Fabrication de boissons : Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2025

Les renseignements suivants proviennent du Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2025, qui met en lumière les défis et les occasions pour l’industrie agroalimentaire au Canada. Pour en savoir plus, consultez l’intégralité du rapport.
Les fabricants de boissons ont eu une année difficile en 2024, de nombreux consommateurs ayant réduit leurs dépenses discrétionnaires, tout en délaissant l’alcool au profit de boissons sans alcool ou peu alcoolisées. La croissance des ventes de boissons gazeuses en 2024 n’a pas compensé la pression à la baisse exercée par les ventes de boissons alcoolisées. Les ventes globales ont diminué de 1,7 % tandis que les volumes (c’est-à-dire les ventes ajustées en fonction de l’inflation) ont chuté de 7,0 % (figure 1). Les volumes ont chuté l’année dernière pour atteindre ceux de 2018, effaçant les gains réalisés pendant la pandémie.
Pour 2025, les Services économiques FAC prévoient une diminution des ventes (-2,5 %) et des volumes (-2,6 %). La baisse prévue s’explique par le renoncement soutenu aux boissons alcoolisées, en particulier la bière, et par un léger ralentissement des ventes de boissons non alcoolisées après quatre années de forte croissance.
Figure 1 : Les ventes du secteur de la fabrication de boissons devraient à nouveau baisser en 2025

Les ventes et les volumes totaux (en milliards de dollars) figurent sur l’axe vertical et sont indiqués par la hauteur de chaque barre. Le chiffre au-dessus de chaque barre représente la croissance sur 12 mois, en pourcentage. Les volumes correspondent aux ventes déflatées par un indice de prix (202001=100).
Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada
Dans un contexte de faiblesse des revenus, la baisse des coûts des matières premières devrait contribuer à stimuler les marges en 2025 (figure 2).
Figure 2 : Amélioration des marges grâce à la baisse du coût des matières premières

Sources : Services économiques FAC, Statistique Canada
L’impact des perturbations commerciales sur les exportations de boissons et les importations d’emballages constitue toutefois un risque majeur pour nos prévisions. Les exportations vers le marché américain représentent environ 10 % des ventes totales de boissons, ce qui est relativement peu par rapport à d’autres sous-secteurs de la fabrication d’aliments et de boissons. Cependant, tous les producteurs de boissons ne sont pas exposés de la même manière. Les distilleries, par exemple, sont les plus exposées aux perturbations commerciales, car les États-Unis représentent plus de la moitié de leurs ventes (figure 3).
Les fabricants de boissons pourraient aussi être confrontés à des coûts plus élevés des matières premières importées des États-Unis en cas de perturbations commerciales et, par conséquent, voir leurs marges diminuer. Il convient de noter que les coûts d’emballage (c’est-à-dire les contenants métalliques, les contenants en carton, les bouteilles en plastique et le verre) représentent environ 30 % des coûts des matières premières pour les fabricants de boissons; ils jouent donc un rôle important dans la détermination des marges.
Figure 3 : Exposition du secteur canadien de la fabrication de boissons au marché américain

Source : Statistique Canada
Veille du marché : boissons peu alcoolisées et boissons sans alcool
En raison des récentes pressions inflationnistes qui pèsent sur le budget des ménages et de l’importance croissante accordée à la santé et au bien-être, les ventes de boissons alcoolisées subissent un revers. En revanche, les boissons non alcoolisées, qui s’adressent à un public plus large et peuvent être vendues dans un plus grand nombre de lieux que l’alcool, font meilleure figure (figure 4).
Figure 4 : Les ventes au détail de boissons non alcoolisées dépassent les ventes d’alcool

Source : Statistique Canada
Les boissons énergisantes constituent un marché à surveiller de près. L’industrie des boissons caféinées se diversifie au-delà du café et du thé et adopte des saveurs et des ingrédients innovants. L’Enquête sur les dépenses des ménages réalisée tous les deux ans par Statistique Canada montre que les dépenses en boissons pour sportifs et en boissons énergisantes ont progressé de 50 % entre 2019 et 2021, dépassant la croissance de 19 % de la catégorie globale des boissons non alcoolisées.
Le marché des boissons est en pleine transformation, car les consommateurs explorent des options autres que les boissons alcoolisées traditionnelles. Ainsi, les offres de produits se multiplient : des produits innovants à base de cannabis, des boissons énergisantes, des eaux pétillantes, des boissons pour sportifs, ainsi que de la bière, du vin et des spiritueux désalcoolisés arrivent sur les tablettes des détaillants. En élargissant leurs gammes de produits et en exploitant les capacités de production existantes, les fabricants peuvent garder une longueur d’avance et s’adapter à l’évolution de la demande des consommateurs.
Autres tendances à suivre
La bière détient toujours la plus grande part des ventes d’alcool, suivie du vin, des spiritueux, des cidres et des panachés. Toutefois, les cidres, les panachés et d’autres boissons alcoolisées gagnent du terrain, grâce à la forte demande de boissons en canettes, offertes en petits formats et faibles en calories, qui contiennent des saveurs et des ingrédients attrayants.
La baisse de la productivité de la main-d’œuvre limite le potentiel de ce secteur, la croissance de la main-d’œuvre étant supérieure à celle de la production. Le secteur est caractérisé par un grand nombre de petites entreprises qui peuvent avoir de la difficulté à se développer ou à innover pour améliorer leur productivité. Il sera important pour ces entreprises de se concentrer sur la recherche de solutions pour gérer l’efficacité, élargir les possibilités de développement, et augmenter les pratiques innovantes en fonction de leur taille.
La vente d’alcool au Canada s’accompagne de nombreux défis, car les règles en matière de taxation, d’entreposage, d’expédition, d’étiquetage et de distribution varient d’une province à l’autre. L’accent mis sur les obstacles au commerce entre les provinces et territoires canadiens, en particulier pour l’alcool, sera renforcé par l’incertitude entourant les relations entre les États-Unis et le Canada.
Les conséquences de la forte gelée de 2024 qui a anéanti les vignes en Colombie-Britannique ne se feront pleinement sentir qu’au printemps. Les premières estimations montrent qu’environ 50 % des vignes au sol ont été mortellement touchées.
Il serait possible de servir le marché canadien du vin grâce à la production nationale en éliminant les contraintes réglementaires qui entravent le commerce intérieur.
Les ventes d’alcool subiront une pression supplémentaire en raison du ralentissement de la croissance démographique prévu à court terme. La consommation d’alcool ne cesse de diminuer depuis 2009, atteignant un plancher de 88,2 litres par personne en 2024, contre 107,3 litres en 2009.
La décision de l’Ontario de décentraliser la vente d’alcool dans la province rendra l’alcool plus accessible aux consommateurs; cependant, on ne sait pas exactement quel sera l’impact de cette décision sur les ventes, car la consommation d’alcool est en baisse soutenue. Cette décision se traduira aussi par un déplacement du point d’achat des boissons alcoolisées.