitude quelle sera l’évolution des taux variables (plus précisément du taux de financement à un jour fixé par la BdC) au cours des cinq prochaines années. Nous nous appuyons ici sur Moody’s Analytics pour nous guider. Moody’s Analytics nous offre des prévisions concernant l’évolution du taux de financement à un jour, selon différents scénarios. Chaque scénario a une probabilité différente de se produire.   

  1. Scénario de base. Il s’agit du scénario le plus probable, selon Moody’s. Dans ce scénario, la BdC réduit le taux de financement à un jour trois fois en 2024 en raison du ralentissement de l’inflation et de la faible croissance du PIB.  

  2. Scénario optimiste. Dans ce scénario, les conflits géopolitiques actuels s’atténuent ou prennent fin, et l’économie voit son offre croître fortement. La croissance de l’offre compense les pressions inflationnistes, permettant ainsi à la BdC d’abaisser de nouveau le taux de financement à un jour dans la deuxième moitié de 2024 (bien qu’à un rythme plus graduel que dans le scénario de base).  

  3. Scénario pessimiste. Dans ce scénario, les conflits géopolitiques actuels s’aggravent. Le recul du commerce mondial porte un coup à l’économie canadienne, qui dépend des exportations. Le moral des consommateurs et des entreprises baisse, entraînant un ralentissement des pressions inflationnistes. La BdC commence à réduire ses taux presque immédiatement, car la perspective d’une récession est imminente. 

L’évolution du taux de financement à un jour dans le scénario de base et dans le scénario optimiste est semblable, bien que, là encore, le rythme des réductions soit plus graduel dans le scénario optimiste. Dans ces deux scénarios, à la mi-2026, la BdC cesse de réduire ses taux dès qu’ils atteignent 2,5 %. La situation est tout à fait différente dans le scénario pessimiste : le taux de financement à un jour est réduit de moitié d’ici la fin de 2024 (de 5,0 % à 2,5 %) et est encore abaissé en 2025 lorsque l’économie canadienne entre en récession. À mesure que l’économie se redresse, la BdC commence à augmenter le taux de financement à un jour. Les variations du taux de financement à un jour causent des fluctuations du taux préférentiel (figure 1).  

Figure 1 : Taux préférentiel prévu selon divers scénarios économiques 

Figure 1 montrant le taux préférentiel prévu selon divers scénarios économiques

Source : Moody’s Analytics

Nos résultats 

En ce qui concerne les paiements cumulés (totaux) sur la période de cinq ans, il y a peu de différence entre un prêt à taux fixe et un prêt à taux variable dans le scénario de base et le scénario optimiste. En revanche, dans le cas d’une baisse importante du taux de financement à un jour et du taux préférentiel pour compenser une récession, l’emprunteur économise près de 25 000 dollars en paiements s’il opte pour un prêt à taux variable. Non seulement le total des paiements est moins élevé, mais le capital remboursé est plus important dans le cas d’un scénario pessimiste.  

Figure 2 : Paiements cumulés (totaux) selon nos différents scénarios 

Figure 2. Paiements cumulés (totaux) selon nos différents scénarios

Valeurs arrondies au millier le plus proche par souci de simplicité.
Sources : Moody’s Analytics, Services économiques FAC

Scénario le plus défavorable 

Moody’s n’a qu’un seul scénario où le taux préférentiel augmente – le scénario de « stagflation ». Il s’agit d’un scénario dans lequel des pressions inflationnistes accrues et imprévues proviennent de plusieurs sources : les conflits géopolitiques s’intensifient, les contraintes de la chaîne d’approvisionnement réapparaissent, les licenciements et les pertes de productivité font grimper les coûts, et le prix du pétrole atteint des niveaux plus élevés. Alors que les pressions sur les prix augmentent l’inflation fondamentale, la BdC accroît les taux très rapidement, provoquant une récession.  

Figure 3 : Projections du taux préférentiel selon divers scénarios économiques, y compris le scénario de stagflation 

Figure 3. Projections du taux préférentiel selon différents scénarios économiques, y compris le scénario de stagflation

Source : Moody’s Analytics

Dans ce scénario, les paiements totaux sont supérieurs de 17 000 à 46 000 dollars à ceux de tous les autres scénarios. Il convient de noter que, dans ce scénario, le capital remboursé est plus élevé que dans le cas d’un prêt à taux fixe (de 2 000 $), mais cela est dû aux 20 000 $ de paiements supplémentaires sur la période de cinq ans; le capital remboursé est moins important que dans le cas des prêts à taux variable dans le scénario de base, ainsi que dans les scénarios optimiste et pessimiste.  

Figure 4 : Paiements cumulés (totaux) selon nos différents scénarios, y compris le scénario de stagflation 

Figure 4. Paiements cumulés (totaux) selon nos différents scénarios, y compris le scénario de stagflation

Valeurs arrondies au millier le plus proche par souci de simplicité.
Sources : Moody’s Analytics, Services économiques FAC

En conclusion 

L’analyse qui précède ne constitue pas un avis. Elle a pour but d’illustrer et de mettre en évidence le contexte unique des taux d’intérêt dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.  

Le scénario pessimiste pourrait se traduire par des économies au titre du service de la dette, mais nous ne tentons pas de prévoir comment les autres éléments ayant une incidence sur la rentabilité (l’offre, la demande, le commerce et les prix des produits agricoles de base) évolueraient dans ce scénario ou dans tout autre scénario. Encore une fois, le service de la dette n’est qu’une composante de l’ensemble de la rentabilité. Les Services économiques FAC ne voient pas le taux à un jour tomber en dessous de 2,5 % (le taux d’intérêt neutre estimé), à moins d’un événement de récession majeur comme celui décrit par Moody’s dans son scénario pessimiste. 

Il est extrêmement important de communiquer avec votre prêteur étant donné le très grand nombre de facteurs différents à prendre en compte lorsqu’il s’agit de choisir entre un taux fixe et un taux variable. Ces facteurs comprennent, entre autres, le moment des dépenses en immobilisations (prêts en cours de remboursement, moments où de nouvelles dépenses seront nécessaires), les caractéristiques du produit (y compris les limites et les frais de remboursement anticipé), les flux de trésorerie et la structure de la dette existante (dont le risque lié à la dette flottante existante), et la propension individuelle au risque. L’analyse de scénarios, comme nous l’avons fait ci-dessus, peut aider les exploitants à comprendre leur risque dans différents environnements économiques.  

Autres lectures et ressources sur les facteurs qui influencent les taux d’intérêt :

x.com/Graeme_Crosbie
Graeme Crosbie

Économiste principal

Graeme Crosbie est économiste principal à FAC. Ses domaines d’intérêt portent notamment sur l’analyse et les perspectives macroéconomiques et sur l’analyse et la surveillance de l’industrie agroalimentaire canadienne. Ayant grandi sur une ferme laitière dans le sud de la Saskatchewan, il formule à l’occasion des observations sur la santé de l’industrie laitière du Canada.

Graeme est employé à FAC depuis 2013 et a consacré la plus grande partie de ces années à la gestion du risque. Il détient une maîtrise en gestion avec spécialisation en économie financière de l’Université de Cardiff ainsi que le titre d’analyste financier agréé (CFA).