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Malgré les ventes remarquables du secteur serricole en 2020, l’année à venir est pleine d’incertitudes

22 juin 2021
4,5 min de lecture

Après une année 2020 mouvementée, la grande question pour le secteur serricole du Canada est de savoir s’il continuera sur sa lancée pendant l’Année internationale des fruits et des légumes. Dans l’ensemble, les ventes du secteur serricole ont augmenté de 9,4 % l’an dernier, stimulées principalement par les fruits et légumes. En 2021, toutefois, les producteurs pourraient faire face à d’importants vents contraires. La hausse des coûts et l’appréciation du huard pourraient bien freiner la croissance des ventes.

La COVID-19 donne un coup de pouce aux revenus des entreprises serricoles 

En 2020, pendant une année marquée par la pandémie, les recettes de légumes de serre ont crû de 12,3 % pour atteindre 1,8 milliard de dollars (figure 1), soit le taux de croissance le plus élevé depuis 2012, après huit années consécutives de croissance. Déjà en 2019, le secteur avait connu une bonne année avec des ventes à hauteur de 1,6 milliard de dollars, ce qui représentait une croissance de 5,0 % par rapport à l’année précédente. Lorsque la pandémie a frappé, l’adaptation rapide aux canaux de distribution de rechange comme la cueillette à l’auto et le magasinage en ligne a contribué à une hausse remarquable des recettes monétaires agricoles de 19,8 % au premier trimestre de 2020 en glissement annuel, laissant présager ce qui allait se produire aux deuxième et troisième trimestres. 

Figure 1 : Les recettes monétaires générées par les légumes de serre continuent de croître

Graphique montrant que les recettes monétaires générées par les légumes de serre continuent de croître.

Source : Statistique Canada.

De 2015 à 2020, la superficie des cultures de fruits et de légumes en serre a augmenté de 23,9 % pour s’établir à 1 809 hectares l’an dernier. La production de poivrons et de concombres, deux des trois légumes que le Canada produit à grande échelle, a crû alors que la production de tomates, le plus important légume en volume et en valeur, a diminué de 3,2 %. Pour ce qui est des ventes, les tomates ont affiché la plus importante hausse (+ 12,1 %), suivies des concombres (+ 9,4 %) et des poivrons (+ 7,3 %). Ensemble, ces trois légumes représentent 92,5 % des ventes totales de fruits et légumes de serre.

Le marché intérieur était fébrile, tout comme le marché d’exportation. Selon le USDA, les exportations américaines de légumes frais vers le Canada ont chuté de 5 % en 2020, la plus importante baisse des exportations de produits agricoles des États-Unis. Pendant la même période, les exportations canadiennes de fruits et légumes frais ont augmenté de 10,4 % en glissement annuel, malgré l’appréciation du dollar. Depuis le début de l’année, le taux de change moyen du dollar canadien par rapport au dollar américain est de 0,80 $ US, en hausse de 7,3 % par rapport à la moyenne de 2020. Un huard plus vigoureux accroît la compétitivité des produits importés par rapport aux produits canadiens.

La rentabilité a été mise à l’épreuve par la COVID-19

La rentabilité du secteur a été mise à l’épreuve en 2020 au moment où les fermetures temporaires entraînées par la COVID-19 ont ralenti la production en raison d’un manque de main-d’œuvre dû à la quarantaine obligatoire des employés et aux restrictions entourant les voyages transfrontaliers. Ce secteur, qui dépend fortement d’employés temporaires étrangers, s’est tourné un peu plus vers des employés permanents, entraînant une hausse des coûts de la main-d’œuvre de 7,5 %. Les coûts globaux ont eux aussi grimpé de 7,5 % l’an dernier, ce qui est considérablement supérieur à la moyenne sur 10 ans en fonction des hausses des coûts de l’électricité et d’autres coûts.

La croissance des recettes monétaires au premier trimestre de cette année n’était pas aussi spectaculaire qu’elle l’était à la même période l’an dernier, reflétant des perspectives modérément optimistes pour le reste de 2021. Si les coûts continuent de grimper au même rythme que l’an dernier, l’augmentation des ventes pourrait ne pas suffire à protéger les marges de profit d’une certaine pression. Des initiatives du secteur visant à réaliser des gains d’efficience énergétique par l’emploi d’éclairage DEL et de systèmes de ventilation améliorés pourraient aider. L’adoption d’innovations comme les robots cueilleurs augmentera la production en cette période où l’offre de main d’œuvre est réduite par un secteur de la construction en pleine effervescence.

Tout potentiel de croissance supplémentaire du milieu serricole sera freiné par des retards d’expédition de matériaux et une hausse rapide des coûts d’expédition et des matériaux jusqu’à ce que le boom mondial de la construction s’essouffle. Heureusement, l’introduction récente de cultivars de poivrons qui répondent positivement à l’éclairage DEL ainsi que de cultivars de fraises adaptés à la production en serre peut aider les producteurs à diversifier leurs sources de revenus.

Il est trop tôt pour déterminer si l’appétit aiguisé des consommateurs pour les aliments locaux et frais qui caractérise la pandémie persistera après le relâchement des principales restrictions. La pandémie a décidément entraîné des changements aux habitudes de consommation qui ont été avantageux pour les producteurs et les détaillants de fruits et légumes frais. Cette importante tendance pourrait devenir déterminante à mesure que la situation évolue en cours d’année.

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Sandra Behm, AACI, P.App, évaluatrice principale, Évaluation

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.