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Valeur des terres fruitières au Canada en 2022 : tendances et analyse

9 mai 2023
7,5 min de lecture

La production de fruits frais constitue un volet important de l’industrie agricole canadienne. Les recettes monétaires de ce secteur ont atteint un niveau record de 1,4 milliard de dollars en 2022, en hausse de 13,4 % par rapport à l’année précédente. Bien que les fruits frais soient cultivés dans toutes les provinces, c’est en Ontario et en Colombie‑Britannique que l’on trouve le plus de terres consacrées à la culture fruitière. À titre de complément au rapport Valeur des terres agricoles de FAC 2022, notre analyse évalue les tendances relatives à la valeur des terres servant à la production de bleuets, de pommes, de cerises et autres fruits tendres ainsi que de raisins.

Depuis 2020, on note des hausses soutenues de la demande de fruits et légumes frais de culture locale partout au pays. Les acres plantés pour la culture de divers types de fruits font l’objet d’une demande accrue. Bien que la demande de fruits et légumes frais cultivés à l’échelle locale ait grimpé considérablement, la vente de terres fruitières a diminué en 2022 par rapport à 2021.

Nous faisons état des tendances à l’égard du prix moyen à l’acre ainsi que les fourchettes de valeurs minimales et maximales seulement dans les régions de production qui comptent suffisamment de données sur les ventes pour nous permettre d’en tirer des estimations fiables (tableau 1). Chaque province comprend d’autres régions où des terres sont consacrées à la production fruitière. Cependant, les activités de vente limitées ne nous permettent pas de publier des estimations fiables de la valeur des terres.

Tendances provinciales

Tableau 1. Valeur de référence de FAC à l’acre pour les vergers, les bleuetières et les vignobles

Tableau 1. Valeur de référence de FAC à l’acre, avec tendance moyenne et valeurs maximales et minimales à l’acre, observée dans chaque province pour les vergers, les bleuetières et les vignobles.

Source : Calculs de FAC
*Valeur de référence de FAC en $/acre
**Cette fourchette de valeurs est représentative de 90 % des ventes dans chacune des régions, et exclut les tranches supérieures et inférieures de 5 %.

Colombie‑Britannique

La Colombie‑Britannique produit environ 20 % des fruits du Canada, notamment des pommes, des cerises, des bleuets, des raisins et d’autres fruits tendres. Les vergers sont principalement situés dans les vallées de l’Okanagan, de la Similkameen, de Creston et du Fraser. La valeur des vergers a augmenté en 2022, et la plupart des ventes ont eu lieu au cours de la première moitié de l’année. De plus, 2022 a été une excellente année pour les rendements, et les pommes et les cerises se sont vendues à prix forts (figure 1). La demande de terres est demeurée vigoureuse, et nous notons une augmentation moyenne de la valeur des terres de 34,0 % dans l’ensemble de la région de l’Okanagan et de 13,3 % dans celle de Kootenay.

La majeure partie des bleuets en corymbes cultivés au Canada poussent dans la région de la Côte sud de la province. Les bleuetières affichent une augmentation moyenne de 5,3 %, et la demande demeure élevée malgré un volume de ventes inférieur à celui enregistré au cours des années précédentes. La plupart des transactions ont été effectuées par des producteurs locaux.

Par ailleurs, la Colombie‑Britannique compte plus de 925 vignobles, dont 86 % sont situés dans la vallée de l’Okanagan [en anglais seulement]. La valeur des terres viticoles a augmenté de 7,2 % dans la vallée de l’Okanagan. La plupart des ventes ont été réalisées par des producteurs locaux, et les augmentations les plus importantes touchaient des parcelles de terre matures à rendement élevé situées dans des secteurs recherchés, le long de routes des vins très fréquentées et offrant des vues sur l’eau et des conditions de sol idéales. 

Tant pour les vergers que pour les vignobles, la demande globale est demeurée élevée et les parcelles productives ont conservé des valeurs élevées. La possibilité que le gel ait causé des dommages à l’arrivée du printemps 2023 suscite des inquiétudes, mais une évaluation initiale des dommages reste à confirmer.

Figure 1. Prix canadiens moyens au kilogramme pour les pommes, les bleuets en corymbes, les bleuets sauvages, les raisins et les cerises 

La figure 1 montre le prix moyen au kilogramme obtenu pour les pommes, les bleuets en corymbes, les bleuets nains, les raisins et les cerises au Canada de 2015 à 2022.

Sources : Statistique Canada et calculs effectués par FAC

Ontario

C’est dans la région de Niagara que l’on trouve le plus de terres fruitières en Ontario. Bien que les vergers de pommes et de fruits tendres soient nombreux dans la région, peu sont mis sur le marché chaque année. Compte tenu de la disponibilité limitée de données sur les ventes, nous ne sommes pas en mesure de publier des tendances pour les vergers de la province, mais dans l’ensemble, les données du marché indiquent que les valeurs sont à la hausse.

L’Ontario est la province qui produit le plus de raisins au pays [en anglais seulement], soit environ 65 % de la production canadienne totale. Plus de 93 % du volume de raisins cultivés en Ontario provient de la péninsule du Niagara. La période de récolte 2022 a été marquée par des journées anormalement froides, qui ont rendu la saison de récolte raisins difficiles, plus de vignes ayant été abîmées qu’à l’habitude dans cette région. Les prix des raisins sont à la hausse, mais les recettes monétaires de l’Ontario ont diminué de 9,5 % en 2022 en raison des mauvaises conditions météorologiques.

Malgré cette tendance baissière des revenus, la demande de terres viticoles est demeurée élevée en Ontario. L’augmentation moyenne de 12,1 % est en grande partie attribuable à la forte demande de la part d’acheteurs qui cherchent à agrandir leur superficie de terre. 

Québec et provinces de l’Atlantique

Environ 31 % de tous les vergers du Canada se trouvent au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Les superficies cultivées les plus importantes sont situées dans les régions des Laurentides et de la Montérégie au Québec, dans le Sud du Nouveau‑Brunswick, ainsi que dans la vallée d’Annapolis en Nouvelle‑Écosse. Il y a peu de données sur les ventes, ce qui ne nous permet pas de publier des estimations fiables pour ces régions. Toutefois, la tendance globale des prix des terres en vergers productifs est stable ou à la hausse. Les acheteurs sont principalement des producteurs existants qui souhaitent accroître leurs activités.

Les bleuetières de l’Est du pays produisent principalement des bleuets sauvages ou des bleuets nains. Le Québec et les provinces de l’Atlantique représentent environ 85 % de la production totale de bleuets du pays, dont près de 42 % pour le Québec. La plupart des bleuetières se trouvent dans la région du Saguenay–Lac‑Saint‑Jean, au Québec, dans la région Nord du Nouveau‑Brunswick et dans la région de Truro‑Shubenacadie, ou plus précisément, dans la région d’Oxford/Parrsboro, en Nouvelle‑Écosse.

Contrairement à celle des autres fruits, la production de bleuets a connu une période difficile de 2015 à 2018 en raison de la faiblesse des prix (figure 1). En outre, la production a souffert grandement en raison de plusieurs phénomènes météorologiques extrêmes, comme un gel intense, qui ont eu pour effet de réduire les superficies récoltées et leur rendement. Toutefois, les producteurs semblent avoir surmonté ces difficultés, car le marché affiche une tendance à la hausse et des augmentations considérables de la valeur des terres. Les rendements ont eux aussi été très bons en 2022. Par conséquent, les recettes monétaires pour les bleuets ont grimpé de près de 80 % en 2022 au Québec, après une année 2021 difficile. Par rapport aux revenus de 2020, les recettes monétaires de 2022 représentent une hausse de plus de 18 %.

Nous signalons une augmentation moyenne de 32,8 % pour la région québécoise du Saguenay–Lac‑Saint‑Jean, ce qui hisse la valeur des terres consacrées à la culture des bleuets de cette région à un sommet sans précédent. En ce qui concerne le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, nous signalons des hausses plus modestes de 12,8 % et 9,2 %, respectivement, ce qui concorde avec les augmentations des revenus bruts de 14,7 % et 3,3 % enregistrées en 2022.

Moins de 10 % des terres viticoles du Canada se trouvent au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Les superficies les plus importantes sont situées en Montérégie, au Québec, et dans la vallée d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse. On constate une forte demande pour les vignobles bien implantés abritant des vignes adaptées aux conditions météorologiques et à la région. Nous soulignons, par contre, que les données sur les ventes sont insuffisantes pour nous permettre de publier des taux pour les vignobles situés dans ces provinces.

*Toutes les données et tous les chiffres proviennent de Fruits, Recensement de l’agriculture, 2021.

En conclusion

Le secteur fruitier est un important moteur économique de l’industrie agricole canadienne. Dans l’ensemble, la valeur des terres fruitières a suivi une tendance positive en 2022, en grande partie grâce à une forte demande de la part des producteurs existants. La conjoncture du marché peut changer rapidement et il en va de même pour les terres fruitières. L’approvisionnement en eau, les coûts de plantation croissants attribuables aux taux d’intérêt et aux prix des intrants qui sont élevés, les pénuries de main-d’œuvre, l’établissement de contrats ainsi que les changements climatiques sont tous d’importants facteurs à prendre en considération au moment d’élaborer une stratégie d’affaires et d’envisager une expansion potentielle. 

Article par : Lyne Michaud, É.A., analyste principale, Évaluation, Constance Dagnon, évaluatrice, Évaluation et Alana Hinton, AACI, P. App, évaluatrice principale, Évaluation