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Cultiver la valeur : analyse des tendances de prix des terres fruitières au Canada en 2024

14 mai 2025
8 min de lecture
Bleuetière en fleurs.

La production de fruits frais fait partie intégrante de l’industrie agricole canadienne. Elle favorise la diversité des cultures de notre pays et constitue une force fondamentale en cette période où nos relations commerciales sont soumises à des pressions considérables. À titre de complément à notre rapport Valeur des terres agricoles 2024, la présente analyse vise à mettre en évidence les tendances observées dans l’évolution de la valeur des terres des bleuetières, des vergers, des cerisaies, des vergers de fruits tendres et des vignobles.

Les cultures fruitières contribuent à différents degrés à la production végétale dans l’ensemble du pays (tableau 1). Certains microclimats régionaux permettent une production fruitière remarquable. Dans le Canada atlantique, les fruits constituent 8,6 % des revenus tirés des cultures, tandis qu’en Colombie-Britannique, ils représentent un pourcentage substantiel de 14,3 %. Cela montre à quel point la production fruitière est cruciale pour l’économie agricole de cette dernière province. Les épisodes de froid intense de l’année dernière en Colombie-Britannique ont grandement abaissé les rendements, la production globale et les revenus. De nombreux producteurs britanno-colombiens ont dû faire face à toutes sortes de problèmes allant de dommages aux végétaux à leur perte totale, ce qui a entraîné une réduction des récoltes, voire une absence de récolte. Comme le montre le tableau 1, les revenus tirés des exploitations fruitières ont diminué dans toutes les provinces et dans l’ensemble du pays au cours des cinq dernières années.

Tableau 1 : Contribution en pourcentage (%) des productions fruitières aux revenus tirés des cultures dans les provinces

2019

2020

2021

2022

2023

2024

Canada

3,4 %

2,9 %

2,6 %

2,6 %

2,4 %

2,4 %

Atlantique

11,4 %

10,9 %

14,5 %

13,1 %

9,7 %

8,6 %

Colombie-Britannique

23,8 %

21,4 %

20,0 %

18,7 %

18,8 %

14,3 %

Ontario

4,2 %

3,2 %

3,0 %

2,8 %

3,4 %

3,3 %

Québec

8,9 %

8,9 %

7,1 %

7,3 %

6,7 %

7,9 %

L’Alberta, le Manitoba et la Saskatchewan n’ont pas été inclus dans le tableau ci-dessus, car leur contribution en pourcentage était de 0,03 % ou moins.

Sources : Statistique Canada et FAC

Cette analyse se concentre sur les tendances observées dans l’évolution de la valeur des terres des bleuetières, des vergers, des cerisaies, des vergers de fruits tendres et des vignobles (tableau 2). La valeur fluctue en fonction de la demande du marché et des phénomènes climatiques, ce qui souligne l’importance de la dynamique changeante au sein de l’industrie. D’autres provinces du Canada ont une production fruitière, mais ne figurent pas dans le tableau 2 ci-dessous, car nous présentons les tendances seulement lorsque nous disposons de données suffisantes.

Tableau 2 : Valeur de référence de FAC à l’acre pour les vergers, les bleuetières et les vignobles

Le tableau 2 présente la valeur moyenne des terres par acre pour les vergers, les bleuetières et les vignobles dans diverses régions du Canada, ainsi que les fourchettes de prix et les variations en pourcentage.

* Cette fourchette de valeurs est représentative de 90 % des ventes dans chacune des régions et exclut les tranches supérieures et inférieures de 5 %.

Source : FAC

Colombie-Britannique

Après une saison 2024 dévastatrice, les inscriptions au programme de replantation des vignobles sont maintenant complètes, le programme est en cours et l’évaluation des dommages est terminée. Heureusement, il n’y a pas eu d’autres dégâts cet hiver. La récolte de l’année dernière a été modeste, les graves événements météorologiques ayant eu des répercussions sur les régions et les variétés dans toute la province. Cependant, la valeur des vignobles de l’Okanagan est restée stable, sans aucune fluctuation. Dans le centre de l’Okanagan (Kelowna), la valeur s’est maintenue, tandis que dans les régions du Sud, on observe un recul des marchés. En particulier, la valeur des terres servant à la production de cerises est actuellement égale ou supérieure à celle des terres à vignes dans toute la région, alors que par le passé, les terres à vignes se vendaient à prix plus élevé.

Les rendements des vergers devraient se situer dans la moyenne cette année encore. Cependant, en 2024, la dissolution de la BC Tree Fruits Cooperative a forcé de nombreux producteurs à faire des pieds et des mains pour trouver des solutions d’entreposage et d’emballage, ce qui a entraîné une hausse des investissements dans les installations à atmosphère contrôlée à usage privé. Au cours de l’année 2024, la valeur des terres à vergers a monté de 5,9 % dans la région de l’Okanagan et baissé de 5,0 % dans celle de Kootenay.

La récolte de bleuets de 2024 affichait une forte reprise dans toutes les régions. Les rendements ont augmenté et, bien que les prix aient fluctué en fonction des variétés et des conditions du marché, les rendements globaux étaient encourageants pour les producteurs. La valeur des terres à bleuets est restée stable, n’ayant pas fluctué en 2024. La variété a joué un rôle important dans les prix. Les bleuets Calypso, par exemple, ont connu une demande plus forte et des prix plus élevés que les bleuets Duke, surtout en raison des niveaux d’approvisionnement au moment de la récolte. Les perspectives sont prometteuses pour la nouvelle saison. L’état actuel des cultures laisse présager une autre très bonne année de production. En ce qui concerne les prix, les premières indications penchent vers la stabilité, avec la possibilité d’une légère hausse. Comme toujours, la dynamique du marché et les conditions météorologiques auront le dernier mot, mais pour l’instant, les producteurs de bleuets ont des raisons d’être optimistes.

Depuis près d’une décennie, les prix des fruits progressent dans l’ensemble (figure 1). Cette progression ne reflète pas la hausse des coûts des intrants qu’ont connue les producteurs ces trois dernières années, hausse qui a nui à la rentabilité. Dans le graphique qui suit, les cerises volent la vedette, leurs prix déjà plus élevés ayant encore monté en raison de la très petite récolte mise en marché à la suite de l’hiver rigoureux qu’a subi la région de l’Okanagan en 2024.

Figure 1 : Prix canadiens moyens au kilogramme des pommes, des bleuets en corymbe, des bleuets sauvages, des raisins et des cerises

La figure 1 est un graphique linéaire montrant l’évolution des cerises, des bleuets en corymbe, des raisins, des bleuets sauvages et des pommes durant la période de 2015 à aujourd’hui. Pendant cette période, la plupart des prix des fruits ont augmenté.

Sources : Statistique Canada et FAC

Ontario

La valeur des terres à vignobles de l’Ontario est restée stable, n’affichant aucune variation en 2024. La saison de croissance chaude et sèche en Ontario, en particulier dans la région du Niagara, a entraîné une récolte précoce et une qualité de fruit généralement élevée. Les températures estivales ont été supérieures à la moyenne, ce qui a accéléré la maturation et la progression de la teneur en sucre des fruits. La saison de récolte sèche a permis de prolonger la période de maturation et de profiter de conditions de récolte optimales. L’optimisme règne toujours dans l’industrie, ce qui alimente les activités d’expansion stratégique, notamment dans les cas où les agriculteurs louent des terres voisines depuis des années ou voient une bonne occasion de consolider leurs activités. Les transactions se font de plus en plus entre agriculteurs.

Québec

L’an dernier, la récolte de bleuets a été moyenne au Québec et présentait une grande variabilité en raison du gel tardif du printemps et de la sécheresse de l’été, qui ont réduit la taille des fruits. Les problèmes d’insectes dans la région du Lac-Saint-Jean ont aggravé la situation. La valeur moyenne des terres agricoles consacrées à la culture des bleuets s’est accrue de 3,6 % en 2024.

La récolte de pommes au Québec a largement dépassé les attentes en 2024, atteignant un résultat remarquable de 124 382 tonnes, une progression par rapport aux 93 145 tonnes récoltées en 2023. Il s’agit du meilleur rendement depuis une décennie. Les conditions météorologiques favorables, soit des précipitations équilibrées et des températures modérées, ont permis d’obtenir à la fois un volume élevé et une excellente qualité de fruits, une combinaison peu commune. Le début précoce de la récolte a également permis aux producteurs de bénéficier d’une excellente synchronisation avec le marché. Les ventes de terres à vergers étant très restreintes, nous ne sommes pas en mesure de publier des chiffres précis, mais les valeurs affichent une tendance à la hausse dans cette province.

Nouveau-Brunswick

Les producteurs de bleuets sauvages du Nouveau-Brunswick ont connu une saison difficile. Malgré les rendements moyens, l’année a été ardue pour les producteurs de bleuets en ce qui concerne les prix. Pour aggraver le problème, les prix ont chuté sur le marché, ce qui a exercé des pressions financières sur l’ensemble du secteur. Pendant cette période, la valeur des bleuetières est restée stable, n’ayant pas fluctué en 2024.

Nouvelle-Écosse

Les producteurs de bleuets de la Nouvelle-Écosse ont connu une autre année difficile en 2024, car les prix à la livre toujours bas ont pesé sur la rentabilité. L’activité de vente a été minime pour les terres à bleuetières, et il n’y a eu aucun changement notable dans la valeur par acre.

Les vignobles de la Nouvelle-Écosse ont repris la production à plein régime après le vortex polaire. Les producteurs sont optimistes, car les vignes se rétablissent et les rendements reprennent leur élan. Toutefois, la prochaine récolte aura une influence déterminante sur l’orientation des décisions d’investissement dans la région.

En 2024, les producteurs de pommes de la vallée de l’Annapolis ont obtenu des récoltes abondantes, mais la baisse des prix du marché a entraîné une diminution des revenus totaux. Si les valeurs foncières sont restées inchangées, la dynamique commerciale suscite de plus en plus d’inquiétudes.

En conclusion

L’année qui vient de s’écouler a été marquée par d’importants problèmes météorologiques et défis de production qui ont eu un impact sur les rendements de la production fruitière. Malgré ces difficultés, la valeur moyenne des terres fruitières est restée stable, seul un léger fléchissement ayant été observé. En cette période de floraison, nous espérons que les récoltes de fruits seront fructueuses.

Article par : Megan Mailloux AACI, P. App., analyste de données