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Perspectives de 2022 pour les secteurs bovin et porcin

8 févr. 2022
7,5 min de lecture

Les Services économiques de FAC vous aident à comprendre les enjeux et les principales tendances économiques susceptibles d’avoir une incidence sur votre exploitation en 2022.

Perspectives agroéconomiques de FAC pour 2022

Regardez un enregistrement du webinaire Perspectives agroéconomiques de FAC pour 2022 qui porte sur les principaux moteurs économiques et les grandes tendances à surveiller au cours de la prochaine année.

Voici les trois grandes tendances à surveiller pour les exploitations bovines et porcines :

  • Les importations de viande rouge de la Chine et ses efforts pour reconstituer son cheptel porcin

  • Les coûts des aliments pour animaux

  • La stabilisation de la demande de viande rouge

Encore une fois cette année, les marges seront inégales dans le secteur bovin; celles des éleveurs-naisseurs seront positives et celles des engraisseurs seront sous pression. Les prix augmenteront d’une année sur l’autre et seront supérieurs à leur moyenne respective sur cinq ans (tableau 1). Cependant, la hausse soutenue des coûts des aliments pour animaux porte un dur coup à la rentabilité, et continuera de l’affaiblir.

Tableau 1 : Les prix du bétail (en dollars par 100 lb) devraient s’améliorer d’une année sur l’autre et excéder leur moyenne sur cinq ans

Graphique montrant que les prix du bétail (en dollars par 100 lb) devraient s’améliorer d’une année sur l’autre et excéder leur moyenne sur cinq ans.

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, CanFax, CME Futures et calculs effectués par FAC.

Les prix moyens des porcs devraient augmenter en 2022, tant en glissement annuel que par rapport à leur moyenne sur cinq ans, ce qui aidera les exploitations d’élevage de porcelets sevrés à obtenir des marges positives. Toutefois, les exploitations de naissage-finition de l’Est bénéficieront plus d’un avantage relatif lié aux coûts des aliments pour animaux que celles de l’Ouest, où la rentabilité pourrait être mise à l’épreuve.

À la fin de l’année dernière, un taux accru de placement des bovins a donné lieu à une offre abondante de bovins gras au début de 2022. Toutefois, en raison des coûts élevés des aliments pour animaux, les bovins gras se vendront à un poids moins élevé, ce qui nous conduit à prévoir que la production bovine canadienne atteindra 6,4 milliards de livres en 2022, ce qui représente une diminution de 2,5 % d’une année sur l’autre. Ce facteur, conjugué à des stocks de début de campagne moins abondants, assombrit les perspectives pour les exportations en 2022.

La production porcine, qui devrait s’établir à 6 milliards de livres en 2022, est stable par rapport au niveau de 2021.

Trois tendances à surveiller en 2022

1. Les répercussions de la PPA et les efforts de la Chine pour reconstituer son troupeau porcin

En 2022, la production porcine de la Chine devrait croître [en anglais seulement] d’une année sur l’autre, et la production de viande de porc progressera de 5 %, ce qui représentera une deuxième hausse annuelle consécutive (figure 1), après que la faiblesse des prix et les éclosions de maladies aient entraîné une augmentation des abattages d’une année sur l’autre en 2021. Les importations de viande de porc diminueront étant donné que la production intérieure devrait permettre aux approvisionnements totaux de viande de remonter vers les niveaux antérieurs à la peste porcine africaine (PPA), mais elles demeureront élevées par rapport aux niveaux historiques. En 2021, les importations ont chuté de 16,7 % par rapport à la forte hausse observée en 2020, et elles devraient diminuer d’encore 4,5 % en 2022. La croissance des importations de bœuf d’une année sur l’autre devrait se poursuivre pour une deuxième année consécutive; l’USDA prévoit qu’elles croîtront de 10,2 % en 2022, après une croissance de 65,5 % en 2021.

Figure 1 : La croissance de la production porcine de la Chine en 2022 devrait limiter les importations de porc; les importations de bœuf continuent de croître

Graphique montrant que la croissance de la production porcine de la Chine en 2022 devrait limiter les importations de porc; les importations de bœuf continuent de croître.

Source : USDA

Selon certains commentateurs [en anglais seulement], la Chine peine à atteindre sa cible de production de viande depuis plusieurs années. Certaines estimations chinoises indiquent qu’en suivant leur plan d’élevage quinquennal, les éleveurs chinois ne renoueront avec leur niveau de production de 2014 qu’en 2025, principalement en récupérant la production porcine perdue à cause de la PPA. Le plan national prévoit une plus grande autosuffisance en matière d’élevage et de production de viande, objectif discutable compte tenu de la superficie de terre et des réserves d’eau propre dont dispose la Chine.

La production porcine de la Chine risque d’être paralysée à court terme tandis que les maladies continuent à faire des ravages et que le troupeau de truies n’est pas encore pleinement reconstitué, ce qui devrait créer des débouchés pour les exportateurs canadiens. Les importations chinoises de porc canadien ont explosé en 2020 (figure 2). Puis, elles ont diminué de 54,9 % d’une année sur l’autre en 2021, mais sont demeurées supérieures de 65,7 % à leur moyenne des cinq années précédentes. Il en va de même du Japon, marché vers lequel les exportations demeuraient supérieures de 16,9 % à leur moyenne sur cinq ans malgré une diminution d’une année sur l’autre. Les exportations vers nos autres principaux marchés extérieurs ont crû en 2020 et ont poursuivi leur croissance en 2021, ce qui indique que la demande mondiale de porc demeure élevée et qu’elle devrait alimenter une croissance des prix dans un avenir prochain.

Figure 2 : La croissance des exportations canadiennes de porc vers les États-Unis et d’autres marchés observée en 2021 contrebalance la diminution des exportations vers la Chine

Graphique montrant que la croissance des exportations canadiennes de porc vers les États-Unis et d’autres marchés observée en 2021 contrebalance la diminution des exportations vers la Chine.

Source : Statistique Canada
Comprend les codes SH 0203, 020630, 020641 et 020649
* de janvier à novembre, inclusivement

2. La disponibilité et les prix des aliments pour animaux au Canada

Si les coûts des aliments pour animaux demeurent supérieurs à leur moyenne sur cinq ans dans l’Est et dans l’Ouest du Canada en 2022, ils devraient diminuer d’une année sur l’autre (tableau 2).

Tableau 2 : Les prix des aliments pour animaux devraient diminuer en 2022

Coûts des aliments pour animaux Prévisions 2022 $/tonne 2021 $/tonne Moyenne sur 5 ans
Orge fourragère (AB) 330 375 265
Maïs (ON) 280 305 220

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, CanFax, CME Futures et calculs effectués par FAC.

À mesure que les prix du bétail augmentent et que les coûts des aliments pour animaux diminuent, les ratios bétail-aliments dans l’Est et dans l’Ouest du Canada devraient s’améliorer modérément. Dans le cas des bovins, l’amélioration des prix prévue en 2022 ne sera pas suffisante pour contrebalancer la hausse marquée des coûts des aliments observée en 2020 et en 2021, et ce, malgré une stabilisation des prix des aliments pour animaux en 2022. Le ratio prix-aliments pour animaux devrait demeurer stable et être inférieur à celui des deux dernières années (figure 3).

Figure 3 : Les prix des bovins ont diminué par rapport aux prix des aliments pour animaux

Graphique montrant que les prix des bovins ont diminué par rapport aux prix des aliments pour animaux.

Source : Calculs effectués par FAC

3. La demande intérieure de viande rouge devrait progresser en 2022

Entre 2015 et 2019, la croissance annuelle moyenne de la consommation des deux viandes rouges au Canada s’est établie à ‑1,0 % dans le cas du porc et à 1,0 % dans le cas du bœuf. En 2020, l’offre intérieure de porc d’une année sur l’autre a diminué, alors que l’offre de bœuf est demeurée stable.

Des estimations provisoires indiquaient une diminution de la consommation de bœuf au Canada en 2021, mais il pourrait s’agir d’une anomalie passagère qui se corrigera en 2022. En effet, la consommation intérieure a augmenté progressivement au cours des cinq années précédentes et s’est stabilisée en 2020. La consommation de porc a diminué de 10 % d’une année sur l’autre en 2016, faisant diminuer la moyenne sur cinq ans, puis elle s’est redressée rapidement entre 2017 et 2020. Cependant, la première année de la pandémie a été exceptionnelle avec la chute soudaine de la consommation de porc – et si la consommation de viande rouge diminue en 2021, le tableau risque d’être encore plus sombre.

Malgré tout, la situation n’est peut-être pas aussi désespérante qu’elle le semble. En effet, la diminution de la consommation peut s’expliquer par la baisse de revenu des ménages parallèlement à une hausse des prix de la viande, par la fermeture des services de restauration et par deux années de forte croissance des exportations de viande rouge canadienne.

L’inflation des prix de détail en décembre s’est établie à 11,9 %. L’inflation des prix du bœuf et du porc atteignait 8,4 % en glissement annuel, ce qui est supérieur à l’inflation des prix d’autres protéines animales comme le poulet (6,2 %), les œufs (3,8 %) et les produits laitiers (3,0 %). L’inflation devrait diminuer au cours des prochains mois à mesure que divers problèmes dans la chaîne d’approvisionnement seront résolus. Il reste que les prix de la viande rouge vont sans doute se stabiliser à des niveaux élevés en raison des coûts accrus dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement ainsi que de la demande intérieure et mondiale vigoureuse.

Consultez notre blogue pour y lire la mise à jour des perspectives de 2022 pour les secteurs bovin et porcin, ainsi que nos perspectives pour les secteurs des céréales, des oléagineux et des légumineuses, des produits laitiers, et de la transformation alimentaire. Surveillez aussi la parution d’une analyse approfondie concernant les taux d’intérêt, les devises, et le PIB au début du mois de mars.

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.