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Mise à jour des perspectives de 2021 pour les secteurs des céréales, des oléagineux et des légumineuses : stocks restreints et demande incertaine

4 mai 2021
6,5 min de lecture

Cet article est la première mise à jour trimestrielle de nos perspectives de 2021 pour les grandes cultures publiées en février. Au cours des quatre prochaines semaines, nous mettrons à jour les perspectives pour les secteurs du lait, du bœuf et du porc et du poulet à griller.

Nos prévisions de prix ont généralement été revues à la hausse depuis février. Les prix moyens pour la récolte précédente demeurent inchangés ou devraient augmenter légèrement. Les prix de la nouvelle récolte pour toutes les cultures devraient demeurer supérieurs à leurs moyennes sur cinq ans. La vigueur des prix devrait soutenir des marges positives pour chaque culture pendant toute la période de prévision.

Tableau 1 : Les prix de la récolte précédente et de la nouvelle récolte continuent d’être supérieurs aux prévisions initiales

Graphique montrant que les prix de la récolte précédente et de la nouvelle récolte continuent d’être supérieurs aux prévisions initiales.

Source : Calculs de FAC.

L’offre limitée continue de faire les manchettes

En février, nous avons mentionné que la Chine et l’offre limitée allaient jouer un rôle important dans l’établissement des prix pour les légumineuses, le blé, le canola et le soya en 2021. Ces deux facteurs continuent d’exercer une forte influence, entraînant les céréales et le soya dans la remontée générale des prix des produits de base. La situation générale en mai se caractérise par une offre limitée et de l’incertitude générée par les fluctuations de la demande et la volatilité des prix.

Compte tenu de la récolte mondiale massive de 2020, le blé est devenu un aliment de base relativement abordable pour l’alimentation animale. Sous l’impulsion de la demande d’aliments pour animaux (et l’utilisation résiduelle) en Chine, la consommation prévue en 2021 à l’échelle mondiale devrait atteindre un record de 40 millions de tonnes. Les stocks de fin de campagne aux États-Unis continuent leur régression entamée en 2016-2017 tandis que les stocks mondiaux devraient s’amenuiser de 4,5 millions de tonnes par rapport au record atteint l’an dernier et se resserrer pour la plupart des grands exportateurs. Par surcroît, le dernier rapport sur les intentions d’ensemencement publié par l’USDA indique que les superficies ensemencées en blé seront très faibles cette année (la quatrième plus faible superficie depuis le début de la collecte de ces données en 1919). Ensemble, ces prévisions laissent entrevoir que les prix moyens à la ferme seront plus élevés qu’initialement prévu pendant toute l’année 2021. Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) prévoit que les acres de blé canadien diminueront de 6,9 % en glissement annuel, enregistrant un recul dans les trois provinces des Prairies.

L’appétit de la Chine en aliments pour animaux est un facteur déterminant des prix des cultures

La forte demande de légumineuses en provenance de la Chine continue de renforcer les marchés. Une augmentation considérable des superficies aux États-Unis pourrait rééquilibrer les stocks; toutefois, le marché semble quand même robuste. Au Canada, la superficie ensemencée de lentilles devrait reculer légèrement par rapport à la même période l’an dernier avec une baisse de 1,6 % en Saskatchewan, compensée par un gain de 9,0 % en Alberta. La superficie totale de pois secs devrait reculer de 9,8 % comparativement à la même période un an plus tôt.

Les stocks de maïs à la fin de la prochaine campagne pourraient être extrêmement faibles. Les achats de maïs en Asie au cours du premier trimestre de 2021 ont plus que quintuplé par rapport à la même période l’an dernier. Les prix du maïs au Brésil ont plus que doublé en 12 mois en raison de l’utilisation croissante de maïs destiné à l’alimentation animale, à l’exportation et à la production d’éthanol. La sécheresse qui sévit dans certaines régions du Brésil et qui nuit à leur deuxième récolte de maïs ainsi que celle qui est prévue dans certaines régions des États-Unis ont également contribué à stimuler les prix. Au Canada, les superficies de maïs devraient croître de 1,8 % par rapport à l’année précédente.

Les conditions semblent également mûres pour un resserrement du marché mondial du soya vers la fin de 2021. En mars 2021, les exportations de soya du Brésil étaient de 25 % supérieures au record atteint à la même période l’année dernière. Cela vient s’ajouter aux ensemencements de soya aux États-Unis qui pourraient être bien inférieurs aux prévisions initiales de l’USDA et aux attentes du marché. La demande record de la Chine (en anglais seulement) et la chute des stocks ont fait grimper les prix du soya depuis un an et pourraient les maintenir élevés. La vigueur du marché conjuguée à d’excellents rendements en 2020 ont favorisé l’augmentation des superficies canadiennes de soya qui devraient croître de 5,5 % par rapport à 2020, avec en tête le Manitoba qui devrait enregistrer un gain de 17,3 % pour atteindre 1,3 million d’acres en 2021.

La demande d’huiles continue de croître

À l’heure actuelle, la demande d’huile de soya détermine les prix du soya tandis que les prix de tourteau de soya pâtissent de l’épidémie de peste porcine africaine en Chine. Les importations de porc en Chine ont récemment monté en flèche tandis que les prix du porc local ont chuté étant donné que le marché est saturé de porcs abattus à cause de la peste porcine africaine. L’incertitude entourant la demande de tourteau de soya devrait normalement modérer les prix du soya, mais ils demeurent élevés (figure 1).

Figure 1 : Les prix des contrats à terme aux États-Unis montrent une dissociation rare entre les prix du soya et ceux du tourteau de soya

Graphique montrant que les prix des contrats à terme aux États-Unis montrent une dissociation rare entre les prix du soya et ceux du tourteau de soya.

Source : CME.

Les stocks mondiaux d’huile végétale sont actuellement limités en raison de l’accroissement de la demande d’énergie renouvelable et de biodiesel en Amérique du Sud et en Amérique du Nord ainsi que de la robustesse de la consommation humaine.

En réponse à la demande accrue d’huiles, le rapport 2021 d’AAC sur les intentions d’ensemencement prévoit un renversement de la tendance à la baisse des superficies de canola canadien en glissement annuel. La croissance totale de la superficie de canola devrait atteindre 3,6 % par rapport à la même période l’an dernier, menée par la Saskatchewan avec un gain de 4,4 % et l’Alberta avec un gain de 7,8 %. Quant aux stocks mondiaux de colza, ils devraient demeurer inchangés vu la faiblesse des stocks de début de campagne, et ce, malgré la hausse prévue de la production des quatre plus importants producteurs au monde.

Conditions météorologiques : le facteur qui est probablement le plus important à surveiller

Les conditions météorologiques pourraient être le facteur le plus déterminant lors de notre prochaine mise à jour trimestrielle. Lorsque les stocks sont limités, les marchés sont plus volatils. La nouvelle récolte pourra faire fluctuer les marchés d’un côté comme de l’autre. De nombreuses grandes régions productrices en Amériques du Nord, en Amérique du Sud, en Asie et en Europe peuvent influencer les prix que les producteurs canadiens recevront si leurs récoltes sont réduites en raison de conditions météorologiques défavorables. Nous nous attendons à ce que les conditions de sécheresse ou de temps sec perdurent dans les Prairies et aussi dans certaines parties du Midwest. Sur une note plus positive, un bref rapport météorologique laisse présager que les semis de maïs et de soya débuteront très tôt en Ontario.

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.