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Mise à jour des perspectives de 2021 pour le secteur des céréales, des oléagineux et des légumineuses : d’énormes déficits de production resserrent une offre déjà limitée

2 nov. 2021
8 min de lecture

Il s’agit de la dernière mise à jour trimestrielle de nos perspectives de 2021 pour les grandes cultures publiées en février. Nos perspectives annuelles pour le secteur laitier, les secteurs bovin et porcin et celui du poulet à griller seront mises à jour au cours des trois prochaines semaines.

Les prix de l’année commerciale (AC) 2021-2022 devraient être bien supérieurs à la moyenne quinquennale pour toutes les cultures (tableau 1). Nous nous attendons à ce qu’ils s’éloignent des sommets actuels, tout en demeurant élevés. Les faibles rendements de 2021 dans l’Ouest du Canada, combinés aux stocks déjà faibles et à une demande mondiale soutenue, stimulent les prix.

Tableau 1 : Prix des cultures de 2021-2022 ($/tonne) en hausse par rapport à l’année précédente et bien supérieurs à la moyenne quinquennale

Graphique montrant que les prix des cultures de 2021-2022 ($/tonne) sont en hausse par rapport à l’année précédente et bien supérieurs à la moyenne quinquennale.

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, PDQ, CanFax, CME, MGEX et ICE Futures, et calculs effectués par FAC.
Année commerciale du maïs et du soya : du 1er septembre au 31 août
Année commerciale du blé, du canola, de l’orge, des pois et des lentilles : du 1er août au 31 juillet

La production brésilienne de maïs et de soya, qui devrait atteindre un niveau record cet hiver, est peut-être la plus susceptible de faire baisser les prix. De bonnes récoltes permettraient de réduire la pression exercée sur les stocks actuellement faibles de ces deux cultures.

Entre-temps, l’offre mondiale limitée de céréales et d’oléagineux continue de stimuler les prix et la rentabilité. Dans l’Est du Canada, les rendements moyens supérieurs à la moyenne de la récolte de 2021 jumelés aux prix élevés des cultures devraient se traduire par des marges positives pour le reste de la campagne agricole. Dans l’Ouest, la sécheresse dévastatrice qui a réduit les rendements de plus de 40 % va faire pression sur la rentabilité. Néanmoins, les marges pour le canola, les lentilles rouges et le blé dur suivent une tendance positive, tandis que celles du blé de printemps pourraient tomber sous le seuil de rentabilité.

La hausse des coûts des intrants accentue la pression

Les prix des intrants agricoles, qui devraient continuer à augmenter tout au long de l’AC 2021-2022 et poursuivre leur ascension pendant l’AC 2022-2023 (tableau 2), augmentent la pression sur la rentabilité. La hausse fulgurante des prix du carburant devrait ralentir graduellement au cours de l’AC 2022-2023, mais les prix de l’essence mauve et du diesel seront plus élevés cette année — environ 31,3 % et 24,1 % respectivement — que la moyenne quinquennale la plus récente (de 2016-2017 à 2020-2021). En comparaison, entre cette campagne agricole et la prochaine, les prix des engrais devraient continuer à augmenter en suivant leur rythme actuel (ammoniac anhydre, urée et phosphate) ou pourraient bondir à nouveau après une pause (potasse).

Tableau 2 : Le taux de croissance des prix du carburant ralentit, mais se maintient pour les intrants

Graphique montrant que le taux de croissance des prix du carburant ralentit, mais se maintient pour les intrants.

Source : Alberta Farm Inputs, Banque mondiale, calculs de FAC
Moyenne sur +/- 5 ans est une moyenne glissante

Les producteurs canadiens ne sont pas les seuls à se trouver confrontés à la montée rapide des coûts. De nombreux facteurs sont responsables de ces hausses de prix dans le monde entier, notamment le ralentissement des exportations d’engrais de la Chine, sur laquelle pèse la menace d’une crise énergétique. Étant donné que la Chine fournit environ 30 % des exportations mondiales d’urée, de sulfate et de phosphate, et compte tenu de la crise énergétique qui sévit en Europe ainsi que des difficultés persistantes qui perturbent la chaîne d’approvisionnement mondiale, ce ralentissement a des répercussions sur les plans d’ensemencement de 2022. Des mesures à grande échelle visant à ensemencer davantage de cultures moins axées sur les engrais pourraient exercer une pression supplémentaire sur celles dont les stocks sont déjà restreints (par exemple, moins d’acres de maïs et plus d’acres de soya ou de légumineuses).

La forte demande mondiale continue d’épuiser les stocks

La demande mondiale demeure un point positif dans les perspectives. Or, la décevante récolte de 2021 étant désormais terminée, l’accent est mis sur les tendances en matière de consommation.

Blé

L’offre totale de blé canadien autre que le blé dur devrait ralentir, passant de 33,5 millions de tonnes métriques (MTM) en 2020 à 23,3 MTM en 2021. La production de blé (sauf le blé dur) a diminué de 36,5 % en 2020 par rapport à l’année précédente et de 31,0 % par rapport à la moyenne quinquennale. Avec des rendements qui devraient avoir diminué de 43,4 %, on prévoit une réduction de la production globale de blé dur du Canada de près de la moitié (46 %).

Si le déficit de production canadienne de blé autre que le blé dur s’avère en 2021, les stocks de fin de campagne devraient s’établir à 3 000 millions de tonnes pour l’AC 2021-2022, soit les plus bas jamais enregistrés (figure 1). Ce contexte explique la baisse prévue de 37,0 % des exportations canadiennes de blé autre que le blé dur cette année, due en grande partie à une offre limitée.

Figure 1 : Les stocks de fin de campagne du blé canadien devraient atteindre un creux historique en 2021-2022

Graphique montrant que les stocks de fin de campagne du blé canadien devraient atteindre un creux historique en 2021-2022.

Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0013-01 – Bilan des grains au Canada (x 1 000)
* Stocks d’ouverture plus importations

Les États-Unis ont suivi un schéma similaire par rapport à l’année précédente, c’est-à-dire une production de blé de printemps en baisse, une production de blé d’hiver en hausse de 24,0 % ainsi que des stocks de fin de campagne du blé qui devraient baisser de 31,3 %. Selon le dernier rapport WASDE (en anglais seulement), l’offre mondiale a légèrement reculé par rapport à l’année précédente et, compte tenu de l’augmentation de leur utilisation et du commerce, les stocks de fin de campagne de l’AC 2021-2022 sont estimés à 277,2 millions de tonnes.

Canola

La faiblesse des stocks reportés de canola au début de la campagne agricole de 2020-2021 a été accentuée à la fois par des exportations quasi historiques ainsi que des volumes de trituration record au Canada tout au long de l’année. Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) prévoit que la production de canola en 2021 atteindra son plus bas niveau des 13 dernières années et que les rendements seront les plus faibles depuis l’AC 2003-2004.

La forte baisse de production enregistrée en 2021 laisse entrevoir une baisse de 36,2 % de l’offre totale pour l’AC 2021-2022. Cette situation soulève des questions intéressantes sur les exportations par rapport à la consommation intérieure.

Le bilan prévisionnel de 2021-2022 du canola (figure 2) montre comment une combinaison de prix élevés et de marges de trituration du canola faibles ou négatives pourrait amener les triturateurs canadiens à en réduire la demande. La question est de savoir de combien. L’utilisation intérieure pourrait être plus forte que prévu dans la figure 2 si le prix moyen du canola en 2021-2022 reste inférieur aux prévisions du tableau 1 (ci-dessus).

Figure 2 : Les stocks de fin de campagne du canola canadien devraient atteindre un creux historique en 2021-2022

Graphique montrant que les stocks de fin de campagne du canola canadien devraient atteindre un creux historique en 2021-2022.

Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0013-01 Bilan des grains au Canada (x 1 000)
* Stocks d’ouverture plus importations

Le maïs et l’orge se neutralisent sur les marchés de grains fourragers

Malgré un gain de 10 % de la superficie ensemencée, les pertes de rendement de 38,2 % ont réduit la production d’orge prévue pour 2021 de 33,5 % par rapport à l’année précédente, et de 23 % par rapport à la moyenne quinquennale. Quant au maïs, l’histoire est faite de contradictions. En effet, malgré la réduction de la superficie récoltée, la production canadienne de maïs a tiré profit des conditions de croissance de l’Est et a augmenté de 6 % par rapport à l’année précédente pour atteindre un sommet historique. La disponibilité limitée des céréales fourragères dans l’Ouest a entraîné une augmentation considérable des importations de maïs dans la région et celle-ci, jumelée à la production, a généré une offre de maïs record. Or, même dans ces conditions, les stocks de fin de campagne du maïs canadien devraient afficher une baisse de 28 % en 2021-2022 par rapport à la moyenne quinquennale (figure 3).

Figure 3 : L’offre record de maïs prévue pour 2021-2022 au Canada sera engloutie par une consommation intérieure accrue

Graphique montrant que l’offre record de maïs prévue pour 2021-2022 au Canada sera engloutie par une consommation intérieure accrue.

Source : Statistique Canada, tableau 32-10-0013-01 Bilan des grains au Canada (x 1 000)
* Stocks d’ouverture plus importations

En conclusion

L’excellent soutien apporté aux prix par une demande mondiale vigoureuse et soutenue et les pressions continues exercées sur les stocks étayeront la rentabilité du secteur canadien des céréales et des oléagineux en cette fin d’année 2021. Toutefois, pour certains producteurs de l’Ouest du pays, une récolte désastreuse restreindra les possibilités offertes à ceux d’autres régions. Pour ne rien arranger, le spectre d’une hausse des coûts des intrants encore plus importante que celle que nous connaissons d’ores et déjà plane sur l’industrie, ce qui exigera une bonne planification commerciale et la mise en œuvre de stratégies d’atténuation des risques au cours de l’année prochaine.

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.