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Des stocks abondants et un meilleur état des secteurs de l’élevage stimulent la demande d’aliments pour animaux au Canada

8 oct. 2025
9,5 min de lecture
Du bétail est nourri avec des céréales pendant qu’il est au pâturage

Les régions du Canada ont connu, du point de vue des cultures et de la météo, des conditions différentes qui ont eu des incidences diverses sur la production végétale et fourragère cette année. La production végétale devrait être légèrement supérieure à celle de l’année dernière, tandis que la production fourragère devrait diminuer dans l’ensemble. La plupart des élevages de bovins s’adaptent à la baisse de production fourragère en optant pour des solutions de rechange. L’abondance de céréales fourragères et l’amélioration de la rentabilité des élevages devraient soutenir la vigueur de la demande et les ventes d’aliments pour animaux. Dans ce rapport, nous présentons les perspectives d’approvisionnement en aliments pour le bétail durant l’hiver et nous exposons les répercussions pour l’élevage et les aliments pour animaux commerciaux au Canada.

Production régionale d’aliments pour animaux et de fourrage

Certaines régions de l’Ouest canadien ont bénéficié de précipitations suffisantes et de températures chaudes, ce qui a augmenté le rendement des cultures, tandis que l’Est du Canada a connu un été chaud et sec, entraînant une baisse des rendements. Toutefois, les fortes pluies récentes dans l’Ouest canadien ont suscité des inquiétudes quant aux cultures non récoltées. Un grand nombre de cultures céréalières, en particulier le blé, pourraient être reclassées comme aliments pour animaux. Dans l’ensemble, malgré les différences régionales, la production végétale totale devrait tout de même augmenter légèrement.

Une hausse de la production végétale globale du Canada est prévue. Cependant, les conditions ont été inférieures à la moyenne pour le foin et les pâturages dans l’Ouest canadien cet été, puisque les précipitations sont arrivées trop tard pour favoriser une croissance importante du foin ou des pâturages. Toutefois, la récente pluie a apporté un répit aux zones touchées par la sécheresse dans les Prairies. L’humidité a contribué à prolonger la période de pâturage et pourrait continuer à soutenir la croissance du fourrage en fin de saison. L’Ontario et le Québec ont connu de bonnes premières coupes de foin, mais le temps frais et humide a affecté la qualité dans certaines régions. Dans les provinces de l’Atlantique, les conditions chaudes et sèches ont favorisé une meilleure progression de la fenaison en début de saison.

Le foin demeure le principal aliment d’hiver pour les bovins, mais le milieu agricole se tourne de plus en plus vers des solutions de rechange comme l’ensilage d’orge et de maïs, ainsi que le pâturage de maïs. Dans l’Est du Canada, les conditions de sécheresse ont amené certaines exploitations agricoles à récolter du maïs-grain plus tôt pour l’ensilage. La bonne nouvelle, c’est que les rendements d’ensilage étaient généralement élevés, ce qui augmente la disponibilité de céréales fourragères abordables pour l’alimentation d’hiver. L’accroissement de la superficie consacrée au blé d’hiver a également entraîné une hausse de la quantité de paille, ce qui en fait un aliment plus abordable à incorporer dans les rations à l’approche de l’hiver.

En ce qui concerne l’achat d’aliments pour animaux, il est important de noter que les marchés du foin sont très régionaux et dépendent de l’offre locale, de la demande, du marché des céréales fourragères et des coûts de transport. Toutefois, comme les rendements sont inférieurs à la moyenne, les prix du foin sont susceptibles de monter et de rester élevés jusqu’au printemps. Par exemple, on s’attend actuellement à ce que l’Alberta produise environ 15 % moins de foin que l’année dernière. Compte tenu de la relation historique entre les rendements et les prix (figure 1), les prix pourraient être légèrement plus élevés qu’en 2024 au début de la saison d’engraissement de l’hiver. La bonne nouvelle pour les élevages de bovins confrontés à une pénurie de fourrage, c’est que les prix du foin sont aussi influencés par le marché des céréales fourragères, notamment le maïs des États-Unis. Or l’USDA prévoit une récolte de maïs record, ce qui devrait garder les prix bas au Canada. La baisse des prix des céréales pourrait contribuer à contenir les hausses sur le marché du foin. La relation entre les prix et les rendements du foin affiche des tendances similaires dans d’autres provinces. 

Figure 1 : Forte corrélation entre les rendements et les prix du foin 

Diagramme de dispersion avec ligne de tendance illustrant la relation entre les prix et les rendements du foin selon les prévisions pour 2010 à 2025. 

Remarque : la moyenne des prix du foin est calculée de juillet à juin plutôt que sur l’année civile afin de coïncider avec la période de production de foin.

Sources : Gouvernement de l’Alberta, Statistique Canada, Services économiques FAC

Les suppléments alimentaires sont un outil précieux pour la gestion des fourrages et des céréales fourragères qui sont de faible qualité et lorsque la paille est utilisée dans les rations alimentaires des animaux. Le secteur des aliments pour animaux commerciaux représente une part importante de l’industrie de l’alimentation animale du Canada, et ses produits jouent un rôle majeur dans de nombreuses rations alimentaires du secteur de l’élevage.  

Les ventes d’aliments pour animaux commerciaux devraient monter au Canada 

Le secteur canadien de l’élevage est confronté depuis plusieurs années à des stocks restreints d’aliments pour animaux et à des prix élevés. Le fort coût des céréales fourragères a eu des effets néfastes sur les bénéfices des exploitations et des meuneries. En 2022, les ventes d’aliments pour animaux commerciaux ont atteint le chiffre record de 11,7 milliards de dollars en raison de la hausse des prix des céréales et des oléagineux. Les ventes ont diminué l’année dernière et devraient atteindre 11,2 milliards de dollars cette année, puis 11,9 milliards de dollars d’ici 2026 (figure 2). Toutefois, ces chiffres dépendent largement des prix des céréales fourragères, en particulier du maïs, et ils pourraient être revus à la baisse en cas de chute des prix. La croissance des ventes d’aliments pour animaux devrait s’observer surtout dans l’Ouest canadien, grâce à l’expansion du secteur avicole, tandis que les secteurs laitier et porcin devraient rester stables ou connaître une croissance lente. Les ventes d’aliments pour animaux commerciaux aux élevages dépendront non seulement de la demande globale d’aliments pour animaux, mais aussi de la nécessité d’ajouter des additifs et des suppléments pour améliorer la qualité des aliments de catégorie inférieure offerts dans les exploitations d’élevage-naissage et les parcs d’engraissement.   

Figure 2 : Les ventes d’aliments pour animaux commerciaux devraient augmenter au Canada 

Histogramme empilé montrant les ventes totales d’aliments pour animaux commerciaux dans les provinces de l’Est, de l’Ouest et de l’Atlantique de 2021 à 2025, ainsi que les prévisions pour 2025 et 2026.

Sources : Statistique Canada, Services économiques FAC

L’expansion du secteur avicole entraîne la croissance de la demande en aliments pour animaux 

La forte demande de la population canadienne pour le poulet et les œufs favorise cette croissance. La production de poulets à griller devrait monter en flèche au deuxième semestre, les récentes attributions de quota se trouvant en moyenne 7 % au-dessus de la base. Cependant, l’influenza aviaire demeure un risque majeur. Le secteur a produit moins que son quota au cours de la dernière année à cause d’une réduction des placements de poussins et d’éclosions de maladies. Malgré ces difficultés, les cibles de production de cette année sont nettement supérieures à la normale. La production de poules pondeuses a également connu une progression constante depuis l’an dernier. En juin, l’Ouest du Canada a connu une hausse de près de 14 % du nombre de poules pondeuses par rapport à la même période l’année dernière. Cette croissance s’explique en grande partie par le fait que la région se remet des répercussions de la grippe aviaire de l’année précédente. L’expansion du secteur avicole demeure une source croissante de débouchés pour le secteur des aliments pour animaux.  

La demande d’aliments pour animaux des secteurs laitier et porcin est stable  

Même si la taille du cheptel laitier reste inchangée, la production laitière a augmenté, en raison de la forte demande de produits laitiers. Les offices de commercialisation ont réagi en délivrant des quotas supplémentaires et des jours d’incitatifs pour stimuler l’offre, ce qui a contribué à améliorer la rentabilité du secteur laitier. La demande d’aliments pour animaux du secteur laitier devrait rester stable.  

Le secteur porcin canadien montre des signes de reprise après plusieurs années difficiles. Au 1er juillet, les stocks nationaux de porcs avaient légèrement diminué pour atteindre 13,8 millions de têtes, l’Est du Canada ayant connu une baisse plus marquée que l’Ouest. Malgré cela, la récente amélioration du prix des porcs et le recul des coûts des aliments pour animaux pourraient entraîner une croissance modeste du cheptel l’année prochaine. Les gains de productivité continus et la naissance d’un plus grand nombre de porcelets par truie pourraient également favoriser la croissance du cheptel au cours de l’année à venir. Par conséquent, la demande d’aliments pour animaux du secteur porcin pourrait s’élever si la taille des troupeaux augmente.

Le prix élevé des bovins et l’abondance des stocks d’aliments pour animaux favorisent la reconstitution du cheptel 

La publication des derniers chiffres nationaux sur les stocks de bovins montre qu’au 1er juillet, la taille du cheptel bovin s’était légèrement accrue pour la première fois depuis 2021. Le maintien de prix élevés pour le bétail, combiné à une baisse des coûts des aliments pour animaux, pourrait favoriser encore davantage la reconstitution du cheptel.   

En août, les placements dans les parcs d’engraissement étaient inférieurs de 12,2 % à ceux de l’année dernière, et il sera important de surveiller cette tendance alors que se termine la campagne automnale de vente de veaux. Si les placements dans les parcs d’engraissement continuent de diminuer, il pourrait s’agir d’un signe d’accroissement de la rétention des génisses. Il pourrait en résulter une diminution de la demande d’aliments à court terme dans les parcs d’engraissement, mais aussi une hausse de la consommation à la ferme maintenant et une montée possible de la demande d’aliments pour animaux dans les prochaines années. 

Les marges des parcs d’engraissement restent serrées, mais les céréales fourragères moins chères donnent un coup de pouce. La disponibilité des céréales fourragères et les prix records des bovins incitent les parcs d’engraissement à continuer à nourrir les bovins jusqu’à ce qu’ils atteignent des poids plus élevés, afin d’améliorer leur rentabilité (figure 3). La demande de céréales fourragères pourrait donc progresser.  

Figure 3 : Les parcs d’engraissement sont incités à nourrir les bovins jusqu’à ce qu’ils atteignent un poids plus élevé 

Graphique linéaire hebdomadaire illustrant la tendance du poids des carcasses de bouvillons, qui demeure supérieure à la moyenne sur cinq ans

Source : Services économiques FAC

En conclusion

L’abondance des aliments pour animaux et l’amélioration de la rentabilité dans les secteurs de l’élevage renforcent la confiance des entreprises productrices. Les prix du bétail ont atteint des sommets records, et des signes de reconstitution du cheptel commencent à apparaître. Les quotas de production laitière et de volaille augmentent également. Même le secteur porcin, qui a fait face à des difficultés, commence à se remettre sur les rails grâce à l’amélioration des prix. L’abondance des céréales fourragères, qui contribue à maintenir le coût des aliments à un niveau abordable, place les entreprises productrices dans une position favorable à l’approche de l’hiver. Comme la rentabilité des élevages de bétail reste forte, la demande d’aliments pour animaux devrait se maintenir. Les perspectives sont positives, du côté tant de l’élevage que des aliments pour animaux. Nous surveillerons la fin de la récolte nordaméricaine de céréales fourragères, ainsi que les nouvelles dans le secteur canadien de l’élevage. Nous communiquerons de l’information plus détaillée au début de l’année prochaine. 

x.com/AndersonLeigh3

Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.