Voilà pourquoi les exploitants agricoles doivent surveiller les tendances du secteur de la vente au détail d’aliments
Au Canada, les préférences alimentaires évoluent. Selon les données des recensements de 2006 et 2016, les changements démographiques et une diversité accrue révolutionnent la façon dont nous mangeons et ce que nous achetons.
Les préférences alimentaires changent au Canada. Qu’est-ce que cela signifie pour notre secteur des protéines?
En 2016, les Canadiens nés à l’étranger représentaient 21,9 % de la population comparé à 19,8 % en 2006. Le recensement de 2016 faisait état de plus de 250 origines ethniques comparé à 200 en 2006. La population canadienne est également vieillissante. En 2006, 13,2 % de la population avait au moins 65 ans comparé à 16,5 % en 2016.
Ce que cela signifie pour les producteurs de viande rouge
Plusieurs facteurs socioéconomiques ont une incidence sur la demande de protéines de viande : le mode de vie, la situation géographique, les préférences, les restrictions alimentaires, etc.
Depuis les 20 dernières années, la consommation de viande rouge par personne est à la baisse. Entre 1998 et 2017, la consommation de bœuf et de porc par personne a diminué de 21 et 26 % respectivement, alors que la consommation de poulet a augmenté de 26 %.
Le prix et le revenu restent quand même les principaux facteurs qui influent sur les décisions par rapport aux aliments qu’on achète. Ces facteurs ont récemment été à l’origine du soutien de la demande de porc, de bœuf et de poulet. Il est important de bien comprendre les principaux moteurs de la consommation alimentaire pour comprendre les tendances des prix à la ferme.
Par exemple, les prix moins élevés du bœuf vendu au détail entraînent généralement un fléchissement de la consommation de porc, ce qui peut mener au ralentissement de la demande de porc et, par conséquent, à la baisse des prix des porcs.
Les prix des bovins et des porcs évoluent généralement en parallèle, ce qui équilibre l’offre et la demande de viande et d’animaux vivants. En 2014, quand les prix de détail du bœuf et du porc ont grimpé de 13,6 et 12,7 % respectivement, la consommation des deux viandes a diminué parce que les consommateurs se sont tournés vers des protéines de viande plus abordables. En 2015, quand les prix du bœuf ont encore augmenté de 15 %, certains consommateurs ont choisi le porc et le poulet — c’est ce qu’on appelle le phénomène de substitution.
Les prix de détail devraient fléchir
La tendance à la baisse des prix de détail du bœuf et du porc observée depuis bientôt trois ans a entraîné une légère augmentation de la consommation par personne. La concurrence dans le secteur de la vente au détail de viande devrait s’intensifier à court terme en raison du fléchissement des prix nord-américains de la viande rouge occasionné par les tensions commerciales mondiales et l’accroissement de la production.
L’accroissement escompté de l’offre de bovins et de porcs sur le marché américain devrait ralentir l’augmentation des prix des produits alimentaires et de la viande. On prévoit que la croissance de la production porcine des États-Unis atteindra 4,3 % et 4,5 % en 2018 et en 2019, soit la croissance annuelle la plus forte. Les tensions commerciales américaines ont mis à mal les exportations à destination du Mexique et de la Chine, ce qui a ralenti la demande et fait baisser les prix des porcs américains. On s’attend à ce que les prix à la baisse entretiennent une vive concurrence dans le secteur de la vente au détail. Au Canada, l’industrie de la viande rouge étant étroitement intégrée au marché américain, cela signifie qu’il s’agit d’un marché nord-américain et que les prix canadiens dépendent largement de ce qui se passe au sud de la frontière.
Croissance de la production de viande aux É.-U.
Cependant, la consommation canadienne devrait être assez soutenue en raison de l’allégement limité des prix de détail, de l’accroissement des revenus disponibles grâce à l’augmentation marquée des salaires, et du faible taux de chômage. La réaction des consommateurs face aux prix de détail concurrentiels et à la baisse des trois principales protéines sera importante pour soutenir les prix à la production, ces derniers étant affaiblis, et pour stimuler la consommation générale de viande. Les préférences alimentaires favorisent la viande rouge et peuvent empêcher les prix de baisser davantage.
Malgré un long déclin de la consommation de viande rouge à l’échelle du pays et les difficultés économiques actuelles touchant la production porcine, les perspectives à long terme sont favorables pour le secteur canadien de la viande rouge. C’est parce que la demande de viande rouge devrait s’accroître, tant au pays qu’à l’étranger. Le marché des exportations représente environ 47 et 60 % de la production nationale de bœuf et de porc, ce qui signifie que les exportations vont rester très importantes. Le secteur de la viande rouge est également concurrentiel sur les marchés étrangers, où les consommateurs sont peut-être prêts à payer plus cher, et les exportations accrues dénotent une forte demande de bœuf et de porc.
Le prix est l’un des facteurs qui permet de comprendre la consommation et la demande de viande. La population canadienne continue d’évoluer et de se diversifier, et cela a un impact sur ses préférences alimentaires. L’intérêt du consommateur pour les protéines d’origine végétale grandit et devrait faire de plus en plus concurrence aux autres protéines dans l’avenir.
Économiste principal
Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.
Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.