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PTPGP : Nouveau chapitre pour les exportations de produits agricoles et agroalimentaires du Canada

1 mai 2018

Tout au long du mois de mai, l’équipe de l’Économie agricole FAC va examiner le PTPGP et son incidence sur plusieurs secteurs agroalimentaires du Canada. Dans le présent billet, nous nous penchons sur la Malaisie, un marché peu connu et un concurrent pour les producteurs canadiens.

Le 8 mars 2018, certains des plus grands acteurs mondiaux du commerce de produits agricoles et agroalimentaires ont signé un nouvel accord commercial appelé l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP).

Qu’est-ce que le PTPGP?

Anciennement connu sous le nom de Partenariat transpacifique (PTP) et regroupant 12 pays, le nouvel accord compte maintenant 11 partenaires commerciaux [l’Australie, le Bandar Seri Begawan (l’ancien Brunei), le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle‑Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam], ce qui représente une population de 495 millions de personnes.

Le Canada doit encore déposer l’accord à la Chambre, présenter un projet de loi de mise en œuvre devant le Parlement et obtenir du gouverneur en conseil l’autorité juridique. Bien qu’il n’existe pas de délai pour la mise en œuvre de l’accord, au moins six signataires doivent indiquer qu’ils ont terminé le processus de ratification pour que l’accord soit opérationnel.

Débouchés pour les exportations alimentaires canadiennes

Le Canada occupant le cinquième rang des exportateurs mondiaux de produits agricoles, et le onzième rang des exportateurs mondiaux de produits alimentaires transformés en 2016 (selon les données les plus récentes), le PTPGP pourrait bien aider à stimuler nos exportations de produits bruts et de produits agroalimentaires vers de nouveaux marchés importants, grâce aux éléments suivants :

  1. Le PTPGP supprime les obstacles sur les marchés asiatiques à fort potentiel

    Le PTPGP regroupe divers pays riches et développés, des économies à croissance rapide et des producteurs agricoles efficaces.

    Selon les projections du Fonds monétaire international (FMI), le produit intérieur brut (PIB) du Vietnam et de la Malaisie progressera de 6,2 % et de 4,8 % respectivement, en 2018. Ce rythme de croissance, qui devrait se maintenir jusqu’en 2023, se traduira par une demande accrue de produits alimentaires.

    Le marché prospère du Japon présente également du potentiel. Dans ce pays, le PIB par habitant devrait augmenter de 3,9 % en 2018, soit un taux de croissance plus élevé qu’aux États-Unis et dans de nombreux pays européens. Cela crée des débouchés, en particulier pour les exportations à valeur élevée.

  2. Le PTPGP va permettre au Canada de diversifier encore plus ses exportations

    Notre production agricole et agroalimentaire dépassant notre consommation intérieure, il nous faut exporter la plupart de nos produits. Par exemple, nous produisons plus de 30 mégatonnes (Mt) de blé chaque année. Au cours de l’année commerciale 2017-2018, environ 21,8 Mt de blé vont être exportées. En 2017, le pays a produit environ 2,1 Mt de porc, dont 60 % ont été exportées.

    Cependant, le Canada compte encore sur ses exportations vers les États-Unis, son plus grand marché. En 2017, le marché américain a représenté 31 % de l’ensemble de nos exportations agricoles et 72 % de nos exportations agroalimentaires.

    La proximité d’un énorme marché a certainement aidé le Canada à développer ses chaînes d’approvisionnement, mais une commercialisation aussi ciblée pose également un risque bien connu. Le PTPGP nous donne l’occasion de diversifier nos exportations à l’extérieur des États-Unis et ainsi de réduire le risque.

    En 2017, nos partenaires du PTPGP ont représenté 17 % de nos exportations agricoles (soit un total de 4,9 milliards de dollars canadiens) et un peu plus de 10 % de nos exportations alimentaires (soit un total de 3,6 milliards de dollars canadiens). Parmi ces partenaires, c’est le Japon qui a reçu la plus grosse part de nos produits.

    Dans le cadre de l’accord, les pays du PTPGP auront aussi accès au marché canadien. En 2017, ils ont collectivement exporté pour 2,7 milliards de dollars canadiens de produits agricoles vers le Canada (soit 21 % des importations agricoles canadiennes). Cette même année, ils ont également exporté pour 3 milliards de dollars canadiens en produits alimentaires vers le Canada (soit 10 % des importations alimentaires canadiennes).

  3. Le PTPGP inclut des dispositions sur les obstacles non tarifaires

    L’évaluation du succès du PTPGP portera sur des facteurs qui iront bien au-delà de la valeur économique des concessions tarifaires et de l’accès aux marchés qui en découle. Les dispositions du PTPGP sur les obstacles non tarifaires seront donc essentielles.

    À quel point seront-elles essentielles? L’accord comporte 4 annexes et 30 chapitres, dont un seulement traite directement de l’accès aux marchés et des tarifs douaniers. Le reste de l’accord fait état des mécanismes de résolution des différends et prévoit des règles pour harmoniser les normes et règlements susceptibles d’avoir des incidences sur les pratiques commerciales du Canada.

    Ces règles et ces mécanismes sont vitaux pour le succès de l’accord, car la conformité réglementaire sur les marchés étrangers et les inévitables désaccords qui émergeront peuvent coûter cher.

L’agriculture canadienne profitera de règles ouvertes et transparentes sur l’accès aux marchés

La demande de produits alimentaires augmente dans le monde. Il est donc important de diminuer les obstacles commerciaux et non commerciaux dans des accords comme le PTPGP pour établir et maintenir la compétitivité du Canada sur ce marché mondial prometteur. Mais il faut aller plus loin pour que le potentiel de l’accord se réalise.

Les entreprises canadiennes devront également établir d’excellentes relations avec les nouveaux acheteurs et faire la promotion des produits canadiens pour accroître leur présence en Asie. Cela pourrait bien être le début d’un tout nouveau chapitre pour le secteur agroalimentaire du Canada.

x.com/jpgervais
Jean-Philippe Gervais

Vice-président et économiste en chef

Jean-Philippe Gervais est vice-président et économiste en chef à FAC. Ses conseils aident à orienter la stratégie et à surveiller le risque à l’échelle de la compagnie. En plus d’agir comme porte-parole de FAC pour des questions économiques, Jean-Philippe offre ses commentaires sur l’industrie agricole et agroalimentaire dans des vidéos ainsi que dans le blogue des Services économiques de FAC.

Avant de se joindre à FAC en 2010, Jean-Philippe était professeur d’agroéconomie à l’Université North Carolina State et à l’Université Laval. Jean-Philippe est l’ancien président de la Société canadienne d’agroéconomie. Il a obtenu son doctorat en économie de l’Université d’Iowa State en 1999.