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Dresser une liste pour ceux qui nous sont chers

5,5 min de lecture

Depuis le décès de son mari, Maggie Van Camp encourage les autres à mettre de l’ordre dans leurs plans agricoles et personnels.

Pouvez-vous nous parler brièvement de votre situation personnelle et de ce qui s’est passé?

En 2013, mon mari, Brian Van Camp, est décédé dans un accident agricole mettant en cause une chargeuse, pendant qu’il épandait de la potasse. J’avais 46 ans, j’étais mère de trois adolescents et je possédais une ferme de 100 acres sur laquelle se trouve une grande et vieille maison de ferme. Nous avions 23 000 poulets dans le poulailler, ainsi que des actions dans l’exploitation laitière et de cultures commerciales de la famille de mon mari. Brian travaillait à temps plein à la ferme de sa famille, qui avait connu une expansion et était passée à 1 200 acres de champs de maïs, de blé, de soja et de haricots adzuki. La ferme exploite également environ 120 vaches laitières. Je travaillais à temps partiel comme rédactrice en chef adjointe du magazine Country Guide, et je formais depuis 21 ans un couple heureux avec mon mari.

Je crois que de nombreuses fermes ne tiennent toujours pas compte de la contribution de chacun au moment de souscrire une assurance-vie.

Soudainement, j’étais veuve, et toutes ces choses que nous avions la chance d’avoir, pour lesquelles nous avions travaillé si fort, sont devenues écrasantes. Je dis aux gens de ne pas sous-estimer leur peine et de ne pas surestimer leur capacité ou la capacité de leur famille à fonctionner lorsqu’un des membres décède ou a un accident.

Le fait d’avoir planifié nous a permis d’avoir du temps et des options. Beaucoup de femmes auraient cessé d’exploiter la ferme, et c’est un choix personnel. Pour ma part, il aurait été plus difficile de partir et d’abandonner le rêve que je partageais avec mon mari, celui d’exploiter une ferme.

Avez-vous eu du mal à trouver l’information et les contacts nécessaires après le décès de votre mari?

Depuis que nous avions acheté la ferme en 2000, je gérais la production de poulets, et je connaissais donc déjà la plupart des professionnels et des gens qui l’entretenaient.

Après le décès de mon mari, j’ai continué à effectuer les corvées. Il était important pour moi que les choses demeurent les plus normales possible, et les corvées me permettaient de passer du temps seule dont j’avais besoin pour pleurer.

À l’époque, contrairement à aujourd’hui, nous n’avions pas de procédures normalisées d’exploitation. En utilisant ces procédures le printemps dernier, j’ai embauché et formé un éleveur de poulets local pour qu’il gère notre poulailler afin que je puisse recommencer à travailler pour le magazine.

J’utilise encore la liste de contacts du téléphone cellulaire de Brian. D’ailleurs, assurez-vous qu’un employé de votre ferme connaît le mot de passe de votre téléphone cellulaire et de votre ordinateur. Lorsque mon fils est allé planter du maïs pour la première fois, l’une des principales difficultés qu’il a dû surmonter a été d’obtenir le mot de passe du GPS puisque seul Brian le connaissait.

À de nombreux égards, en particulier en ce qui concerne les entreprises, nous étions bien organisés. Nous avions un plan d’affaires et avions effectué une démarche de planification de la relève auprès de la famille de Brian.

Je suis très reconnaissante du soutien que nous avons eu de notre collectivité, de nos familles et de nos amis. Au début, le choc m’empêchait presque de réfléchir clairement.

Si c’était votre mari qui vous avait survécu, aurait-il été en possession de toute l’information pertinente?

Je crois que mon mari aurait eu de la difficulté à effectuer toutes les formalités administratives; ça m’a pris énormément de temps. En plus de modifier ses documents personnels (passeports, permis, etc.), j’étais son exécutrice testamentaire et j’effectuais le transfert de deux entreprises.

Il aurait eu besoin d’embaucher quelqu’un capable d’administrer la ferme et de s’occuper des corvées quotidiennes. Il aurait aussi eu besoin d’un cuisinier, d’une femme de ménage, d’un teneur de livres, d’un préposé à l’entretien paysager et d’un chauffeur de taxi pour nos enfants. Au fil de nos nombreuses années de mariage et de partenariat d’affaires, nous avions réparti les tâches afin d’être les plus efficaces possible.

Mon mari n’aurait pas connu le NIP de certains de nos comptes bancaires ni de mes comptes de courtage en ligne, y compris celui des REEE de nos enfants. Tout comme moi, il n’aurait pas connu par cœur toutes nos polices d’assurance.

Je crois que de nombreuses fermes ne tiennent toujours pas compte de la contribution de chacun au moment de souscrire une assurance-vie. Dès le début de notre carrière en agriculture, nous avons souscrit pour chacun de nous un montant égal d’assurance-vie temporaire.

Que conseillez-vous précisément aux familles qui exploitent une ferme?

Premièrement, tous les propriétaires de la ferme, même s’ils n’ont pas d’enfants, devraient avoir un testament comprenant une procuration. Ils devraient revoir ce testament aux cinq ans, et quelqu’un d’autre devrait savoir où se trouve une copie du testament.

Deuxièmement, quelqu’un d’autre – un conjoint, un enfant, un associé – devrait savoir qui s’occupe de l’entretien et du fonctionnement de la ferme.

Dans la mesure du possible, dans le cas des entreprises individuelles, les actifs devraient être détenus en propriété conjointe, et les comptes devraient être établis aux deux noms. En cas de décès de l’un des conjoints, il vaut mieux ne pas changer immédiatement le nom du titulaire du compte bancaire, puisque certains chèques seront établis au nom de la personne décédée. Chacun devrait posséder son compte bancaire personnel et sa propre carte de crédit.

Quelle que soit la structure commerciale de votre ferme, qu’il s’agisse d’une société par actions, d’une société de personnes ou d’une coentreprise, il faut rédiger un accord qui précise ce qui doit se passer en cas d’invalidité, de divorce, de différend ou de décès.

Le fait d’avoir un plan écrit a été une bénédiction après le décès de mon mari. Je ne peux pas imaginer à quel point le processus aurait été long et pénible sans une convention de rachat capitalisée et bien rédigée. Dressez votre liste par amour pour l’autre et mettez de l’ordre dans vos affaires. Et n’oubliez pas que quoi qu’il arrive dans la vie, il ne faut jamais renoncer au bonheur. 

Maggie Van Camp (@maggievancamp) est présidente-directrice générale de Redcrest Farms qui élève quelque 25 000 poulets à griller et exploite 80 acres de maïs, de blé et de soja près de Blackstock, en Ontario. Titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’agriculture de l’Université de Guelph, ancienne rédactrice en chef adjointe du magazine Country Guide, elle est maintenant chef nationale à l’élaboration de la pratique pour le secteur de l’agriculture à BDO Canada.

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