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Mise à jour des perspectives de 2022 pour le secteur des céréales, des oléagineux et des légumineuses : trimestre volatil pour les prix des intrants et des céréales

19 juill. 2022
6 min de lecture

Voici la deuxième de trois mises à jour trimestrielles de nos perspectives de 2022 pour les principales grandes cultures, que nous avons publiées en janvier. Au cours des trois prochaines semaines, nous mettrons à jour les perspectives pour le secteur laitier et les secteurs bovin et porcin.

Les prix des cultures agricoles du Canada pour l’année commerciale 2022-2023 se sont améliorés par rapport à nos dernières perspectives. Tandis que les marchés se concentrent sur l’accès aux céréales ukrainiennes et russes, la hausse des prix des cultures pour l’année commerciale 2022-2023 compensera les conditions d’ensemencement difficiles au Canada et aux États-Unis. Les prix de la majorité des cultures ont diminué d’une année sur l’autre, mais ils demeurent supérieurs à leurs moyennes quinquennales et devraient le rester au cours des prochains mois (tableau 1).

Tableau 1 : Les prix des nouvelles récoltes ($/tonne) continuent de dépasser les attentes initiales

Tableau montrant Table 1: Les prix des nouvelles récoltes ($/tonne) continuent de dépasser les attentes initiales

Source : Calculs effectués par FAC

Les prix des produits agricoles redescendent aux niveaux antérieurs à l’invasion après la remontée du printemps

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a plongé les marchés céréaliers mondiaux dans le chaos, en particulier ceux du blé et du maïs. En mai, les prix à terme du blé affichaient une hausse de 61 % depuis le début de l’année, mais la faiblesse du marché attribuable aux craintes d’une récession au début du mois de juillet et les récoltes abondantes de blé de la Russie et de l’Australie ont fait contrepoids à cette hausse, de sorte que les prix ont crû de seulement 9 % depuis le début de l’année (figure 1). Les prix à terme du maïs, en hausse rapide, ont par la suite connu une baisse similaire durant la même période.

Les prix à terme des oléagineux ont aussi augmenté de façon marquée au printemps, mais ils ont chuté après l’ensemencement. En avril, les prix à terme du canola ont atteint leur sommet de 2022, soit 1 195 $ la tonne, pour ensuite dégringoler de 35 %; ainsi, en juillet, ils étaient inférieurs de 18 % au niveau du 1er janvier. Les prix à terme du soya de juillet sont supérieurs de 5 % au niveau du 1er janvier après avoir fléchi par rapport à leurs sommets du printemps.

Figure 1 : Les prix des contrats à terme à échéance rapprochée sont maintenant égaux ou inférieurs aux niveaux d’avant l’invasion (indexés au 1er janvier 2022, = 100)

Graphique montrant Figure 1: Les prix des contrats à terme à échéance rapprochée sont maintenant égaux ou inférieurs aux niveaux d’avant l’invasion (indexés au 1er janvier 2022, = 100)

Sources : Barchart et calculs effectués par les Services économiques de FAC

Malgré la faiblesse récente, les prix du canola, du blé, du maïs et du soya étaient toujours, au début du mois de juillet, en hausse par rapport à juillet 2021. Malgré l’importante volatilité observée au début de 2022, les prix de ces quatre produits agricoles sont particulièrement élevés à l’approche de la nouvelle récolte; tous sont supérieurs d’au moins 35 % aux niveaux de juillet 2020.

Diminution considérable des exportations de céréales de l’Ukraine

Si l’on s’attend à ce que la production céréalière ukrainienne diminue de 38 %, on prévoit une baisse encore plus marquée des exportations. L’incapacité d’expédier le grain à l’extérieur du pays se traduira probablement par une accumulation des stocks de céréales : on prévoit que les stocks à la fin de la campagne 2022-2023 seront supérieurs de 20 millions de tonnes aux niveaux d’avant la guerre. Ces stocks constitueraient une menace pour les prix sur les marchés internationaux des produits de base, peut-être pendant des années, s’ils n’étaient pas écoulés bientôt. La production nord-américaine pourrait aider à combler une partie du manque à gagner au chapitre des exportations.

L’accès aux céréales de l’Ukraine est difficile, les grands ports de la mer Noire étant bloqués ou endommagés. Les efforts déployés pour transporter les céréales par camion et par train ne rivaliseront pas avec l’efficacité des grands ports modernes. Ainsi, les exportations d’orge, de maïs et de blé de l’Ukraine diminueront de 51 % durant l’année commerciale 2022-2023, selon l’USDA (figure 2).

Figure 2 : Les exportations de céréales de l’Ukraine devraient diminuer de 51 % d’une année sur l’autre en 2022-2023

Graphique montrant Figure 2 : Les exportations de céréales de l’Ukraine devraient chuter de 51 % d’une

Source : USDA PSD

Les cultures agricoles canadiennes devraient demeurer rentables

Depuis la mise à jour de mai, les producteurs des Prairies sont confrontés à d’importants problèmes météorologiques. La partie est des Prairies a reçu des pluies excessives qui ont freiné l’ensemencement et contraint certains producteurs à laisser des acres en jachère. Dans l’ouest de la Saskatchewan, la sécheresse perdure, ce qui pourrait limiter le potentiel de rendement. Par contraste, l’Alberta a reçu des précipitations supérieures à la moyenne en juin, ce qui a amélioré les perspectives pour cette province. Pour les fermes qui obtiendront des rendements conformes aux tendances, la rentabilité de la récolte 2022-2023 s’annonce excellente (figure 3). Dans l’Ouest canadien, la rentabilité du canola, du blé de printemps et des lentilles s’est améliorée depuis la dernière mise à jour grâce à l’augmentation des revenus potentiels liée aux prix élevés des cultures, dépassant la hausse des prix des intrants. La hausse des prix de l’engrais est à l’origine de l’augmentation des coûts variables.

Figure 3 : Rentabilité projetée de cultures sélectionnées dans l’Ouest canadien

Graphique montrant Figure 3 : Rentabilité projetée de cultures sélectionnées dans l’Ouest canadien

Source : Calculs effectués par les Services économiques de FAC

Dans l’Est du Canada, une belle récolte de blé d’hiver est en cours ce mois-ci. Les marges devraient être solides, même si elles ont diminué depuis la dernière mise à jour (figure 4). Cette baisse est surtout attribuable à la diminution des prix du blé, et les prix des intrants (notamment ceux de l’engrais) ont aussi eu un impact sur les trois principales cultures dans l’Est du pays. Les marges du maïs et du soya demeurent favorables, à supposer que les rendements correspondent aux tendances, mais des pluies généralisées seraient bénéfiques.

Figure 4 : Rentabilité projetée de cultures sélectionnées dans l’Est du Canada

Graphique montrant Figure 4 : Rentabilité projetée de cultures sélectionnées dans l’Est du Canada

Source : Calculs effectués par les Services économiques de FAC

À quoi peut-on s’attendre au cours des prochains mois?

Durant la première moitié de 2022, de vives tensions mondiales et l’inflation ont créé de la volatilité pour les producteurs comme pour les consommateurs. Les stocks mondiaux dépendront des conditions de croissance en Amérique du Nord et de l’accès aux ports de l’Ukraine. L’arrivée incertaine des céréales ukrainiennes sur les marchés mondiaux est un facteur de risque important à l’approche de l’automne, et le grain canadien continuera d’être en demande de la part des marchés mondial et national. Les producteurs doivent continuer à gérer leurs dépenses d’intrants et profiter des remontées des prix pour gérer efficacement le risque du marché.

Justin Shepherd

Économiste principal

Justin Shepherd est économiste principal à FAC. Lorsqu’il s’est joint à l’équipe en 2021, il se spécialisait dans la surveillance de la production agricole et l’analyse des tendances de l’offre et de la demande à l’échelle mondiale. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Justin participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Il a grandi dans une ferme mixte en Saskatchewan et il est toujours actif au sein de l’exploitation agricole familiale. Justin est titulaire d’une maîtrise en économie appliquée et gestion de l’Université Cornell, ainsi que d’un baccalauréat en agroentreprise de l’Université de la Saskatchewan.