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Trois indicateurs qui influenceront les prochaines décisions relatives aux taux d’intérêt

4 mars 2020

La Banque du Canada (BdC) a réduit son taux directeur de 50 points de base en réponse aux potentiels dommages économiques liés à la propagation du nouveau coronavirus. Des taux d’intérêt plus bas sont généralement efficaces pour stimuler la demande et soutenir la confiance des consommateurs. Mais ils ne sont pas aussi utiles pour régler des enjeux économiques tels que la fermeture d’usines, des restrictions commerciales et d’autres perturbations des chaînes d’approvisionnement.

Les ajustements futurs du taux d’intérêt de la BdC seront fonction de l’évolution du virus et de son influence sur l’économie canadienne. Voici trois indicateurs pour évaluer les conditions économiques :

1. Les différentes facettes de l’inflation

À la fin du mois de janvier, le taux général d’inflation sur douze mois s’était légèrement accentué, passant à 2,4 %. Une inflation plus élevée réduit habituellement la probabilité d’une baisse de taux d’intérêt. Deux arguments justifient le maintien d’une inflation faible et stable : l’inflation affaiblit le pouvoir d’achat, et une inflation élevée crée habituellement beaucoup d’incertitude, ce qui décourage les investissements des entreprises.

L’accélération de l’inflation n’est toutefois pas préoccupante. La BdC évaluera les tensions inflationnistes en se fondant sur des mesures comme l’inflation fondamentale (qui exclut les composantes les plus volatiles de l’inflation totale), et l’IPC-tronq (qui retranche les composantes de l’inflation fondamentale affichant la plus forte variation). À l’heure actuelle, aucune de ces mesures n’indique une rupture imminente avec la fourchette cible d’inflation.

2. Le PIB par rapport au potentiel de production

Une donnée fondamentale pour prévoir l’inflation est l’écart entre l’activité économique réelle (mesurée par le PIB) et la production potentielle de l’économie. Lorsque le PIB s’annonce inférieur à la production potentielle, les taux d’intérêt sont susceptibles de diminuer.

La BdC estime que l’écart de production se situait entre 1,25 % et 0,25 % au dernier trimestre de 2019 en raison d’une amplification des capacités excédentaires. Cette évaluation a été formulée avant la publication des données sur le PIB réel pour le quatrième trimestre et avant la propagation confirmée du coronavirus. Le PIB a progressé à un rythme annuel de 0,3 % au cours du quatrième trimestre de 2019, son plus bas rythme des quatre dernières années. On croit que l’écart de production s’amplifiera, mais jusqu’à quel point? La BdC révisera son estimation de l’écart de production en avril.

3. La vigueur du marché du travail

À la fin de janvier, le taux de chômage canadien se situait à 5,5 % et était en légère hausse dans certaines parties du pays. Le salaire horaire moyen a progressé de 4,2 % sur douze mois, comme c’est normalement le cas en contexte de pénurie de main‑d’œuvre. Les résultats de la prochaine enquête sur la population active seront publiés le 6 mars. Une détérioration du marché du travail augmenterait la possibilité d’une future baisse de taux d’intérêt.

L’incidence des données économiques sur les prochaines décisions relatives aux taux d’intérêt

La présente baisse de taux contribuera à stimuler l’activité économique au Canada, mais il ne faut pas exclure la possibilité de voir des baisses additionnelles lorsque de nouvelles informations sur l'inflation, le marché du travail et le PIB seront dévoilées. La réponse économique mondiale au virus influencera la longueur et la magnitude du cycle économique de 2020. Une croissance plus faible pourrait affaiblir la demande alimentaire mondiale et baisser les prix des denrées agricoles de base. Mais la demande s’est montrée résiliente jusqu’à présent.

x.com/jpgervais
Jean-Philippe (J.P.) Gervais

Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef

Jean-Philippe est Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef à FAC. Il offre des conseils qui aident à orienter la stratégie de FAC et qui servent à identifier les risques et opportunités dans l’environnement d’affaires. En plus d’agir comme porte-parole de FAC pour des questions économiques, Jean-Philippe offre ses commentaires sur les filières agroalimentaire dans des vidéos et le blogue des Services économiques FAC.

Avant de se joindre à FAC en 2010, Jean-Philippe était professeur d’agroéconomie à l’Université North Carolina State et à l’Université Laval. Jean-Philippe détient le titre de Fellow de la Société canadienne d’agroéconomie. Il a obtenu son doctorat en économique de l’Université d’Iowa State en 1999.