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Les obstacles à la rentabilité abondent pour les éleveurs et les fournisseurs d’intrants

26 avr. 2022
6 min de lecture

Une forte demande de céréales fourragères à l’échelle mondiale, des fermetures liées à la pandémie de COVID-19, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, des inondations et une sécheresse, voilà seulement quelques-unes des difficultés de taille auxquelles les éleveurs et les fournisseurs d’intrants d’élevage ont dû faire face en 2021. La réserve limitée de céréales fourragères dans l’Ouest du Canada, alliée à la plus modeste récolte de foin au pays depuis 1950, a obligé les membres de l’industrie de l’élevage à faire preuve d’ingéniosité en ce qui concerne les rations, la demande accrue de compléments et les additifs alimentaires. Les fortes augmentations des prix du bois d’œuvre et du métal ont entraîné à la hausse les prix des matériaux de construction, ce qui a amené des producteurs à réévaluer leurs investissements. Les récentes tendances des prix des intrants d’élevage laissent entrevoir les tendances futures en matière de rentabilité.

La hausse des coûts des aliments pour animaux réduit les marges globales des producteurs

Malgré des rendements records pour le maïs dans l’Est du Canada, la chute de 35 % de la production canadienne totale d’orge a rendu très difficile pour les fabricants d’aliments pour animaux de s’approvisionner en céréales fourragères canadiennes. Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), cela signifie que les importations de maïs des États-Unis vers l’Ouest du Canada devraient atteindre un niveau jamais vu de quatre millions de tonnes pour l’année de culture 2021-2022. Les stocks limités de matières premières à l’échelle mondiale et l’incertitude accrue qui règne sur les marchés en raison de la guerre qui fait toujours rage en Ukraine ont suscité des questions au sujet de la disponibilité et des coûts futurs des céréales fourragères. L’impact net est une augmentation de plus de 50 % des coûts des rations depuis la mi-2020, et une hausse de 80 % des prix du foin de l’Ouest (figure 1).

Figure 1 : La hausse des prix des céréales fourragères fait grimper les coûts des rations des bovins d’élevage

Figure 1 affichée : La hausse des prix des céréales fourragères fait grimper les coûts des rations des bovins d’élevage

Source : Chicken Farmers of Ontario, étude sur le coût de la production laitière au Canada, Prix des intrants de culture en Alberta et calculs de FAC.

En réaction aux coûts élevés des aliments pour animaux et à la difficulté que représentent les aliments de moindre qualité, la demande pour l’ajout de compléments aux rations a augmenté. Des données sur les intrants agricoles en Alberta [en anglais seulement] révèlent qu’une demande plus forte a entraîné une augmentation modérée du prix moyen des compléments, soit 3,5 %, en février 2022 (figure 2). Les compléments permettent aux élevages de bétail d’utiliser des aliments de moindre qualité ou d’étirer leurs réserves d’aliments pour animaux et leur budget tout en continuant de répondre aux besoins alimentaires du bétail. Il convient de noter que l’augmentation des prix par rapport à la même période l’an dernier ne tient pas pleinement compte des répercussions de la sécheresse qui a sévi dans les Prairies. Les prix des compléments destinés aux parcs d’engraissement ont grimpé de 17 % en août 2021 par rapport au mois précédent, car les mauvaises conditions dans les pâturages ont obligé les grands éleveurs à déplacer les veaux plus tôt que prévu.

Figure 2 : Tendance à la hausse pour l’ajout de compléments dans tous les secteurs de l’élevage de bétail

Figure 2 affichée : Tendance à la hausse pour l’ajout de compléments dans tous les secteurs de l’élevage de bétail

Source : Prix des intrants de culture en Alberta, calculs de FAC.

Les difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement ont rendu les prix des matériaux et de l’équipement de construction très volatiles

Les prix des matériaux de construction sont une autre difficulté à laquelle le secteur de l’élevage a dû faire face. Au cours de la dernière année, les marchés du bois d’œuvre et de l’acier ont subi des changements importants, ce qui a créé de fortes fluctuations des prix des matériaux pour clôtures et de l’équipement (figure 3). Les prix du bois d’œuvre ont doublé à l’été 2021 et étaient de 23 % plus élevés en février 2022 qu’à la même période l’année précédente. Le prix du fil barbelé a bondi de 30 %, les poteaux de clôture et les barres d’armature ont augmenté de 10 %, tandis que le béton a diminué de 1 %. La montée des prix du bois d’œuvre et de l’acier a eu des répercussions sur les coûts de construction de nouveaux bâtiments agricoles.

Les presses à balles rondes n’ont augmenté que de 3 %, car la demande de presses à balles a chuté en raison de la sécheresse survenue l’année dernière. Cependant, les prix du fil barbelé et des poteaux de clôture ont augmenté considérablement tout au long de 2021 en raison des prix élevés du bois d’œuvre et de l’acier. Les occasions d’investissements devraient se faire moins nombreuses au cours des 12 prochains mois. En raison de la hausse des taux d’intérêt, investir dans les infrastructures coûte plus cher et les difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement continuent d’ajouter des coûts importants à la machinerie et à l’équipement. Les éleveurs de bétail pourraient devoir repousser leurs investissements en raison des marges qui se resserrent depuis trois ans.

Figure 3 : Matériaux et équipement de construction et pour clôtures

Figure 3 affichée : Matériaux et équipement de construction et pour clôtures

Source : Prix des intrants de culture en Alberta, calculs de FAC.

À quoi les fournisseurs d’intrants pour l’élevage devraient-ils s’attendre pour le reste de 2022?

Les fournisseurs d’intrants pour l’élevage ont évolué dans un marché très volatil en 2021, ce qui a provoqué des variations importantes des coûts assumés par les producteurs et de leurs possibilités d’investissement. Des récoltes abondantes en Amérique du Nord en 2022 permettraient de faire reculer un peu les prix des céréales fourragères et d’améliorer les marges globales dans le secteur de l’élevage. Néanmoins, les prix des céréales fourragères devraient se maintenir à des sommets historiques et les marges demeurer serrées, ce qui limitera la capacité des fournisseurs d’intrants pour l’élevage de répercuter des coûts supplémentaires.

Par ailleurs, les nuages qui assombrissent les perspectives de rentabilité sont peu susceptibles d’aboutir à une augmentation importante des résultats relatifs à l’élevage au Canada. Les débouchés des fournisseurs d’intrants devraient suivre une tendance latérale ou à la baisse en raison de la diminution des stocks bovins et porcins. Inversement, les débouchés dans les secteurs de la production laitière et de la volaille devraient augmenter à l’heure où la demande de services alimentaires remonte. La propagation de la grippe aviaire ajoute de l’incertitude aux perspectives pour les élevages de volailles en 2022.

Au cours des trois prochaines semaines, nous apporterons des mises à jour à nos perspectives de 2022 pour les secteurs des céréales, oléagineux et légumineuses, de la production laitière et de l’élevage bovin et porcin qui fourniront des renseignements supplémentaires sur les attentes en matière de rentabilité.

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.