Une productrice avicole taille sa place dans une industrie à prédominance masculine
L’amour des animaux peut vous mener sur des chemins inattendus, comme le raconte Luce Bélanger, productrice de poulets de Saint-Gabriel-de-Valcartier, à une trentaine de kilomètres au nord de Québec, dans un épisode du balado La terre et la table de Savoir FAC.
Son intérêt pour les soins animaliers l’a incitée à s’inscrire au programme de Sciences animales du Collège Macdonald de l’Université McGill, où elle a rencontré celui qui deviendrait son mari, issu d’une famille de producteurs de volailles.
Après leurs études, leur mariage et leur retour à la ferme familiale, c’est elle qui a pris en charge l’exploitation.
Luce s’est imposée comme femme propriétaire d’entreprise dans un secteur à prédominance masculine. Elle explique que son point de vue de femme lui fait adopter une approche différente, souvent plus prudente, de son travail – et de la vie en général.
« C’est peut-être plus long, mais je finis par arriver à mes fins. Je fais tout moi-même. Je travaille comme une femme; je réfléchis sérieusement avant de me lancer. »
Luce ne fait aucun compromis lorsqu’il est question de son indépendance et de son statut de propriétaire d’entreprise, et elle refuse catégoriquement d’être étiquetée comme l’épouse ou la fille de l’agriculteur.
« Je suis moi, je suis mon entreprise. Elle est à mon nom. C’est moi qui la fais avancer. Mon conjoint m’aide, mais je ne suis pas "l’épouse de monsieur"... Je suis moi-même. »
Elle souligne que les femmes en agriculture – et les femmes entrepreneures en général – doivent s’appuyer sur leurs points forts, tout en connaissant et en respectant leurs limites.
Entourez-vous des bonnes personnes et n’hésitez pas à demander de l’aide.
« Entourez-vous des bonnes personnes, et n’hésitez pas à demander de l’aide, parce que ce n’est pas là un signe de faiblesse. Au contraire, je pense que c’est une force que d’accepter ses points faibles et d’aller chercher ce dont on a besoin. D’où l’importance de bien s’entourer. »
Luce se réjouit de voir toujours plus de femmes en agriculture : propriétaires de fermes, professionnelles comme vétérinaires, membres de conseils d’administration et autres. Elle croit fermement à la nécessité de jouer un rôle de premier plan dans son milieu d’affaires.
« Je pense qu’il est important d’apprendre, puis de se familiariser avec l’agriculture en général », dit-elle.
Luce s’implique aussi dans le milieu agricole en tant que membre de l’UPA, de l’association des éleveurs de volailles du Québec et des Producteurs de poulet du Canada. « Ce doit être une passion, dit-elle, parce qu’il faut y consacrer du temps. Mais le fait d’être dans les hauts rangs de ce genre d’organisations, qui sont aussi à prédominance masculine, est très gratifiant. »
« L’agriculture est un heureux mélange de gens très différents, mais qui se rejoignent tous d’une certaine façon. La compréhension de ce qui se passe dans d’autres sphères est le ciment de l’industrie agricole, et ce qui est fantastique, c’est qu’il y a toujours quelque chose à apprendre. »
Aujourd’hui, Luce remarque qu’un nombre croissant de femmes dirigent leur propre exploitation agricole. « Je pense que, petit à petit, nous taillons notre place. Dans mon cas, il a peut-être fallu un peu plus de temps que si j’avais été un homme, mais tôt ou tard, on finit par vous reconnaître comme entrepreneure. »
Pour en apprendre davantage sur Luce et son parcours de carrière, écoutez le balado La terre et la table de Savoir FAC.
Article par : Céline Normandin
Bobbi-Jo Foster et Jarrett Nelson apprennent à développer leur exploitation agricole respective et à accroître leur efficience pour atteindre le meilleur équilibre travail-vie.