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Aperçu de la situation macroéconomique du deuxième trimestre de 2023 : Force aujourd’hui, faiblesse demain

8 juin 2023
7 min de lecture

Des signes de tensions économiques et financières sont apparus à la mi-mars dans les secteurs bancaires aux États-Unis et en Suisse, ce qui a surpris les marchés financiers, fait baisser temporairement les courbes des taux et compliqué les perspectives économiques. Au Canada, la croissance du PIB au premier trimestre a montré une force inattendue, tandis que le taux d’inflation en avril a fait preuve d’une (malheureuse) persistance. Nous expliquons tout ce que cela signifie dans la Mise à jour de FAC sur l’économie et les marchés financiers de ce trimestre. 

La croissance économique a été étonnamment forte, mais quelques nuages sombres se profilent à l’horizon

La vigueur des dépenses de consommation a surpris les marchés, au vu du cycle de resserrement des taux d’intérêt le plus rapide et de la pire crise du coût de la vie depuis une génération. L’économie canadienne a progressé au premier trimestre à un taux annualisé de 3,1 %, en grande partie grâce à la vigueur des dépenses des ménages.

Les liquidités des consommateurs ont été gérées par une combinaison d’un endettement accru sur les cartes de crédit, d’une prolongation de la période d’amortissement des prêts hypothécaires à taux variable (selon la récente mise en garde de la Banque du Canada), d’une réduction de l’épargne accumulée pendant la pandémie et d’une meilleure croissance des salaires nominaux. La durée de cette tendance est un élément important à prendre en compte dans l’examen de la croissance future : si la rémunération des employés a continué à augmenter en 2023, le revenu disponible des ménages et le taux d’épargne des ménages ont tous deux diminué (ce dernier passant de 5,8 % à 2,9 % au cours du dernier trimestre). Les marchés du travail demeurent solides, mais en perte de vitesse. La dernière Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada indique que les entreprises sont moins préoccupées par les pénuries de main-d’œuvre qu’il y a six mois.

Comme mis en évidence au quatrième trimestre 2022, la courbe des taux reste extrêmement inversée, ce qui est souvent un signe précurseur de récession. En plus des attentes des entreprises en matière de ventes, telles qu’elles ressortent de l’Enquête sur les perspectives des entreprises, nous nous trouvons en terrain inconnu : aucun des deux indicateurs n’a été si négatif pendant aussi longtemps, y compris pendant la crise financière de 2008-2009 et la récession induite par la pandémie de 2020. Cela laisse présager un ralentissement économique; la seule question qui se pose est de savoir à quel moment surviendra ce ralentissement, et quelle en sera l’ampleur.

Figure 1. L’inversion de la courbe des taux d’intérêt et les prévisions de ventes des entreprises indiquent un ralentissement à venir

10 ans Tableau montrant l’inversion de la courbe des taux d’intérêt et les prévisions de ventes des entreprises indiquent un ralentissement à venir.

Sources : Statistique Canada et Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada

L’écart entre les obligations à 10 et à 2 ans du gouvernement du Canada est la différence entre le rendement de l’obligation à 10 ans et le rendement de l’obligation à 2 ans. Lorsqu’il est négatif, le rendement de l’obligation à 2 ans est supérieur à celui de l’obligation à 10 ans.

Services économiques FAC s’attend à ce que la croissance économique canadienne s’affaiblisse fortement après le fort regain du premier trimestre, les facteurs défavorables au commerce des États-Unis venant s’ajouter au coup porté à l’économie nationale par les effets retardés des précédentes hausses de taux d’intérêt de la Banque du Canada.

Figure 2. Services économiques FAC prévoit un affaiblissement de la croissance pour le reste de 2023

Graphique montrant services économiques FAC prévoit un affaiblissement de la croissance pour le reste de 2023.

Sources : Services économiques FAC, Bloomberg

La Banque du Canada fera-t-elle davantage pour lutter contre l’inflation?

Le 7 juin, la Banque du Canada a décidé de relever son taux d’intérêt à un jour de 25 points de base, le portant à 4,75 %. Les récentes publications de données robustes (y compris le PIB du premier trimestre et l’IPC d’avril) ont incité la BdC à agir. Bien que des hausses de taux supplémentaires soient possibles, il nous semble que le cycle de hausse des taux est sur le point d’atteindre un sommet – Services économiques FAC prévoit que le taux du financement à un jour restera à 4,75 % pour le reste de 2023.

Tableau 1. La Banque du Canada devrait laisser le taux du financement à un jour inchangé pour le reste de l’année

Tableau montrant la Banque du Canada devrait laisser le taux du financement à un jour inchangé pour le reste de l’année.

Sources : Services économiques FAC, Banque du Canada, Réserve fédérale

La Banque du Canada a constamment réitéré son engagement à contenir l’inflation à 2 %. Bien que le taux d’inflation d’avril en glissement annuel (4,4 %) ait été légèrement supérieur à celui de mars, certaines données suggèrent que l’inflation est sur la bonne voie.

Au cours des 17 derniers mois, l’inflation des denrées alimentaires a été plus élevée que l’inflation globale. En effet, avec une pondération de près de 16 % dans le calcul de l’IPC, l’inflation des denrées alimentaires a contribué au taux d’inflation global. Il existe un décalage d’environ huit mois entre les prix des denrées alimentaires et les prix de détail. L’inflation des prix de la fabrication des produits alimentaires a rapidement ralenti au cours des trois derniers mois, passant de 9,6 % à 4,2 %. L’inflation des prix des produits alimentaires de détail devrait s’atténuer à l’automne et au début de l’hiver, si cette relation historique se maintient et si les pressions à la baisse sur les prix de fabrication des produits alimentaires se poursuivent.

Figure 3. L’inflation des prix de la fabrication des produits alimentaires ralentit rapidement

Graphique montrant l’inflation des prix de la fabrication des produits alimentaires ralentit rapidement.

Source : Statistique Canada

Dans l’ensemble, nous prévoyons que l’inflation diminuera pour atteindre 3 % d’ici la fin de l’année et 2 % à la mi-2024.

Tableau 2. L’inflation globale devrait continuer à baisser en 2023

Tableau montrant l’inflation des prix de la fabrication des produits alimentaires ralentit rapidement.

Sources : Bloomberg, Statistique Canada, Services économiques FAC

Baisse des taux fixes fin 2023, début 2024

La crise bancaire aux États-Unis et en Europe a provoqué une grande incertitude économique, ce qui a incité les investisseurs réfractaires au risque à diriger leur argent vers des actifs moins risqués tels que les obligations d’État. Cela s’est produit à la mi-mars, lorsque la courbe des taux du gouvernement du Canada s’est déplacée vers le bas par rapport à ce qu’elle était avant la crise. Toutefois, lorsque la situation aux États-Unis a semblé se stabiliser et après la publication des chiffres de l’IPC d’avril, la courbe des taux s’est renversée pour se retrouver à peu près au niveau où elle se trouvait début mars.

Figure 4. Les rendements du gouvernement du Canada ont baissé en mars, mais sont revenus à la normale lorsque les craintes de faillite des banques se sont apaisées

Graphique montrant les rendements du gouvernement du Canada ont baissé en mars, mais sont revenus à la normale lorsque les craintes de faillite des banques se sont apaisées.

Source : Statistique Canada

Cela dit, la récente hausse sera de courte durée. Services économiques FAC s’attend à ce que les taux obligataires baissent tout au long de l’année – en particulier sur la portion à court terme de la courbe (par exemple, sur les échéances de deux ans ou moins) à mesure que la croissance et l’inflation ralentissent et que la Banque du Canada envisage de commencer à réduire son taux de financement à un jour en 2024.

Tableau 3. Les taux à long terme devraient diminuer au second semestre 2023

Tableau montrant Les taux à long terme devraient diminuer au second semestre 2023.

Sources : Statistique Canada (données historiques), consensus des grandes institutions financières (prévisions)

Taux de change et commentaires sur les marchés étrangers

USD par CAD

Malgré toutes les turbulences sur les marchés financiers – y compris un accord de dernière minute pour éviter un défaut de paiement du gouvernement américain – le dollar canadien est resté stable cette année. Nous nous attendons à ce que cette situation persiste jusqu’à la fin de 2023 et jusqu’en 2024.

EUR par CAD

En comparaison, nous prévoyons une certaine hausse du dollar canadien par rapport à l’euro dans la seconde moitié de 2023 et en 2024. L’Allemagne, la plus grande économie de la zone euro, est récemment entrée en récession technique. L’inflation a été plus tenace dans la zone euro qu’au Canada et la Banque centrale européenne (BCE) a été plus lente et moins énergique à relever son taux directeur que la Banque du Canada. 

Tableau 4. Le CAD devrait osciller entre 74 et 77 au cours des six prochains trimestres

Tableau montrant le CAD devrait osciller entre 74 et 77 au cours des six prochains trimestres.

Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada

x.com/Graeme_Crosbie
Graeme Crosbie

Économiste principal

Graeme Crosbie est économiste principal à FAC. Ses domaines d’intérêt portent notamment sur l’analyse et les perspectives macroéconomiques et sur l’analyse et la surveillance de l’industrie agroalimentaire canadienne. Ayant grandi sur une ferme laitière dans le sud de la Saskatchewan, il formule à l’occasion des observations sur la santé de l’industrie laitière du Canada.

Graeme est employé à FAC depuis 2013 et a consacré la plus grande partie de ces années à la gestion du risque. Il détient une maîtrise en gestion avec spécialisation en économie financière de l’Université de Cardiff ainsi que le titre d’analyste financier agréé (CFA).