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Est-ce que la pénurie de main-d’œuvre va perdurer?

27 sept. 2022
4,5 min de lecture

La pénurie de main-d’œuvre est un sujet d’actualité qui ne date pas d’hier. Les problèmes d’accès à la main-d’œuvre sont particulièrement criants en transformation agroalimentaire et en agriculture. La pénurie s’est développée à cause de la croissance relativement faible de l’offre de main-d’œuvre par rapport à la demande en main-d’œuvre. Les départs à la retraite des baby-boomers et la faible croissance de la population sont les principales raisons de la faible croissance de l’offre de main-d’œuvre. Est-ce que la pénurie de main-d’œuvre va perdurer et même devenir plus sévère si les tendances actuelles se maintiennent?

Tendances actuelles de l’offre et de la demande de main-d’œuvre

Nous définissions ici l’offre potentielle comme la population active alors que la demande potentielle est la somme du nombre d’emplois occupés et des postes vacants. Nous parlons de demande et d’offre potentielle puisque nous faisons abstraction des salaires qui sont déterminés à l’intersection des courbes d’offre et de demande.

La figure 1 nous montre que l’écart entre l’offre potentielle et la demande potentielle de main-d’œuvre se rétrécit de plus en plus depuis 2011. Cette situation crée une tension grandissante sur le marché du travail. La figure 1 montre aussi des prévisions pour l’offre et la demande potentielle de main-d’œuvre. Les scénarios pour l’offre de main-d’œuvre proviennent d’une étude de Statistique Canada conduite en 2019. Nous avons produit des prévisions sur la demande potentielle de main-d’œuvre en considérant la croissance économique et nous faisons l’hypothèse que la COVID-19 n’a pas eu d’effet structurel sur le marché du travail. Peu importe le scénario considéré par rapport à l’offre potentielle, nous pouvons voir que l’écart continuera de se rétrécir.

Figure 1 : Évolution de l’offre et de la demande potentielle de main-d’œuvre au Canada

Graphique montrant : Figure 1 : Évolution de l’offre et de la demande potentielle de main-d’œuvre au Canada.

Sources : Statistique Canada et calculs de FAC

Conséquence de la rareté anticipée

Pour quantifier la rareté future de la main-d’œuvre, nous pouvons utiliser la relation inverse entre le ratio offre potentiel et demande potentielle (tout simplement ratio ci-après) et le taux de postes vacants. En effet, le ratio mesure la rareté relative de la main-d’œuvre alors que le taux de postes vacants quantifie l’impact de la rareté de la main-d’œuvre sur les employeurs. Lorsque le ratio diminue le taux de postes vacants a tendance à augmenter. Le ratio s’applique à tous les secteurs, mais impacte les taux de poste vacant différemment selon les secteurs à cause, entre autres, des conditions de travail spécifique à chaque secteur et de leurs distributions géographiques.

Le tableau 1 montre que nous pouvons nous attendre à une hausse des taux de postes vacants dans tous les scénarios de croissance pour l’offre de main-d’œuvre. Les prévisions dans le tableau 1 suggèrent que le taux de poste vacant pourrait diminuer entre 2021 et 2026. Cette prévision est faite sous l’hypothèse que les impacts de la COVID-19 sur le marché du travail sont transitoires et qu’ils se seront totalement estompés d’ici 2026. Si les impacts de la COVID-19 ne sont pas transitoires, nos prévisions sous-estiment les taux de postes vacants. Dans tous les cas, les entreprises canadiennes seront aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre grandissante dans tous les secteurs d’activité. Si les tendances de long terme se maintiennent, le taux de postes vacants en transformation agroalimentaire pourrait atteindre plus de 5 % et approcher 7 % en agriculture en 2031.

Tableau 1 : Taux de postes vacants selon le ratio offre et demande potentielle

Tableau montrant : Tableau 1 : Taux de postes vacants selon le ratio offre et demande potentielle.

Sources : Statistique Canada et calculs de FAC

Différences régionales et pistes de solution

Les données ci-dessus sont pour le Canada en entier et ne capturent pas les différences régionales. En particulier, au Québec et en Colombie-Britannique, les taux de postes vacants sont d’environ 6 % alors qu’ils sont inférieurs à 4,5 % pour les provinces des prairies selon les dernières données. Nous ne pouvons pas affirmer si ces différences régionales vont s’accentuer ou se résorber, mais selon notre analyse nous nous attendons à ce que les taux de poste vacant augmentent à travers le pays.

Quelles sont les solutions aux problèmes de manque de main-d’œuvre?

  • Réduction de la croissance de la demande de travailleurs par l’automatisation et l’agrandissement pour mieux exploiter des économies d’échelles. Cependant, avec les hausses récentes des taux d’intérêt, les entreprises seront moins portées à faire des investissements qui ne seront rentables que dans plusieurs années.

  • Augmentation de la croissance de l’offre de travailleurs par des politiques d’immigration facilitant la venue de travailleurs temporaires ou permanents. Dans le secteur agricole en particulier, la venue de travailleurs étrangers temporaires par l’entremise du Programme des travailleurs étrangers temporaires croitra tout probablement en importance dans les prochaines années étant donné la forte demande. Le recours à des travailleurs étrangers temporaires est toutefois coûteux pour les entreprises.

Les solutions proposées auront un impact à long terme et leur mise en œuvre ne peut pas trop tarder car la pénurie de travailleurs pourrait s’accentuer et devenir un obstacle à la croissance. Étant donné la situation actuelle et les prévisions à court ou à long terme mentionnées ci-dessus, les entreprises devront se démarquer et faire preuve de créativité pour attirer des travailleurs en offrant des conditions de travail avantageuses, y compris des salaires et des avantages sociaux compétitifs.

Article par : Antoine Duchaîne, Stagiaire économiste