<img height="1" width="1" src="https://www.facebook.com/tr?id=806477592798641&ev=PageView&noscript=1"/>

Les terres agricoles demeurent peu abordables malgré la hausse des revenus et la faiblesse des taux d’intérêt

23 mars 2021
4,5 min de lecture

La demande de terres agricoles canadiennes est demeurée vigoureuse en 2020 en raison des taux d’intérêt historiquement bas et d’une amélioration des recettes tirées des cultures. Selon le rapport Valeur des terres agricoles de FAC, la valeur des terres agricoles a crû de 5,4 % en 2020.

La valeur moyenne des terres agricoles a grimpé tous les ans depuis 1993. Les augmentations ont été plus prononcées de 2011 à 2015. Depuis, le Canada connaît des taux de croissance plus modestes de moins de 10 %. Malgré la faiblesse des taux d’intérêt et la hausse des revenus agricoles en 2020, l’abordabilité était à son deuxième plus bas niveau en 20 ans.

Dans ce billet, nous analyserons les constatations du rapport de la valeur des terres agricoles sous l’angle des coûts de propriété.

Calculer le paiement annuel d’une terre agricole

La plupart des terres agricoles sont achetées avec des fonds propres et des fonds empruntés. Et l’abordabilité des terres agricoles dépend des prix des terres, des coûts de financement et des revenus agricoles.

Supposons qu’une nouvelle terre est payée avec une mise de fonds de 25 % et un prêt amorti sur 25 ans. Le paiement annuel dépendra du taux d’intérêt du prêt.

Pour déterminer le paiement annuel de la terre agricole, nous utiliserons le taux d’intérêt effectif hebdomadaire pour les entreprises (un taux d’emprunt moyen pondéré de divers taux d’intérêt bancaires et de taux d’intérêt des marchés), lequel était en moyenne de 2,7 % en 2020. La formule pour déterminer le paiement annuel d’une terre agricole est la suivante :

Paiement annuel d’une terre agricole
=
Prix d’achat de la terre [2,7 % ((1 + 2,7 %) ^25 ans)]
[(2,7 % + 1) ^25 ans-1]

La valeur des terres agricoles et le paiement annuel évoluent généralement au même rythme (figure 1), mais ils varient selon les fluctuations des taux d’intérêt. Malgré la hausse de la valeur des terres en 2020, les paiements ont diminué en raison de la baisse des taux d’intérêt. Le paiement annuel moyen à l’acre au Canada a chuté de 4,3 % pour s’établir à 142 $ l’acre, et ce, malgré l’appréciation de 5,4 % des terres agricoles.

Figure 1. Valeur moyenne des terres agricoles canadiennes comparée aux coûts de propriété

Graphique montrant la valeur moyenne des terres agricoles canadiennes comparée aux coûts de propriété.

Source : Calculs de FAC.

Mesurer l’abordabilité

L’une des façons de mesurer l’abordabilité consiste à comparer les paiements de terres par rapport aux recettes brutes tirées des cultures (figure 2). Nous avons utilisé les moyennes provinciales de rendement et de prix pour évaluer les recettes en supposant des rotations soya-maïs dans l’Est du Canada, canola-blé dans l’Ouest du Canada, et pomme de terre-blé dans les provinces de l’Atlantique.

Figure 2. Part des recettes des cultures qui est affectée aux paiements de terres moyens au Canada

Graphique montrant la part des recettes des cultures qui est affectée aux paiements de terres moyens au Canada.

Source : Calculs de FAC.

Les paiements de terres exprimés en pourcentage des recettes des cultures sont passés de 33 % en 2019 à 32 % en 2020 en raison de la hausse des recettes des cultures et de la baisse des taux d’intérêt. Cette mesure demeure légèrement supérieure à la moyenne de 29 % enregistrée de 2014 à 2020. La part moyenne des recettes des cultures qui est affectée aux paiements des terres était à son plus bas niveau de 2008 à 2014. Pendant cette période, la valeur des terres agricoles a progressé à un rythme des plus rapides, reflétant les bénéfices annuels élevés dans le secteur des céréales et des oléagineux. Dans les années qui ont suivi, les recettes des cultures se sont stabilisées et la valeur des terres a augmenté, ce qui a entraîné une baisse de l’abordabilité.

Ces tendances sont similaires dans toutes les provinces, mais la part des recettes des cultures qui est affectée aux paiements de terres varie considérablement. En Saskatchewan, la part des recettes des cultures (rotation canola-blé) qui est affectée aux paiements de terres moyens était approximativement de 18 % en 2020, en baisse par rapport à 2019 (19 %).

En Ontario, la part des recettes de cultures (rotation soya-maïs) qui est affectée aux paiements de terres moyens était beaucoup plus élevée, à 66 %, en 2020. L’agriculture ontarienne est diversifiée et les nombreux secteurs, y compris ceux de l’horticulture et de l’élevage, se livrent concurrence pour les terres agricoles. En outre, la valeur des terres agricoles varie considérablement d’une région à l’autre, allant de 2 000 $ l’acre dans le Nord de l’Ontario à 32 900 $ l’acre dans la région du Centre-Ouest. Les terres les plus chères doivent générer des revenus bruts de 4 200 $ l’acre afin que la part des recettes affectées aux paiements atteigne la moyenne nationale de 32 %.

Les ratios paiement/recettes élevés indiquent que, dans le contexte actuel, il est envisageable d’acheter des terres agricoles même si l’investissement générera des flux de trésorerie négatifs. Si tel est le cas, la capacité de « subventionner » l’achat avec d’autres sources de revenus ou d’autres terres devra être prise en considération dans la décision de l’acheteur.

Évolution prévue de la valeur des terres agricoles en 2021

La faiblesse des taux d’intérêt et les prix élevés des céréales et des oléagineux continueront de stimuler la demande en 2021. Et l’offre restreinte entraînera vraisemblablement une hausse de la valeur des terres agricoles.

Surveillez l’évolution des taux d’intérêt à mesure que l’économie se rétablit. Certains signes précurseurs d’une hausse des rendements des obligations à long terme sont présents. Il est essentiel de bien comprendre l’effet des différents scénarios de taux d’intérêt et de revenus agricoles sur les paiements de terres pour créer un bon plan de gestion du risque financier.

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.