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Mise à jour des perspectives pour le marché des intrants de culture de 2024 : les dépenses diminuent, mais demeurent élevées

14 févr. 2024
6,5 min de lecture

À l’approche du printemps, de nombreux producteurs s’affairent encore à élaborer et à achever leurs plans d’ensemencement. Le moment est donc bien choisi pour faire le point sur le marché des intrants de culture de 2024. Nous nous attendons à ce que les dépenses des exploitations agricoles diminuent par rapport à leurs sommets de 2023, mais à ce qu’elles demeurent élevées.  

Perspectives du marché des engrais  

Les prix des engrais continuent d’évoluer à la baisse sous l’effet de l’amélioration des stocks mondiaux conjuguée au fait que les marges agricoles plus serrées à l’échelle mondiale réduisent la demande. Toutefois, à l’approche du temps des semis en Amérique du Nord, nous nous attendons à ce que les prix augmentent légèrement à mesure que les producteurs déterminent et comblent leurs besoins en engrais (figure 1).   

Figure 1 : Tendance des prix des engrais au Canada et prévisions  

Figure illustrant les tendances historiques des prix des engrais au Canada et les prévisions pour 2024. 

Sources : Prix des intrants agricoles en Alberta et calculs effectués par FAC

Carburants et produits chimiques 

Un ralentissement soutenu de la croissance économique mondiale devrait entraîner une baisse de 3,2 % des coûts du diesel pour les exploitations agricoles en 2024. Les stocks de la plupart des produits agrochimiques ont augmenté étant donné que la production mondiale, en particulier en Chine, s’est rétablie et a rebondi à la suite des problèmes de la chaîne d’approvisionnement pendant la pandémie. L’augmentation des stocks a fait baisser les prix du glyphosate (figure 2).  

Figure 2 : Les prix des produits chimiques comme le glyphosate ont diminué  

Figure illustrant la baisse des prix du glyphosate 

Source : Prix des intrants agricoles en Alberta

Enjeux à surveiller : 

1. Prix des produits agricoles

Le déclin des prix des cultures et le resserrement des marges bénéficiaires qui en résulte sont susceptibles d’influer sur les décisions relatives aux intrants de culture. Contrairement aux années précédentes, les stocks mondiaux de la plupart des produits agricoles atteignent des niveaux qui semblent satisfaisants pour les marchés, et les prix n’ont pas à augmenter pour inciter les producteurs à accroître les superficies. Le choix des produits à pulvériser et du moment des épandages ainsi que la détermination des doses d’engrais demeureront des facteurs auxquels les producteurs accordent plus d’attention dans un contexte de resserrement des marges. En raison des marges restreintes des exploitations agricoles, une attention accrue sera portée aux décisions de gestion, notamment la détermination des doses d’engrais (principes 4B).   

2. Intentions d’ensemencement

Les premières estimations de 2024 d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et des Services économiques FAC montrent les changements potentiels des superficies ensemencées (figure 3). Les premières estimations de ‌Statistique Canada, qui sont fondées sur une enquête sur les intentions des producteurs, sont attendues le 11 mars. Les deux séries de prévisions montrent une certaine variation, mais tendent généralement dans la même direction. AAC prévoit une diminution des superficies de maïs, de canola, d’orge et de blé en général, malgré une légère augmentation des superficies de blé dur, alors que FAC s’attend à ce que ces superficies restent inchangées ou ne varient que légèrement (dans une proportion de 1 % ou moins). AAC et les Services économiques FAC prévoient, à des degrés variables, un accroissement des cultures d’avoine, de lentilles et de pois secs. AAC prévoit un rebond de 27 % des superficies d’avoine, après une baisse de 36 % en 2023. En ce qui concerne les lentilles, FAC prévoit une expansion de 3 % et AAC, de 8 %. De meilleures perspectives de prix et de faibles besoins en engrais pour les cultures de lentilles et de pois entraîneront probablement une hausse des superficies ensemencées. Les lentilles, les pois et le blé sont aussi des cultures qui tolèrent peut-être mieux la sécheresse tandis que l’avoine bénéficie de coûts d’intrants moins élevés.   

Figure 3 : Le modèle d’AAC concernant les superficies ensemencées prévoit une variation d’une année à l’autre supérieure à celle du modèle de FAC  

Sources : AAC et calculs effectués par FAC

Les conditions actuelles du marché ne sont pas favorables aux superficies de maïs. Des estimations préliminaires tirées des projections à long terme du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) indiquent que les agriculteurs américains ensemenceront 91 millions d’acres de maïs, soit une baisse de 4,1 % par rapport à 2023. La diminution des superficies de maïs est principalement attribuable à une augmentation des superficies de soya, s’élevant à 87 millions d’acres. Les superficies de blé aux États-Unis devraient aussi diminuer de 3,2 % après avoir atteint 49,6 millions d’acres en 2023. L’estimation des superficies de maïs par rapport aux superficies de soya aux États-Unis est un indicateur à surveiller, car tout écart par rapport aux attentes du marché pourrait avoir une incidence sur le prix des engrais. Le rapport sur les intentions d’ensemencement aux États-Unis sera publié le 28 mars 2024.  

3. Événements géopolitiques 

Plusieurs événements géopolitiques dans le monde continuent d’attirer notre attention. La guerre à Gaza et le conflit en mer Rouge, s’il s’étend à l’ensemble du Moyen-Orient, feraient grimper à la fois les prix de l’énergie et ceux des engrais. Le conflit en mer Rouge contraint les navires à contourner l’Afrique, ce qui ajoute de deux à trois semaines au trajet à parcourir. Plus ce conflit s’étirera, plus les coûts du transport maritime mondial risquent d’augmenter en raison d’une réduction de sa capacité.   

4. Surveillance d’El Niño et de la sécheresse

El Niño a contribué à l’hiver doux qui s’est installé dans la plus grande partie de l’hémisphère Nord, réduisant l’utilisation du gaz naturel et, par le fait même, les prix mondiaux du gaz naturel, y compris en Union européenne, ce qui pourrait inciter d’autres usines d’ammoniac à reprendre du service. La hausse des prix du gaz naturel dans les pays de l’Union européenne au cours des dernières années a fait diminuer les stocks mondiaux d’azote.  

Les chutes de neige peu abondantes et l’hiver clément que nous connaissons risquent de se traduire par un printemps hâtif et par des semailles précoces. Cela pourrait influer sur les décisions d’ensemencement (par exemple, les niveaux d’humidité) tout en accentuant la ruée sur les intrants de culture compte tenu de la plus longue période d’ensemencement. Les conditions de sécheresse [en anglais seulement] dans le Midwest des États-Unis affichent des signes précoces d’amélioration, mais les conditions météorologiques demeurent un élément important à surveiller partout en Amérique du Nord à l’approche du printemps.  

En conclusion

La demande d’intrants de culture sera influencée par les décisions d’ensemencement, alors que les producteurs s’adaptent aux prix plus faibles des cultures, à des marges plus serrées et à des conditions sèches. Les défis logistiques mondiaux, notamment la navigation en mer Rouge, constituent la plus grande inconnue pour les intrants de culture, et ce facteur pourrait faire augmenter les frais de transport mondiaux ainsi que les coûts des intrants de culture, ce qui freinerait la demande des exploitations agricoles. Dans un contexte de marges serrées, une attention particulière à la gestion des exploitations agricoles, y compris aux décisions relatives aux intrants agricoles, sera déterminante pour la réussite en 2024.  

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.