Rapport sur le secteur des aliments et des boissons

Survol

L’économie canadienne a subi des tensions inflationnistes en 2022, et le secteur agroalimentaire n’a pas échappé à leurs répercussions. Les facteurs à l’origine de l’inflation alimentaire sont nombreux. La sécheresse de 2021 a réduit l’ensemble de la production de cultures en Amérique du Nord, et la guerre en Ukraine a eu des conséquences sur le transport des céréales, ce qui a entraîné une hausse des prix des produits agricoles. En début d’année, les consommateurs ont dépensé les économies qu’ils avaient accumulées au cours des deux années précédentes.

Le marché du travail s’est resserré étant donné que les entreprises cherchaient à accroître la production pour répondre à la demande grandissante des consommateurs, ce qui a fait diminuer le taux de chômage à des planchers historiques et entraîné une hausse des salaires. En réaction à l’inflation, la Banque du Canada a haussé son taux directeur à plusieurs reprises, exerçant ainsi une pression supplémentaire sur les coûts d’emprunt des entreprises.

Dans le présent rapport, nous examinons les défis et les possibilités pour chaque secteur. Lisez le rapport intégral ou concentrez-vous sur les aspects qui sont les plus pertinents pour vous.

Points saillants de l’industrie

Les rendements accrus des cultures et la croissance démographique au pays sont des facteurs déterminants

L’équipe des Services économiques FAC prévoit une augmentation de 4,6 % des ventes du secteur de la mouture de céréales et d’oléagineux en 2023.

Facteur déterminant : Des prix records ont entraîné une augmentation des ventes en 2022

En 2022, les ventes ont progressé de 25 %, en grande partie grâce aux prix records, qui ont augmenté de 23 %. La guerre en Ukraine et la sécheresse de 2021 en Amérique du Nord ont exercé une pression à la hausse sur les prix des céréales et des oléagineux. Une forte demande a permis aux entreprises de transférer les coûts plus élevés aux consommateurs. Les volumes accrus dans le secteur des services alimentaires ont été à l’origine du reste de l’augmentation des ventes.

En résumé

  • Grâce à la demande élevée de farine et d’huiles comestibles de la part des transformateurs d’aliments et de boissons, du secteur de la vente au détail et des services alimentaires, le secteur de la mouture de céréales et d’oléagineux est en pleine croissance.
  • L’intérêt des consommateurs pour la commodité et le développement durable (p. ex., l’achat de céréales et d’oléagineux locaux) a été le moteur de l’abondante consommation intérieure cette année.
  • Les produits sains à base de céréales et d’oléagineux continuent de gagner en popularité au pays et à l’étranger, et le Canada est bien placé pour accroître sa capacité de transformation.

La croissance des ventes et des marges devrait être faible en 2023

L’équipe des Services économiques FAC prévoit une baisse de 1,3 % des ventes du secteur du sucre et des produits de confiserie en 2023.

Facteur déterminant : Une année normale pour les ventes des fêtes

En 2022, les ventes ont progressé de plus de 15 % sur douze mois pour s’établir à 5,2 milliards de dollars. Grâce à une hausse de 8 % des prix et à un rebond des volumes découlant des services alimentaires et de la forte demande du temps des fêtes, l’année 2022 a été la deuxième année consécutive au cours de laquelle les ventes ont crû de plus de 15 %. Le chocolat s’est classé dans la tranche supérieure de 10 % en ce qui a trait à l’augmentation totale du volume de vente en épicerie, toutes catégories d’aliments et de boissons confondues.

En résumé

  • La consommation de sucre et de produits à base de sucre par personne est en baisse. Toutefois, la demande de friandises se maintiendra et l’augmentation de la population au pays donnera lieu à des occasions de croissance.
  • Le volume des importations de produits de confiserie des États-Unis démontre que les possibilités de répondre à la forte demande de friandises sont bien réelles.
  • Il y a également un potentiel de croissance sur les marchés internationaux, étant donné l’accroissement mondial des revenus disponibles.

La croissance des ventes devrait être forte en 2023 et le resserrement des marges se poursuivra

L’équipe des Services économiques FAC prévoit une augmentation de 5,8 % des ventes du secteur de la mise en conserve de fruits et de légumes et de la fabrication de spécialités alimentaires en 2023.

Facteur déterminant : Les produits frais sont délaissés au profit des produits en conserve

En 2021, les consommateurs ont privilégié les produits frais et les repas préparés à la maison en raison des inquiétudes liées à la COVID et d’une hausse des revenus disponibles. Les ventes de trousses de préparation de repas livrées à domicile étaient vigoureuses, ce qui a suscité de la concurrence dans ce secteur.

En 2022, l’inflation des prix des produits alimentaires a poussé les consommateurs à se tourner vers les produits en conserve au détriment des produits frais, qui sont plus chers. Les ventes ont progressé de 11 % sur douze mois en 2022 après avoir chuté de 1 % en 2021. L’inflation des prix a été le principal facteur à l’origine de cette augmentation, qui s’est chiffrée à un peu moins de 10 % au cours de l’année.

En résumé

  • L’importance accordée à la commodité, à l’amélioration de la valeur nutritive et aux prix abordables continue d’attirer les consommateurs, ce qui constitue un élément important étant donné que les économies des ménages s’amenuisent et que la croissance des dépenses des consommateurs ralentit.
  • La part de marché des transformateurs canadiens ayant chuté de plus de 4 % sur douze mois en 2022 — elle représente maintenant moins de 44 % du total des ventes —, il existe des possibilités de reprendre les parts de marché occupées par les produits importés.

Les produits laitiers à valeur ajoutée sont le moteur de la croissance

L’équipe des Services économiques FAC prévoit une hausse de 8,0 % des ventes du secteur des produits laitiers en 2023.

Facteur déterminant : La double hausse du prix du lait en 2022

Les ventes du secteur ont augmenté d’un peu moins de 8 % en 2022 par rapport à l’année précédente. Cette croissance a été attribuable aux prix plus élevés, en raison des deux hausses du prix de soutien du beurre imposées par la Commission canadienne du lait.

La demande est forte pour les produits tels que les crèmes à café, les produits pour les personnes intolérantes au lactose, les préparations pour nourrissons, les crèmes glacées et les fromages; ces produits devraient stimuler la croissance en 2023. Les préparations pour nourrissons se trouvaient dans la tranche supérieure de 5 % des catégories de produits d’épicerie dont le volume des ventes a connu la meilleure croissance en 2022.

En résumé

  • Le suivi des tendances en matière de préférences de consommation sera essentiel pour tirer son épingle du jeu.
  • L’évolution de la demande des établissements de services alimentaires pour des produits laitiers à valeur ajoutée présente un bon potentiel.
  • Il faut surveiller de près l’attrait grandissant pour les boissons de substitution et envisager l’adoption de stratégies afin de préserver la part de marché.
  • Les coûts croissants des intrants et l’inflation pèseront sur les marges brutes au cours de la prochaine année.

La forte demande d’exportation et la croissance de la population nationale feront augmenter les ventes

L’équipe des Services économiques FAC prévoit une hausse de 2,5 % des ventes des transformateurs canadiens de produits de viande en 2023.

Facteur déterminant : Le rebond des ventes des restaurants

Les ventes du secteur de la fabrication de produits de viande ont augmenté de plus de 9 % en 2022 par rapport à l’année précédente, ce qui est en grande partie attribuable à une augmentation des ventes sur le marché intérieur (hausse de 12 %), stimulée par la croissance enregistrée dans le secteur des services alimentaires. Les prix sont demeurés stables par rapport à bon nombre d’autres secteurs, avec une hausse de 1,8 % sur douze mois. Les prix des détaillants canadiens ont augmenté de 8,1 % en 2022. Cette différence résulte en grande partie d’un report de l’augmentation des prix après que les coûts de transformation ont grimpé de 12 % en 2021. Néanmoins, la hausse des prix de la viande pour les consommateurs au Canada est moins importante qu’aux États-Unis ou que dans d’autres pays. Selon l’ONU, en 2022, le prix de la viande sur le marché mondial a augmenté de 10,4 % en glissement annuel.

En résumé

  • Il a été nécessaire pour les transformateurs de produits de viande de trouver un équilibre au cours des dernières années. Les Canadiens ont toujours une forte préférence pour la viande, même s’ils cherchent à diversifier leur panier d’épicerie et que des substituts ont fait leur apparition.
  • Les problèmes de main-d’œuvre dans ce secteur ont entraîné une hausse des salaires et une bonification des avantages sociaux dans le but d’attirer de nouveaux travailleurs; le salaire des employés du secteur a ainsi progressé de 7 % sur douze mois.
  • Le nombre d’entreprises de transformation de produits de viande a diminué de 14 %, baisse qui touche les petites entreprises et les transformateurs indépendants.
  • La prochaine année s’annonce prometteuse si l’on évite un ralentissement important des économies canadienne et mondiale : l’inflation devrait se résorber, et les ventes de viande s’annoncent robustes grâce au secteur des services alimentaires, aux produits de viandes prêtes-à-manger et aux exportations.

La demande demeure vigoureuse malgré une année difficile

L’équipe des Services économiques FAC prévoit une hausse de 9,8 % sur douze mois des ventes du secteur de la préparation et du conditionnement de poissons et de fruits de mer, mais celles-ci resteront inférieures de 5 % au niveau de 2021.

Facteur déterminant : Une production moins importante se traduit par une diminution des exportations

Les ventes du secteur de la préparation et du conditionnement de poissons et de fruits de mer ont chuté de près de 14 % en 2022 en raison d’une diminution des exportations. Les volumes d’exportation de saumon, de homard et de crabe ont diminué par rapport à l’année précédente et la fermeture d’une usine de transformation de saumon à Surrey a eu des répercussions directes sur les ventes. Sur la côte Est, de nombreux exploitants ont été sévèrement touchés par l’ouragan Fiona.

En résumé

  • La demande provenant des services alimentaires et des marchés d’exportation est un élément indispensable à la prospérité du secteur canadien des poissons et des fruits de mer.
  • Ces deux canaux présentent de nombreuses occasions d’augmenter le volume des ventes, surtout pour les produits de luxe tels que le saumon, le homard et le crabe.
  • Des vents contraires nuisent à la production, mais la demande mondiale de poissons et de fruits de mer issus de la pêche durable au Canada demeure très vigoureuse.

Les produits de boulangerie devraient être la principale source de croissance du secteur des aliments et des boissons en 2023

FAC prévoit une hausse de 5,4 % des ventes de fabrication de produits de boulangerie et de tortillas en 2023.

Facteur déterminant : La hausse des prix des produits de base est stimulée par le marché de l’exportation

Les ventes de produits de boulangerie et de tortillas ont progressé de 18 % sur douze mois pour s’établir à 16,3 milliards de dollars en 2022. Les ventes de biscuits et de craquelins ont augmenté de 31 % en glissement annuel, les ventes de pains et de produits de boulangerie ont grimpé de 16 %, et les ventes de pâte et de pâtes alimentaires sèches ont diminué de 8 %. La croissance des ventes de biscuits et de craquelins s’est accélérée au cours de l’année, dépassant les 40 % sur douze mois au quatrième trimestre.

En résumé

  • Le rebond du secteur des services alimentaires et l’offre de produits essentiels sous emballage pratique de la part des boulangeries ont préparé le terrain à un solide rendement en 2023.
  • La possibilité de fournir des denrées saines et produites localement permet de se distinguer.
  • Il reste à trouver des solutions aux problèmes de recrutement de main-d’œuvre pour stimuler la productivité et la croissance.

Malgré une année difficile, un rebond semble peu probable

L’équipe des Services économiques FAC prévoit une baisse de 2,3 % des ventes du secteur de la fabrication des boissons en 2022.

Facteur déterminant : La hausse des coûts et la forte concurrence

Les ventes du secteur de la fabrication de boissons ont chuté de 1 % sur douze mois en 2022, pour s’établir à 14,4 milliards de dollars. Les ventes de boissons gazeuses ont progressé de 13 % par rapport à l’année précédente, tandis que les ventes de boissons alcoolisées ont diminué. Une faible hausse de moins d’un pour cent sur douze mois des ventes de produits vinicoles a permis de compenser en partie la baisse de 12 % des ventes des distilleries et la baisse de 3 % des ventes des brasseries sur douze mois (14 % sur douze mois au quatrième trimestre). Depuis 2019, la consommation d’alcool en pourcentage de la consommation totale des ménages a chuté de 2 %, tandis que la consommation de cannabis a augmenté de 23 %. Cette tendance devrait être encore plus marquée chez les 15 à 24 ans.

En résumé

  • En 2022, le secteur des boissons alcoolisées a fait face à des problèmes qui perdureront en 2023.
  • Les jeunes Canadiens ne boivent pas autant que les générations antérieures. Il y a toutefois une possibilité de supplanter les fournisseurs internationaux avec des produits de haute qualité dans ce secteur de 10 milliards de dollars.
  • L’industrie brassicole est très consolidée, mais les bières artisanales font l’objet d’une forte demande.
  • Dans tous les secteurs, les produits nouveaux et innovants qui permettent aux entreprises de se démarquer peuvent favoriser la croissance.

En vedette

Le secteur des produits de boulangerie et tortillas a enregistré une hausse des ventes de plus de 11 %, malgré une augmentation des coûts et une pénurie de main-d’œuvre.

La demande mondiale de produits de la mer, qui s’était déplacée vers le commerce de détail, a commencé à revenir vers le secteur de la restauration, ce qui a fait pencher le volume vers des poissons haut de gamme comme le saumon.

Après une année 2020 difficile, l’industrie de la fabrication de produits de sucre et de confiseries a connu l’une de ses meilleures années jamais enregistrées au chapitre de la croissance des revenus.