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Le virage commercial de 12 milliards de dollars : Le Canada a l’occasion d’exporter ses aliments ailleurs qu’aux États-Unis

22 sept. 2025
18 min de lecture

L’industrie agricole et agroalimentaire canadienne est un acteur clé du commerce mondial, réputé pour la grande qualité et la durabilité de ses produits alimentaires. Nos relations étroites avec les États-Unis, avec lesquels nous partageons la plus grande frontière commune au monde, ont été un moteur important de l’expansion de nos flux commerciaux. Ce partenariat économique solide a toujours profité à notre secteur agricole et agroalimentaire, créant un environnement commercial mutuellement avantageux.

Les récents droits de douane américains ont introduit de l’incertitude dans cette relation, posant par conséquent des défis importants aux exportateurs canadiens et mettant à rude épreuve les producteurs. La concentration des exportations canadiennes vers les États-Unis souligne la vulnérabilité du secteur face à l’évolution des politiques commerciales de notre voisin du Sud et la nécessité d’une diversification.

À cette fin, cette analyse met l’accent sur l’importante occasion qui s’offre au Canada de détourner au total l’équivalent de 12 milliards de dollars en exportations canadiennes d’aliments et de boissons du marché américain. La diversification des exportations peut atténuer les risques commerciaux et renforcer la résilience du système agricole et agroalimentaire canadien face aux chocs actuels et futurs.

Le plan de diversification proposé, d’une valeur de 12 milliards de dollars, représente environ un tiers des exportations canadiennes actuelles d’aliments et de boissons à destination des États-Unis. Il permettrait de réduire à 50 % la dépendance des exportations d’aliments et de boissons vis-à-vis du marché américain par rapport aux niveaux de 2023.

Notre approche proposée en matière de diversification comporte plusieurs volets :

  1. renforcer le commerce interprovincial;

  2. tirer parti des accords de libre-échange existants;

  3. établir de nouveaux partenariats commerciaux internationaux.

Bien que ces possibilités existent, nous savons bien qu’il faudra du temps pour les mettre en œuvre. Quoi qu’il en soit, les défis économiques actuels ont amené les Canadiens et les Canadiennes à s’interroger plus que jamais sur les moyens d’accroître leur prospérité grâce à de nouvelles stratégies et à de nouveaux partenaires commerciaux. Cette publication est une occasion d’approfondir le débat sur la manière de relever l’un des défis les plus importants auxquels le pays est confronté.

Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir plus résilient et plus concurrentiel à l’échelle mondiale pour l’industrie canadienne des aliments et des boissons et, par conséquent, pour tous les Canadiens et Canadiennes.

Produits agricoles et alimentaires — État actuel de la dépendance commerciale au marché américain

Le système agricole et agroalimentaire du Canada est étroitement imbriqué dans celui des États-Unis. En 2023, 68 % des importations canadiennes de produits agricoles et alimentaires provenaient des États-Unis, tandis que 59 % des exportations du secteur étaient destinées au marché américain (figure 1). En ce qui concerne les importations, 78 % des produits agricoles primaires et 65 % des aliments et des boissons provenaient des États-Unis. Du côté des exportations, seulement 31 % des produits agricoles primaires étaient destinés au marché américain, contre 76 % dans la catégorie des aliments et des boissons.

Figure 1 : Dépendance du Canada à l’égard des États-Unis en matière d’importations et d’exportations agricoles et agroalimentaires en 2023

Sources : ComTrade, calculs de FAC

Occasions pour le Canada d’exporter ailleurs qu’aux États-Unis

Les figures 2 et 3 ci-dessous illustrent la dépendance du Canada à l’égard des États-Unis en ce qui concerne les exportations d’aliments et de boissons, par groupes de produits. Ces chiffres indiquent à la fois la valeur commerciale et le pourcentage de la valeur commerciale attribués aux États-Unis par rapport au reste du monde pour les années 2023 (barres) et 2018 (marqueurs). Ils montrent que les exportations canadiennes globales vers les États-Unis et le reste du monde ont augmenté au cours de cette période de cinq ans, même si la plupart des catégories ont vu leur dépendance à l’égard des États-Unis s’accroître.

Figure 2 : Croissance des exportations d’aliments et de boissons vers les États-Unis et d’autres régions du monde — valeurs des exportations de 2023 (barres) par rapport à 2018 (marqueurs)

Sources : Comtrade des Nations Unies, calculs de FAC

Figure 3 : Évolution de la part de marché des exportations d’aliments et de boissons détenue par les États-Unis et par d’autres régions du monde — 2023 (barres) par rapport à 2018 (marqueurs)

Sources : Comtrade des Nations Unies, calculs de FAC

Établir des cibles de diversification commerciale

La dépendance du Canada à l’égard des États-Unis pour ses exportations d’aliments et de boissons s’est accrue, passant de 67 % en 2018 à un peu plus des trois quarts en 2023. Parallèlement, la compétitivité du pays en matière de commerce mondial a diminué. Au cours du dernier quart de siècle, le Canada est passé du cinquième au septième rang dans le classement du commerce agricole et agroalimentaire mondial. Il est donc nécessaire de renforcer la compétitivité du pays au niveau du commerce mondial et de diversifier les échanges commerciaux en exportant à l’extérieur des États-Unis.

Il est important de noter qu’il n’existe pas de norme universelle en ce qui concerne la diversification commerciale ni de niveau universellement acceptable de dépendance commerciale à l’égard d’un partenaire commercial donné. Les facteurs contextuels et situationnels (tels que la géographie, la logistique commerciale et les conditions économiques particulières) sont importants. En général, une dépendance excessive à l’égard d’un partenaire commercial accroît les risques liés aux changements politiques et économiques dans ce pays.

Il est également important de reconnaître les nombreux facteurs qui font du Canada et des États-Unis des partenaires commerciaux naturels : notre proximité, notre longue frontière commune, les similitudes culturelles (dans les préférences alimentaires, les lignes directrices nutritionnelles, etc.) et nos contextes réglementaires semblables, pour n’en nommer que quelques-uns. Nous devons garder ces facteurs à l’esprit lorsque nous établissons des cibles réalistes et atteignables pour une plus grande indépendance commerciale vis-à-vis des États-Unis.

Une cible simple de diversification serait de réduire à 50 % la dépendance au marché américain pour les exportations d’aliments et de boissons. Cela équivaudrait à rediriger l’équivalent de 12 milliards de dollars en exportations d’aliments et de boissons ailleurs que vers les États-Unis, soit une réduction de 34 % par rapport au niveau de référence de 2023 (tableau 1).

Tableau 1 : Cibles de diversification commerciale recommandées pour le secteur des aliments et des boissons du Canada

Sources : Comtrade des Nations Unies, calculs de FAC

Nous voyons deux façons d’atteindre une cible de dépendance de 50 % à l’égard des exportations vers les États-Unis :

  1. Renforcer le commerce interprovincial afin que les ventes aux États-Unis puissent être redirigées pour répondre à la demande intérieure, en remplaçant des produits importés des États-Unis par des produits canadiens. Cela aurait l’avantage supplémentaire de réduire les exportations vers le marché américain et les importations en provenance de celui-ci. Nous estimons qu’environ 2,6 milliards de dollars en exportations actuelles d’aliments et de boissons vers les États-Unis pourraient être redirigés pour répondre à la demande canadienne. Ce calcul est basé sur une cible de dépendance de 50 % aux importations en provenance des États-Unis. Nous supposons qu’au moins la moitié de la réduction des importations nécessaire pour atteindre cette cible de 50 % peut être réalisée en redirigeant des produits canadiens auparavant exportés vers les États-Unis afin de répondre à la demande intérieure auparavant comblée par des produits en provenance des États-Unis.

  2. Renforcer et élargir les relations commerciales mondiales pour accroître les exportations canadiennes d’aliments et de boissons au-delà des États-Unis. Le commerce interprovincial représentant une proportion de 2,6 milliards de dollars des 12 milliards de dollars, nous estimons qu’environ 9,4 milliards de dollars en exportations actuelles d’aliments et de boissons vers les États-Unis devront être redirigés vers d’autres marchés, comme les marchés de grande valeur en Europe et les marchés en expansion rapide en Asie.

La figure 4 et la discussion qui suit soulignent le lien entre ces deux stratégies et décrivent les principales recommandations pour faire avancer ces stratégies.

Figure 4 : Stratégies pour atteindre les cibles de diversification commerciale

Source : FAC

Stratégies pour parvenir à une diversité commerciale

  • Promouvoir le mouvement « Achetons canadien » pour stimuler la demande intérieure de produits fabriqués au Canada. Stimuler la demande intérieure d’aliments et de boissons du Canada grâce à des efforts de marketing ciblés.

  • Améliorer l’image de marque du Canada à l’étranger. Augmenter la demande d’aliments et de boissons du Canada à l’étranger grâce à une stratégie de promotion de l’image de marque et de commercialisation qui témoigne de la qualité, de la salubrité et de la polyvalence des aliments canadiens.

  • Investir dans les infrastructures de transport et de logistique nécessaires pour stimuler le commerce interprovincial. Le Canada est un vaste pays — pour mettre les choses en perspective, un produit voyageant d’un bout à l’autre de l’Europe devrait parcourir 2 800 kilomètres supplémentaires pour égaler la distance entre les côtes est et ouest du Canada. Des investissements dans les infrastructures sont nécessaires pour développer les chaînes d’approvisionnement interprovinciales et améliorer la circulation des aliments et des boissons entre les provinces.

  • Renforcer la compétitivité. L’innovation, l’augmentation de la capacité de transformation et la recherche de gains d’efficience peuvent stimuler la productivité et renforcer ainsi la compétitivité des entreprises du secteur des aliments et des boissons. Le développement de la capacité de transformation à valeur ajoutée intérieure permettra au système alimentaire canadien d’accaparer une plus grande part de la valeur générée par les produits alimentaires (au lieu d’exporter des produits agricoles primaires à des fins de transformation ailleurs).

  • Diversifier l’offre de produits. Explorer les marchés émergents et spécialisés (par exemple, les produits biologiques, les protéines végétales, les aliments culturels et de spécialité, et les aliments transformés et emballés de manière durable). Cela dégagera des occasions d’explorer de nouveaux marchés au pays et à l’étranger.

  • Explorer de nouveaux partenariats commerciaux. Tirer parti des accords commerciaux existants (le Canada en compte actuellement 15 qui lui donnent déjà accès à 51 pays et à 66 % du PIB mondial) et rechercher des occasions de conclure de nouveaux partenariats.

Possibilités de diversification commerciale par produit

À l’aide de données commerciales récentes, nous avons cerné des objectifs de réduction des échanges commerciaux avec les États-Unis pour différents groupes d’aliments et de boissons et nous avons évalué le potentiel d’atteindre ces objectifs en ayant recours aux deux stratégies mentionnées ci-dessus (tableau 2). Les cibles de dépendance de 50 % à l’importation et à l’exportation sont des objectifs globaux auxquels tous les secteurs ne peuvent pas (et ne devraient pas forcément) contribuer de manière égale ou même proportionnelle. Certains groupes de produits pourraient devoir fixer des objectifs plus ambitieux que d’autres pour atteindre la réduction globale de 12 milliards de dollars en exportations vers les États-Unis. Nous avons tenu compte de l’ampleur et de l’importance relatives de chaque produit dans le contexte commercial actuel des aliments et des boissons du Canada, de la dépendance actuelle au marché américain et de facteurs comme la périssabilité. L’établissement de cibles réalistes pour chaque groupe de produits est essentiel à une stratégie de diversification réussie.

Tableau 2 : Cibles de réduction des exportations vers les États-Unis par groupe de produits — possibilité de croissance du commerce interprovincial par opposition au commerce international (données commerciales de 2023 utilisées comme référence)

Remarque : Les pays en caractères gras sont ceux affichant une hausse de la demande globale et de la demande de produits en provenance du Canada entre 2018 et 2023.

Sources : Comtrade des Nations Unies, calculs de FAC

Nous avons fixé ces cibles en deux étapes. Nous avons d’abord comparé les objectifs de dépendance à l’importation et à l’exportation afin d’évaluer le potentiel d’augmenter le commerce interprovincial en substituant aux biens importés des États-Unis des biens qui étaient jusque-là exportés vers ce pays. Autrement dit, nous proposons de rediriger les exportations canadiennes pour répondre à la demande intérieure grâce à un commerce interprovincial renforcé. Cette stratégie présente le double avantage de réduire la dépendance à l’importation et à l’exportation à l’égard des États-Unis.

Puis, après avoir déterminé la proportion de notre cible de diversification des exportations qui pourrait être atteinte en stimulant le commerce interprovincial, nous avons cerné des occasions de diversifier les exportations restantes en acheminant celles-ci vers d’autres partenaires commerciaux mondiaux potentiels plutôt que vers les États-Unis. Pour chaque groupe de produits étudié, nous avons déterminé les pays clés dont les marchés pour ces biens sont en croissance (en fonction des données commerciales de 2018 et 2023), et où les efforts de diversification seraient les plus efficaces. Le tableau 3 illustre ce processus pour deux groupes de produits dont les cibles et les recommandations sont très différentes : les aliments pour animaux et les huiles végétales.

Tableau 3 : Ventilation des cibles de dépendance à l’importation et à l’exportation à l’égard des États-Unis et des stratégies de diversification des exportations — aliments pour animaux et huiles végétales

Groupe de produits

Aliments pour animaux

Huiles végétales

Dépendance à l’égard des exportations vers les États-Unis en 2023

644 M$ (63 %)

5 101 M$ (92 %)

Cible de dépendance à l’égard des exportations vers les États-Unis

513 M$ (50 %)

3 310 M$ (60 %)

Réduction des exportations vers les États-Unis nécessaire pour atteindre la cible de dépendance à l’exportation

-131 M$ (-20 %)

-1 792 M$ (35 %)

Dépendance vis-à-vis des importations en provenance des États-Unis en 2023

1 513 M$ (87 %)

544 M$ (51 %)

Cible de dépendance à l’égard des importations en provenance des États-Unis

1 131 M$ (65 %)

533 M$ (50 %)

Réduction des importations en provenance des États-Unis nécessaire pour atteindre la cible de dépendance à l’importation

-382 M$ (-25 %)

-11 M$ (2 %)

Exportations vers les États-Unis qui pourraient être redirigées pour répondre à la demande intérieure au moyen du commerce interprovincial

-131 M$ (100 %)

-5 M$ (< 1 %)

Exportations vers les États-Unis qui doivent être redirigées vers d’autres partenaires commerciaux mondiaux

0 $ (0 %)

-1 786 M$ (99 %)

Sources : Comtrade des Nations Unies, calculs de FAC

Aliments pour animaux

Exportations

En 2023, 63 % des exportations canadiennes d’aliments pour animaux étaient destinées aux États-Unis. Nous recommandons une cible de dépendance de 50 % pour ce groupe de produits. Pour atteindre cette cible, il faudra réduire les exportations transfrontalières d’aliments pour animaux de 131 millions de dollars, soit 20 % par rapport au niveau de référence de 2023.

Importations

Les importations d’aliments pour animaux en provenance des États-Unis ont atteint 1,5 milliard de dollars en 2023, ce qui représente 87 % du total des importations dans cette catégorie. Compte tenu du degré élevé de dépendance aux importations en provenance des États-Unis, nous avons fixé une cible de dépendance de 65 %. Pour atteindre cette cible, il faudra réduire de 382 millions de dollars les importations d’aliments pour animaux provenant du sud de la frontière (soit 25 % par rapport au niveau de référence de 2023).

Sommaire

La réduction des importations nécessaire pour atteindre notre cible de dépendance est nettement supérieure à la réduction des exportations nécessaire pour atteindre la cible de dépendance à l’exportation de 50 %, soit 382 millions de dollars contre 131 millions, respectivement. Nous supposons que la moitié de la réduction des importations nécessaire pour atteindre la cible de dépendance à l’importation peut provenir d’un accroissement du commerce interprovincial.

Cela signifie que nous pourrions remplacer jusqu’à 191 millions de dollars en importations en provenance des États-Unis par des produits canadiens. Par conséquent, la totalité de la réduction de 131 millions de dollars en exportations peut être atteinte en redirigeant ces ventes vers le marché intérieur, en remplacement des produits en provenance des États-Unis. En d’autres termes, la stratégie de renforcement du commerce interprovincial permet, à elle seule, d’atteindre l’objectif de dépendance à l’exportation.

Huiles végétales

Exportations

Les huiles végétales affichent une dépendance à l’exportation vers les États-Unis beaucoup plus élevée que les autres catégories d’aliments et de boissons. En 2023, 92 % des exportations d’huile végétale du Canada étaient destinées aux États-Unis. Nous avons fixé une cible de dépendance de 60 %, ce qui exigera une réduction de 35 % des exportations vers le sud de la frontière, ce qui représente 1,79 milliard de dollars.

Importations

La possibilité de réacheminer les exportations pour répondre à la demande intérieure actuellement satisfaite par des importations en provenance des États-Unis est limitée, car notre dépendance à l’importation est de 51 %. Pour atteindre la cible de 50 %, il faudra donc réduire d’environ 11 millions de dollars les importations d’huile végétale en provenance des États-Unis (soit seulement 2 % par rapport au niveau de référence de 2023).

Sommaire

La réduction des exportations vers les États-Unis nécessaire pour atteindre notre cible de dépendance à l’exportation de 60 % sera beaucoup plus importante que ce qu’il est possible d’accomplir grâce au commerce interprovincial, soit 1,79 milliard de dollars par rapport à 11 millions de dollars, respectivement. Par conséquent, le principal moyen d’atteindre cette cible serait de rediriger les exportations. Le Canada devrait rediriger 1,79 milliard de dollars en exportations à destination des États-Unis vers d’autres marchés mondiaux.

Étude de cas : Stratégies pour favoriser la diversification commerciale des produits de boulangerie

En 2023, les aliments préparés représentaient 19 % des exportations canadiennes d’aliments et de boissons (8,6 milliards de dollars), ce qui en faisait la catégorie de produits ayant la plus grande valeur commerciale. Quatre-vingt-dix pour cent de ces produits ont été exportés aux États-Unis. Cette catégorie de produits représente une excellente occasion d’accroître la diversification du marché d’exportation du Canada, car les aliments préparés peuvent parcourir de plus longues distances que les autres produits alimentaires, et ce, sans présenter le même risque de détérioration.

En 2023, les produits de boulangerie représentaient 61 % des exportations canadiennes d’aliments préparés; ils comptent pour 70 % de la réduction des exportations vers les États-Unis nécessaire à l’atteinte de notre cible globale de diversification commerciale pour cette catégorie (figure 5). En 2023, 95 % des produits de boulangerie exportés à partir du Canada ont été expédiés aux États-Unis.

Figure 5 : Contribution des catégories de produits à la cible de diversification commerciale pour les aliments préparés

Sources : Comtrade des Nations Unies, calculs de FAC

Plusieurs facteurs font des produits de boulangerie une catégorie de premier plan pour la diversification commerciale. En plus de pouvoir les expédier sur de plus longues distances que d’autres produits alimentaires, il existe un marché mondial en pleine croissance pour ces produits. Les exportations totales de produits de boulangerie ont augmenté de 50 % entre 2018 et 2023, ce qui représente une hausse de plus de 17,9 milliards de dollars. En 2023, le Canada détenait un peu moins de 10 % du marché d’exportation mondial dans cette catégorie, ce qui laisse une marge de croissance importante.

Nous estimons qu’environ 10 % de la réduction proposée pour les exportations vers les États-Unis pourrait être réalisée en stimulant le commerce interprovincial et en remplaçant les importations en provenance des États-Unis par des produits fabriqués au Canada. Cette mesure permettrait en plus de diminuer la dépendance commerciale du Canada envers les États-Unis, tant pour les exportations que pour les importations, tout en soutenant la production intérieure. Les 90 % restants de la réduction des exportations à destination des États-Unis devront provenir de la diversification du commerce international (tableau 4).

Tableau 4 : Cible de réduction des exportations vers les États-Unis pour les produits de boulangerie — potentiel de croissance du commerce interprovincial par rapport au commerce international

Total des exportations vers les États-Unis en 2023 — valeur (en pourcentage)

5 034 M$ (95 %)

Niveau cible des exportations vers les États-Unis — valeur (en pourcentage)

2 933 M$ (55 %)

Réduction des exportations vers les États-Unis nécessaire pour atteindre la cible — valeur (en pourcentage)

-2 101 M$ (42 %)

Exportations vers les États-Unis qui pourraient être redirigées pour répondre à la demande intérieure par l’intermédiaire du commerce interprovincial

218 M$ (10 %)

Exportations vers les États-Unis qui doivent être redirigées vers de nouveaux partenaires commerciaux internationaux

1 882 M$ (90 %)

Pays proposés pour l’expansion des relations commerciales

Belgique, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni

Remarque : Les pays en caractères gras sont ceux affichant une hausse de la demande globale et de la demande de produits en provenance du Canada entre 2018 et 2023.

Sources : Comtrade des Nations Unies, calculs de FAC

Entre 2018 et 2023, les exportations canadiennes de produits de boulangerie ont augmenté de 86 %, ce qui reflète la croissance des marchés à l’étranger, tandis que la proportion destinée au marché américain est demeurée relativement stable. Nous avons recensé six pays qui présentent le plus grand potentiel d’expansion des exportations canadiennes, en fonction de leur demande croissante de produits de boulangerie au cours des dernières années (à l’aide des données commerciales pour 2018 et 2023).

Il est intéressant de noter que tous les pays énumérés ont actuellement des accords commerciaux avec le Canada. Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont précisément affiché une demande croissante de produits de boulangerie canadiens entre 2018 et 2023 et représentent une occasion de croissance importante. Les similitudes entre les cultures culinaires du Canada et les pays énumérés contribueront également à réduire les coûts liés à la valorisation de la marque et au marketing associés à la promotion des produits de boulangerie canadiens.

Aller de l’avant malgré l’incertitude : diversifier le commerce pour un système alimentaire plus résilient

L’évolution du commerce mondial offre une occasion importante à l’industrie canadienne des aliments et des boissons, ainsi qu’au pays dans son ensemble, soit de bâtir un système alimentaire plus résilient en élargissant le commerce interprovincial et en diversifiant les marchés d’exportation au-delà des États-Unis.

Ce changement nécessitera un effort collectif de la part des intervenants de l’ensemble de la chaîne de valeur des aliments et des boissons. Il est urgent d’investir dans les infrastructures, de développer nos activités, de stimuler l’innovation et d’explorer de nouveaux marchés, tant au Canada qu’à l’étranger.

Ensemble, nous pouvons transformer les enjeux actuels liés au commerce en occasions à saisir — et ouvrir la voie à un avenir résilient et prospère pour le secteur canadien des aliments et des boissons.

Rapport préparé par : Bethany Lipka, analyste de la veille stratégique, et Isaac Kwarteng, économiste principal