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Perspectives de 2026 pour le secteur bovin : Est-ce l’année où la taille du cheptel augmentera enfin?

3 déc. 2025
9 min de lecture
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Le resserrement de l’offre a fait grimper les prix des bovins à des niveaux record en 2025, et malgré les récentes corrections, le marché reste historiquement solide. La vigueur des prix, l’abondance des stocks d’aliments pour animaux et la baisse du coût des aliments pour animaux stimulent l’optimisme de l’industrie. Pourtant, la question la plus souvent posée est la suivante : pendant combien de temps les prix des bovins resteront-ils élevés et quand la reconstitution du cheptel aura-t-elle lieu? Dans ces perspectives, nous examinons où nous en sommes dans le cycle bovin, un indicateur important de la durée des prix élevés, et nous présentons nos prévisions de prix ainsi que les attentes pour le secteur en 2026 et par la suite.

Le cycle bovin : l’expansion et la contraction du cheptel et la relation avec les prix

Un cycle bovin complet dure généralement de 10 à 12 ans, passant de l’expansion à la contraction avant de recommencer, bien qu’il puisse être plus long ou plus court de quelques années. En période de contraction, la faible rentabilité incite les élevages à prendre des décisions prudentes et à freiner la croissance du cheptel, car le nombre de vaches réformées est supérieur au nombre de vaches remplacées. En phase d’expansion, l’amélioration des prix et de la rentabilité encourage les producteurs et productrices à conserver les génisses et à faire croître leurs troupeaux. Il est difficile de prévoir le moment des pics et des creux du cycle, car la durée de ces phases peut varier en fonction des tendances du marché et de la conjoncture économique. Des facteurs tels que la demande de bœuf, les coûts de production, la disponibilité des aliments pour animaux et les conditions des pâturages (par exemple la sécheresse) jouent un rôle important. Les derniers cycles bovins ont été plus longs et ont été fortement influencés par les conditions de sécheresse en Amérique du Nord (notamment en 2013) et les cygnes noirs comme l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) au cours de la période 2003‑2005.

Selon les cycles historiques du bétail (figure 1), le marché bovin devrait approcher de la fin de la phase de contraction, ce qui marque le creux du cycle et les premiers stades de la phase d’expansion. Selon les données sur les stocks de bovins du 1er juillet 2025, on observe déjà des signes précurseurs indiquant que le cheptel canadien pourrait avoir cessé de diminuer. Toutefois, les stocks de vaches aux États-Unis sont le principal moteur de l’ensemble des marchés des bovins. Les États-Unis n’ayant pas publié de données pour le 1er juillet 2024, nous ne savons pas si la reconstitution du cheptel a commencé au sud de la frontière. Selon les chiffres publiés par les États-Unis le 1er janvier 2025, le cheptel semble encore en phase de contraction.

Figure 1 : Cycle bovin en Amérique du Nord – relation entre les stocks de vaches et le prix du bétail d’engraissement

Figure illustrant la relation entre les stocks de vaches nord-américaines, le cycle bovin et les prix à terme des bovins d’engraissement aux États-Unis.

Sources : Statistique Canada, USDA, Services économiques FAC

Le nombre de vaches et de génisses destinées à l’abattage par rapport au nombre total de bovins abattus est un indicateur avancé d’une possible reconstitution. Les taux d’abattage combinés des vaches et des génisses doivent tomber en dessous d’environ 47 % du total des bovins abattus avant que le cheptel puisse à nouveau croître. Si nous avons constaté une diminution du nombre de génisses canadiennes destinées à l’abattage, les taux d’abattage aux États-Unis jusqu’en 2025 n’ont pas baissé suffisamment pour indiquer que le cheptel est actuellement en phase d’expansion (figure 2).

Figure 2 : Le cheptel bovin montre peu de signes d’expansion, les taux d’abattage de génisses et de vaches restant élevés aux États-Unis

Figure illustrant les abattages de génisses et de vaches en pourcentage des abattages au Canada et aux États-Unis pour la période de 2015 à 2025.

Sources : Canfax, USDA, Services économiques FAC

Cette tendance concernant l’abattage est cruciale, car elle influence directement la dynamique des prix du bétail, laquelle est étroitement liée aux niveaux des stocks du cheptel. Les prix à terme des bovins d’engraissement américains ont une forte corrélation négative (corrélation de -0,92) avec les niveaux de stocks de vaches en Amérique du Nord. Autrement dit, lorsque la taille du cheptel augmente, les prix ont tendance à baisser, et inversement. Historiquement, le prix du bétail atteint généralement un sommet au cours de la première année d’expansion du troupeau. Par la suite, les prix restent stables ou diminuent légèrement, et sont suivis de baisses plus importantes deux à trois ans après le début de la phase d’expansion.

Par exemple, en 2016, les prix des bovins ont chuté de 30 %, alors que le nombre de vaches a augmenté et que le marché s’attendait à un approvisionnement important en bœuf. Les prix sont ensuite restés généralement stables pendant plusieurs années. Compte tenu de cette tendance, les prix du bétail pourraient demeurer relativement élevés au moins jusqu’en 2027, voire même en 2028. Cela dit, des baisses à court terme sont possibles, d’autant plus que les prix ont été très élevés récemment.

Pour 2026, nos prévisions montrent que les prix des bovins s’assouplissent par rapport aux niveaux élevés observés en 2025, mais restent bien au-dessus de la moyenne quinquennale (tableau 1). Les prix des bovins d’engraissement (de 550 à 850 lb) devraient diminuer en 2026, après avoir atteint des sommets en 2025, tandis que les prix des bouvillons gras devraient également être plus faibles, mais rester plus proches des niveaux de l’an dernier.

Tableau 1 : Les prix du bétail devraient demeurer élevés en 2026

Prix du bétail

Prévisions 2026

Estimations 2025

Moyenne sur 5 ans

Bouvillon gras de l’Alberta ($/quintal)

280

295

220

Bouvillon de 550 lb de l’Alberta ($/quintal)

480

555

345

Bouvillon de 850 lb de l’Alberta ($/quintal)

390

430

285

Bouvillon gras de l’Ontario ($/quintal)

280

300

220

Bouvillon de 550 lb de l’Ontario ($/quintal)

435

515

320

Bouvillon de 850 lb de l’Ontario ($/quintal)

370

430

285

Sources : Statistique Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada, USDA, CanFax, CME Futures et calculs effectués par FAC

Les baisses de prix prévues en 2026 doivent être considérées en tenant compte des prix exceptionnellement élevés en 2025. Cela ne signifie pas nécessairement que les prix sont faibles, juste qu’ils diminuent par rapport au sommet de l’an dernier. Il faut se rappeler que les prix des bovins d’engraissement ont grimpé de 19 % entre juillet et octobre, peu après que les États-Unis aient à nouveau bloqué les importations de bétail mexicain. Depuis leur sommet, les prix ont chuté de 15 %, mais ils sont toujours supérieurs de 30 % à ceux de 2024. Plusieurs raisons expliquent la baisse récente des prix des bovins. L’une d’elles est que les marchés s’attendent à une possible réouverture de la frontière aux importations de bétail mexicain, bien qu’aucune confirmation officielle n’ait été donnée. De plus, les États-Unis ont récemment abaissé les tarifs douaniers sur les importations de bœuf du Brésil et bien que ces importations demeurent minimes par rapport à l’offre globale de bœuf des États-Unis, cela aura une certaine incidence sur le prix des bovins aux États-Unis. L’annonce récente de la fermeture d’une usine de conditionnement aux États-Unis et de la réduction à une seule équipe de travail dans une autre usine a entraîné une baisse des prix du bétail. En outre, les inquiétudes concernant la baisse de la demande des consommateurs et des consommatrices pèsent sur les prix. Les prix des bovins d’engraissement représentent la demande future de bœuf, tandis que les prix des bouvillons gras reflètent la demande actuelle. Dans l’ensemble, les prix diminuent par rapport aux sommets atteints en 2025, mais restent élevés par rapport aux moyennes à long terme, ce qui laisse présager le maintien de perspectives favorables pour 2026.

Même si les prix du bétail devraient diminuer en 2026, l’abondance des stocks d’aliments pour animaux continuera de soutenir la forte rentabilité des exploitations d’élevage-naissage. La baisse du coût des aliments pour animaux et une baisse plus importante des prix des veaux d’engraissement par rapport aux prix des bouvillons gras suggèrent que les parcs d’engraissement pourraient obtenir de meilleures marges l’année prochaine. En effet, en 2025, les prix élevés des veaux d’engraissement ont réduit les profits des parcs d’engraissement. Malgré les sommets atteints par les prix des bovins gras, ceux-ci n’ont pas augmenté aussi rapidement que les prix des bovins d’engraissement. Ainsi, l’année 2026 pourrait offrir de meilleures conditions aux parcs d’engraissement.

Même si les prix devaient baisser un peu en 2026, quelques facteurs clés pourraient les faire basculer d’un côté ou de l’autre et nous donner des indices que la phase de contraction du secteur bovin a atteint son plus bas niveau.

Tendances à surveiller en 2026

1. Niveaux de stocks des troupeaux nord-américains au 1er janvier et au 1er juillet

Peu de signes laissent croire que les stocks de vaches en Amérique du Nord connaîtront une expansion au début de l’année 2026. Néanmoins, les chiffres des cheptels américain et canadien du 1er janvier et du 1er juillet seront essentiels pour voir si une phase d’expansion a commencé et si elle se poursuit à la mi-année. Le rapport de janvier fournira le premier signal clair des intentions des producteurs et productrices, en particulier en ce qui concerne la rétention des génisses et le nombre de vaches. Si la reconstitution est en cours, les prévisions relatives à l’offre de bœuf pourraient augmenter et exercer une pression sur nos prévisions des prix présentées au tableau 1.

Le rapport de juillet confirmera si la tendance se maintient. Un cheptel plus important au milieu de l’année laisserait présager une augmentation de l’offre de bœuf d’ici la fin de l’année 2026 et le début de l’année 2027. Toutefois, si la contraction se poursuit, les prix pourraient encore une fois augmenter.

2. Réouverture de la frontière américaine aux importations de bétail mexicain

La réouverture potentielle de la frontière américaine aux importations de bétail mexicain est un facteur clé pour les prix des bovins d’engraissement qui reste à surveiller. Si les importations reprennent, l’offre supplémentaire pourrait faire baisser les prix. Si la frontière reste fermée, les prix du bétail d’engraissement pourraient augmenter.

3. Demande des consommateurs et des consommatrices

Une autre tendance à surveiller est la demande des consommateurs et des consommatrices. La demande de bœuf s’est bien maintenue malgré la hausse des prix, mais elle demeure un élément clé à surveiller, car l’évolution des préférences en matière de consommation et le remplacement par d’autres viandes sont susceptibles d’affecter le marché.

En conclusion

Le secteur bovin canadien s’apprête à connaître une nouvelle année de prix et de rentabilité élevés, grâce à un cheptel restreint et à une robuste demande. Si la fin de la phase de contraction du cycle bovin est presque terminée, nous ne prévoyons pas de reconstitution majeure du cheptel en 2026. Toute expansion sera probablement progressive, ce qui permettra de maintenir les prix à un niveau élevé au cours des prochaines années. Même si la reconstitution commence, le cheptel nord-américain demeure à son niveau le plus bas depuis des décennies, ce qui soutiendra les prix. Compte tenu des cycles bovins passés, les prix devraient rester élevés, bien au-dessus de la moyenne quinquennale, jusqu’en 2026 et même en 2027.

x.com/AndersonLeigh3

Leigh Anderson

Économiste principal

Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Ses domaines d’intervention comprennent l’analyse des marchés de l’équipement agricole et des intrants de culture. Ayant grandi dans une exploitation mixte de bovins et de céréales en Saskatchewan, il assure également un suivi des secteurs canadiens des céréales, des oléagineux et du bétail et fournit des perspectives à cet égard.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.