Mise à jour des perspectives de 2021 pour les secteurs bovin et porcin : de solides résultats sont attendus à la fin de l’année malgré les coûts élevés
Voici notre dernière mise à jour des perspectives de 2021 pour les secteurs bovin et porcin. Nous avons publié notre mise à jour des perspectives de 2021 pour le secteur des céréales, des oléagineux et des légumineuses il y a deux semaines, et la mise à jour des perspectives pour le secteur laitier a été publiée la semaine dernière. La semaine prochaine, nous mettrons à jour nos perspectives de 2021 pour le secteur du poulet à griller.
Nos prévisions de février laissaient entrevoir des prix du bétail qui ont tous été dépassés à ce jour. Les prix constatés en 2021 ont tous augmenté par rapport aux prix observés en 2020 (Tableau 1). Les prix des bovins et des porcins dans l’Est du Canada sont maintenant supérieurs à la moyenne sur cinq ans. Dans l’Ouest, les prix des bovins peinent à atteindre leur moyenne sur cinq ans en 2021, mais les données enregistrées depuis le début de l’exercice montrent que, de façon générale, les prix ont augmenté depuis 2020.
Les prix des porcs prévus pour le reste de la période de prévision devraient, pour la plupart, être inférieurs aux niveaux observés depuis le début de l’exercice. Les prix moyens des bovins pour le reste de 2021 sont en grande partie conformes à la moyenne cumulative depuis le début de l’exercice.
Tableau 1 : Les prix des bovins et des porcs ($/100 livres) devraient demeurer supérieurs aux prix de 2020 pour le reste de l’année
Ces prix contribuent à la faiblesse des marges des éleveurs-naisseurs observée depuis un an dans l’Ouest canadien. Il en va de même des coûts des aliments pour animaux qui ont été élevés durant l’été et qui continuent d’augmenter. Dans une grande partie des provinces de l’Ouest, la sécheresse a eu des répercussions négatives sur l’état des pâturages, sur les réserves d’aliments pour animaux et sur les approvisionnements en eau, ce qui met la rentabilité des engraisseurs à rude épreuve. Dans l’Est, les marges des éleveurs-naisseurs devraient être meilleures étant donné que les conditions de croissance ont été favorables.
Les ratios alimentaires sont en décalage avec les moyennes sur cinq ans
Le ratio bovin/orge prévu pour 2021 a diminué de 24,8 % sur 12 mois et de 44,7 % par rapport à la moyenne sur cinq ans (Tableau 1). Le ratio porc/maïs s’est aussi détérioré; il a chuté de 21,3 % sur 12 mois et de 27,2 % par rapport à la moyenne sur cinq ans.
La plus grande partie des importations canadiennes de maïs provenant des États-Unis est destinée aux provinces de l’Ouest, où les exploitants de parcs d’engraissement doivent composer avec les coûts de l’orge qui, en 2021, devraient grimper de 42,9 % par rapport à ceux de 2020 et de 59,1 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. Les prix du maïs ne sont pas plus avantageux. En effet, en 2021, ils devraient aussi grimper de 42,9 % par rapport à 2020 et de 53,8 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. Il en résulte un écart marqué entre les ratios bétail/aliments de l’Ouest et de l’Est (Figure 1), qui indiquent le nombre de boisseaux d’orge fourragère ou de maïs de catégorie 1 équivalant à 100 livres de porc vivant d’indice 100.
Figure 1 : L’écart entre les ratios porcs/aliments fait ressortir un avantage pour l’Est
Abattage de bovins
La sécheresse catastrophique de l’été dernier a contraint les éleveurs de bovins de la Colombie-Britannique jusqu’au nord de l’Ontario à trouver des aliments pour animaux et du fourrage auprès de fournisseurs éloignés, ce qui a accentué la hausse des coûts des aliments pour animaux qui étaient déjà élevés. Par ailleurs, l’assèchement des sources d’eau dans les provinces des Prairies a entraîné une augmentation des taux d’abattage. En cumul annuel pour la semaine qui s’est terminée le 16 octobre, les abattages de bovins ont augmenté de 9,3 % sur 12 mois et de 6,4 % par rapport à 2019. Les efforts de liquidation du troupeau déployés en juillet et en août ont contribué à atténuer les pressions sur les marges à court terme et n’ont pas entraîné de baisse substantielle des prix intérieurs jusqu’ici étant donné que la demande mondiale de bœuf demeure vigoureuse.
La demande d’exportation risque d’excéder l’offre de viande
En février, nous avons indiqué que la demande de viande rouge a une incidence déterminante sur la rentabilité des secteurs de la viande rouge du Canada, et la demande est demeurée vigoureuse toute l’année. Les valeurs du bœuf USDA Choice et des découpes de porc (qui constituent un bon baromètre de la demande de consommation et l’offre du secteur) demeurent nettement supérieures à leurs moyennes sur cinq ans. Au cours de la semaine qui s’est terminée le 5 novembre, la valeur des découpes de bœuf était supérieure de 35,7 % à la moyenne sur cinq ans (Figure 2), mais elle avait diminué par rapport au sommet atteint en août. La valeur des découpes de porc aux États-Unis a aussi diminué récemment par rapport au sommet de deux ans atteint en juin (Figure 3), mais elle demeure supérieure de 22,6 % à la moyenne sur cinq ans.
Figure 2 : Malgré les baisses de la valeur des découpes de bœuf aux États-Unis au printemps et à l’automne, la demande de bœuf reste vigoureuse
Figure 3 : La valeur des découpes de porc aux États-Unis en 2021 demeure supérieure à la moyenne sur cinq ans
Les résultats de la reconstitution du troupeau chinois après l’épidémie de peste porcine africaine influent grandement sur la demande mondiale de viande. L’USDA [en anglais seulement] prévoit que les importations du plus grand consommateur de porc au monde augmenteront graduellement en 2022. En 2021, la Chine devrait importer 5 millions de tonnes métriques de porc, ce qui est légèrement inférieur aux importations de 2021, qui ont atteint un record de 5,3 millions de tonnes métriques. Même si la demande de la Chine est robuste, des questions se posent sur la vigueur de l’économie chinoise dans un contexte de fortes tensions inflationnistes.
Les exportations de viande bovine pourraient ne pas suffire à la demande dans la mesure où la production mondiale devrait diminuer en 2021. Cela s’explique en partie par le volume de production de l’Australie qui atteint le niveau le plus bas en 23 ans, alors que les éleveurs de ce pays s’efforcent de reconstituer leurs troupeaux après la sécheresse.
En Asie, la demande de bœuf devrait demeurer vigoureuse et continuer d’apporter du soutien aux prix jusqu’à la fin de l’année. Même si l’on s’attend à ce que les importations de la Chine affichent une diminution sur 12 mois en 2021, la Chine demeurera le plus grand importateur de bœuf avec une proportion de 31,7 % de l’ensemble des importations prévues.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.