Nouvelle garde, nouveaux horizons : le transfert non apparenté

Elles ne font pas partie du cercle familial ni de votre personnel, mais vous croyez que ces personnes sont les mieux placées pour préserver l’héritage de votre exploitation.
Le transfert de la ferme à quelqu’un qui n’est pas lié d’une quelconque manière à l’exploitation est une pratique rare. S’il n’y a pas d’enfants ou si ces derniers ne sont pas intéressés, un panneau de vente est généralement placé au bout du rang, et les enchères commencent.
Or, ce n’est pas toujours le cas. En effet, Joel Bokenfohr, conseiller en entreprise à FAC, a géré certaines de ces situations inusitées. « C’est une pratique peu courante en agriculture, mais très répandue dans d’autres secteurs », explique-t-il.
À une époque où le milieu agricole est confronté au défi double que représentent la rareté de la relève et les obstacles financiers auxquels se heurtent les jeunes générations qui se lancent en agriculture, il paraît clair que d’autres voies doivent être explorées.
Voici deux scénarios dont M. Bokenfohr a été témoin :
Des personnes passionnées ne faisant pas partie de la famille ou du personnel reprennent la ferme.
Une équipe de gestion externe est mise en place pour faire le pont entre les générations.
Envisager la relève autrement
Si le transfert de la ferme à des personnes passionnées qui ne font pas partie de la famille ou du personnel peut être profitable, le chemin à parcourir pour atteindre cet objectif, lui, peut être semé d’embûches.
M. Bokenfohr raconte que dans les cas qu’il a vus, l’héritage de la ferme était un facteur important. « La génération sortante recherche souvent des gens déterminés à prendre la relève et à protéger son héritage, à perpétuer ce qu’elle a passé sa vie à construire. »
La plus grande difficulté consiste alors à trouver la bonne personne. Parmi les pistes à explorer, citons les organismes agricoles locaux ou les programmes provinciaux d’appui à la relève agricole et de jumelage d’aspirants agriculteurs et d’aspirantes agricultrices avec des propriétaires d’exploitations. Il peut aussi être utile de s’adresser à des spécialistes en transfert d’entreprise agricole ou de se bâtir un réseau en assistant à des événements de l’industrie et en exploitant les médias sociaux.
L’une des clés, selon M. Bokenfohr, est de définir ses objectifs dès le départ, avec l’aide d’un professionnel ou d’une professionnelle au besoin. Quand une exploitation connaît une croissance considérable, le recours à une ou un gestionnaire externe peut apporter un regard neuf et aider à y voir clair. « On commence à voir émerger des ressources extérieures qui gèrent les entreprises et viennent réduire le fossé entre les parents et les enfants », explique M. Bokenfohr.
Une telle approche permet non seulement de s’assurer que l’exploitation est prise en charge entre les générations, mais aussi d’offrir une deuxième option dans les cas où les enfants ne veulent pas reprendre le flambeau.
Dans un cas pareil, le ou la gestionnaire acquière une expérience et une compréhension considérables des pratiques de gestion et d’intendance de l’exploitation, et devient la personne tout indiquée pour conclure un plan de transfert avec les cédants.
Planifier le transfert
Quand on prévoit un transfert à une personne extérieure au cercle familial, la première étape consiste à établir un plan de transfert de l’avoir des propriétaires.
Quand on prévoit un transfert à une personne extérieure au cercle familial, la première étape consiste à établir un plan de transfert de l’avoir des propriétaires.
Il peut s’agir d’un transfert progressif de la propriété par l’entremise d’un financement ou de réductions, ce qui permet à la nouvelle direction d’acquérir la propriété au fil du temps tout en veillant à ce que les besoins financiers de la famille soient satisfaits.
M. Bokenfohr ajoute que l’utilisation de l’avoir des propriétaires (terres, bâtiments ou quotas) peut aider le successeur ou la successeure à poursuivre les activités et à développer l’exploitation. Certaines exploitations offrent par exemple des options d’achat d’actions ou des rôles de gestion afin d’inciter les personnes intéressées à reprendre la direction sans leur transférer immédiatement la pleine propriété.
Dans tous les cas, quelle que soit la voie choisie, les propriétaires doivent se doter d’un plan financier qui détaille leurs besoins à la retraite. En plus de faciliter le transfert de l’exploitation, elles et ils s’assurent ainsi d’être en mesure d’assumer le coût de la vie.
Réunir tous les éléments
La succession est un exercice qui peut s’avérer délicat, et le transfert non apparenté ajoute une couche supplémentaire à une question déjà complexe.
Alors, pourquoi ne pas simplement vendre la ferme et passer à autre chose?
Il se peut que vous ayez envie de voir votre entreprise transmise à une personne en qui vous avez confiance, et de savoir que votre héritage perdurera. Tout dépend de vos objectifs. Vous tenez à protéger l’héritage de votre exploitation? Le transfert peut être facilité si vous planifiez demeurer en poste quelques années afin que la personne qui reprend le flambeau puisse s’appuyer sur votre expérience et bénéficier d’une aide supplémentaire à la ferme, au besoin.
Si vous choisissez d’emprunter cette voie :
Dotez-vous d’un plan avant même de commencer à chercher une relève
Faites appel à un professionnel ou à une professionnelle pour simplifier ce processus
Prenez votre temps. Assurez-vous de trouver la bonne personne
Utilisez vos capitaux propres pour faciliter le transfert et contribuer au maintien des activités et au développement de l’entreprise.
Assurez-vous d’être en mesure de répondre à vos besoins financiers une fois le transfert effectué
En prenant de telles dispositions, il est possible de trouver un équilibre entre vos besoins financiers et ceux de la personne qui vous succédera, tout en assurant la pérennité de l’exploitation et de votre héritage.
D’après un article de l’AgriSuccès par Craig Lester.