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Perspectives de 2024 pour les secteurs bovin et porcin

24 janv. 2024
6 min de lecture

Malgré leur diminution récente, les prix des bovins de toutes les catégories, sauf les bouvillons de 850 lb de l’Ontario, devraient se stabiliser ou grimper légèrement d’une année à l’autre en 2024. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour ce secteur qui a vu les prix des bouvillons de 550 lb augmenter de plus de 37 % en 2023. Les prix des bouvillons gras de l’Est et de l’Ouest se maintiendront à leur moyenne de 2023 en 2024.

Les prix des porcelets sevrés devraient diminuer d’une année à l’autre, mais les prix des porcs d’engraissement et de marché au Manitoba demeureront aux niveaux moyens de 2023. Il y a de bonnes nouvelles dans l’Est, où les prix des porcs seront probablement plus élevés d’une année à l’autre.

Tableau 1 : Les prix du bétail devraient se stabiliser ou augmenter en 2024

Le tableau 1 indique les prix prévus des bouvillons de l’Alberta et de l’Ontario, ainsi que des porcs de marché et d’engraissement de l’Ontario et du Manitoba.

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, CanFax, CME Futures et calculs effectués par FAC

Étant donné que les prix des bovins sont généralement stables d’une année à l’autre, les marges du secteur de l’élevage-naissage devraient demeurer nettement supérieures à la moyenne sur cinq ans. Un facteur qui favorise la rentabilité cette année (contrairement à 2023) est la diminution des coûts de l’alimentation animale (tableau 2). Cependant, le rentabilité des parcs d’engraissement sera sans doute mise à l’épreuve en 2024, car les prix du foin demeurent élevés de façon persistante. Le prix du foin dans le sud de l’Alberta est actuellement deux fois plus élevé qu’il l’était en 2020.

Tableau 2 : Le coût des aliments pour animaux devrait diminuer

Le tableau 2 indique les prix prévus de l’orge fourragère de l’Alberta et du maïs de l’Ontario.

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, CanFax, CME Futures et calculs effectués par FAC

On prévoit que les marges des éleveurs de porcelets sevrés frôleront le seuil de rentabilité dans l’Est et que la pression réduite au Manitoba entraînera un léger accroissement de la rentabilité dans l’Ouest. Les exploitations de naissage-engraissage devraient constater une nette amélioration sur douze mois dans l’Est et dans l’Ouest.

Tendances à surveiller

Voici les principales tendances économiques susceptibles d’influer sur les exploitations d’élevage de bovins et de porcs en 2024 :

  • La disponibilité des aliments pour animaux

  • La demande mondiale et nationale de porc

  • Les coûts de l’accroissement du troupeau de bovins de boucherie canadien

Disponibilité des aliments pour animaux

Bien que les prix de l’orge et du maïs aient diminué d’une année à l’autre, atténuant la pression sur les marges du bétail, la disponibilité des aliments pour animaux sera une tendance à surveiller en 2024. Malgré leur diminution, les prix de l’orge sont encore nettement supérieurs à leur moyenne sur cinq ans (tableau 2). Les estimations concernant les prix du foin à l’échelle de l’Alberta indiquent une hausse constante en 2023 et en 2024 (figure 1), les conditions de sécheresse de l’année dernière ayant gravement entravé la production de luzerne.

Figure 1 : Peu de répit prévu pour les prix du foin de luzerne en 2024*

Ce graphique linéaire illustre la fourchette (élevée, moyenne et faible) des prix du foin de luzerne en Alberta entre 2018 et 2024.

Source : Agriculture Financial Services Corporation (AFSC)

*Moyenne annuelle de la première et de la deuxième coupes dans toutes les régions de l’Alberta.

Demande de porc

La Chine, plus important producteur, consommateur et importateur de porc au monde, n’affiche pas le même dynamisme qu’à l’habitude. Sa croissance économique a ralenti et sa population a diminué pour une troisième année consécutive en raison du faible taux de natalité. Les prévisions de l’USDA concernant les importations chinoises en 2024 indiquent une augmentation d’une année à l’autre, mais la consommation chinoise devrait diminuer de 2,4 % en glissement annuel; en effet, on s’attend à une baisse de la production intérieure (de l’ordre de 3 % d’une année à l’autre) en raison de la faiblesse des marges.

Les exportations des États-Unis vers la Chine devraient chuter d’une année à l’autre, tout comme les exportations canadiennes qui, en 2023, sont légèrement inférieures aux niveaux établis en 2017-2018 (figure 2) et avant que la fièvre porcine africaine ne décime l’industrie chinoise du porc et ne fasse bondir ses importations mondiales de manière considérable.

Figure 2 : Les exportations canadiennes de porc vers la Chine diminuent considérablement après la COVID

Ce graphique linéaire illustre les exportations canadiennes de porc frais, réfrigéré et congelé vers la Chine, vers d’autres marchés d’exportation et vers l’ensemble des marchés d’exportation entre 2014 et 2023.

Source : Données sur le commerce en direct

*de janvier à novembre

Le secteur porcin canadien a traversé plusieurs années difficiles et la tendance baissière à long terme de la demande contribue à faire baisser les prix. La compétitivité récente des prix au Canada contribue à stimuler la consommation chez nous, mais les marchés d’exportation plus importants ont dû, depuis le début de la pandémie, limiter leurs achats de viande rouge en raison de l’augmentation de leur propre production et de la détérioration des perspectives économiques mondiales.

Le coût de l’accroissement du troupeau de bovins de boucherie du Canada

Quels sont les facteurs propices à la reconstitution du troupeau? Les coûts des aliments pour animaux ont reculé par rapport à leurs sommets, ce qui est bénéfique. Toutefois, la disponibilité des aliments pour animaux risque de demeurer un problème sans un niveau d’humidité suffisant pour assurer la croissance du foin – ce que les conditions plus sèches attribuables à El Niño pourraient compromettre cet été. Les prix et les marges des éleveurs-naisseurs sont toujours élevés, ce qui devrait aussi aider les éleveurs à garder les génisses.

Or, l’accroissement du troupeau demande du temps et de l’argent. En supposant un taux de remplacement des vaches de 12 %, le coût devrait être supérieur à 300 $ par tête en 2024, selon le nombre de vaches pleines et de vaches réformées. En résumé, la rétention des animaux entraîne des coûts pour les éleveurs, et ce coût ne cesse de grimper depuis deux décennies (figure 3).

Figure 3 : Les coûts de remplacement du troupeau rendent-ils la croissance trop coûteuse?

Ce graphique linéaire illustre la tendance à la hausse des coûts de remplacement du troupeau entre 2000 et 2023.

Sources : Ministère de l’Agriculture du Manitoba, CanFax, Statistique Canada et calculs effectués par FAC

En théorie, les producteurs conserveraient les génisses, cesseraient de réduire leur troupeau et commenceraient à l’agrandir s’il y avait suffisamment d’incitatifs économiques. Mais ce qui pourrait en valoir la peine pourrait être supérieur à ce que les consommateurs sont prêts à payer pour du bœuf. La consommation nord-américaine a déjà chuté en raison de la hausse des prix du bœuf et il est fort probable qu’elle baissera davantage dans un contexte où les prix continuent d’augmenter afin de payer suffisamment les producteurs primaires et de soutenir leurs chaînes d’approvisionnement. La consommation de bœuf de la Chine est en croissance, mais cette demande porte sur le bœuf brésilien à bas prix.

De plus en plus, la hausse des coûts de l’accroissement du troupeau de bovins de boucherie du Canada risque d’accentuer la diminution du troupeau, en particulier pour les petits exploitants, et même pour les exploitants de taille moyenne. Les exploitations de plus grande taille s’en tireront mieux grâce à des économies d’échelle, et pourraient s’agrandir sous l’effet de la consolidation. Cela pourrait créer des conditions propices à la reconstitution des troupeaux, mais cela prendra du temps.

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.