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Les répercussions de la COVID-19 sur les filières canadiennes du bœuf et du porc

31 mars 2020
5 min de lecture

Dans les prochaines semaines, l’équipe des Services économiques de FAC vous aidera à comprendre le contexte commercial en rapide mutation en raison de la COVID‑19. Devant les coûts croissants auxquels font face les familles et les coûts économiques associés qui sont potentiellement sans précédent, les banques centrales du monde entier travaillent maintenant de concert pour trouver des moyens de limiter les dommages.

Nous mettons à jour nos Perspectives pour 2020 pour le secteur de la viande rouge afin de tenir compte des changements qui façonnent maintenant le secteur bovin et le secteur du porc. En date du 24 mars, nous prévoyons que les prix moyens des bovins et des porcs tout au long de 2020 se stabiliseront essentiellement près des prix moyens observés en 2019. Toutefois, leur baisse par rapport à la moyenne sur cinq ans fait ressortir les difficultés qui frappent actuellement le secteur (tableau 1).

Les bouvillons gras de l’Alberta tendent maintenant vers un prix moyen de 152 $ par 100 livres pour 2020 et ceux de l’Ontario, vers un prix moyen de 146 $ par 100 livres. Cela représente une baisse de 2 % des prix moyens en 2020 pour les bovins de l’Alberta et une baisse de 1,4 % pour les bovins de l’Ontario depuis nos perspectives du mois dernier.

Les tendances observées pour le prix des bovins sont amplifiées pour les porcs. Nos tendances indiquent que les porcs d’engraissement de l’Ontario atteindront un prix moyen de 132 $ par 100 livres cette année, ce qui représente une baisse de 6,8 % depuis notre rapport de février tandis que les prix des porcs de marché devraient maintenant atteindre en moyenne 79 $ par 100 livres en 2020, soit une baisse de 5,0 %.

Tableau 1. En 2020, le prix moyen du bétail tend à être inférieur à la moyenne sur cinq ans, mais reste comparable à la moyenne de 2019

En 2020, le prix moyen du bétail tend à être inférieur à la moyenne sur cinq ans, mais reste comparable à la moyenne de 2019

Sources : Statistique Canada, USDA, CanFax, CME Futures et calculs de FAC.

Les prix au comptant et les prix à terme des porcs et des bovins gras ont baissé, ce qui s’explique en grande partie par les perturbations dans les fondamentaux de l’offre et de la demande au sein de la chaîne d’approvisionnement.

L’évolution de l’offre et de la demande a des répercussions sur les prix dans les secteurs de la viande rouge du Canada

1. L’offre devrait demeurer abondante tout au long de 2020

  • Le dernier rapport WASDE (World Agricultural Supply and Demand Estimates) prévoit une hausse de 2 % de la production de bœuf sur douze mois aux États-Unis en 2020. La production porcine devrait grimper de 4,9 % sur douze mois. Depuis l’éclosion de la pandémie, la production canadienne de viande bovine a augmenté, tant pour répondre à la demande actuelle que pour constituer des stocks de viande en prévision d’un éventuel ralentissement de la production.

  • Les marges solides des usines de conditionnement aux États-Unis portent la croissance de la production à des niveaux exceptionnellement élevés jusqu’ici cette année.

  • La dynamique actuelle du marché risque peu de contribuer à réduire les stocks abondants de protéines de l’Amérique du Nord. Le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) prévoit que les stocks de fin d’année de viande rouge des États-Unis seront stables en 2020.

  • Les usines de transformation revoient actuellement leurs pratiques pour protéger la santé de leurs employés et minimiser les interruptions de production. 

  • La frontière qui sépare le Canada et les États-Unis demeure ouverte. Par contre, la circulation continue du bétail, de la viande et des travailleurs pourrait être entravée tout au long de la pandémie. Dans les semaines à venir, nous en saurons plus au sujet d’éventuelles pénuries de main-d’œuvre qui risqueraient de provoquer des goulots d’étranglement dans le transport et les livraisons ou de perturber la production.

2. La demande mondiale et intérieure de viande rouge est incertaine

  • La demande mondiale de porc jouera un rôle clé en absorbant les stocks abondants et en soutenant les prix pour les éleveurs de porcs du Canada. Cette demande risque d’être très instable, du moins à court terme.

  • Une récession mondiale en 2020 limitera les dépenses des consommateurs consacrées à la viande rouge. Les échanges commerciaux accentueront ces influences baissières si la livraison et le transport internationaux subissent des perturbations ou des ralentissements.

  • Point positif possible : La demande de porc en Chine reste solide, ce qui s’explique par la production chinoise réduite en raison de la peste porcine africaine, conjuguée à une population qui se remet de la COVID‑19. La Chine s’est engagée à acheter plus de porc des États-Unis. Par ailleurs, l’économie chinoise commence lentement à se redresser maintenant que les cas de COVID‑19 semblent s’être stabilisés.

  • Les inquiétudes de l’Amérique du Nord concernant la pandémie ont initialement favorisé une hausse de la consommation de viande rouge. Plus de familles prenant leurs repas à la maison, la demande de bœuf en caisse carton a augmenté, mais a diminué dans les secteurs plus lucratifs de la restauration. Le mouvement destiné à accroître les options de livraison et de mets pour emporter pourrait aider à récupérer le manque à gagner. Toutefois, la consommation canadienne de viande dépend essentiellement de la stabilité des revenus des ménages, or, ceux-ci sont maintenant mis à rude épreuve.

x.com/jpgervais
Jean-Philippe (J.P.) Gervais

Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef

Jean-Philippe est Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef à FAC. Il offre des conseils qui aident à orienter la stratégie de FAC et qui servent à identifier les risques et opportunités dans l’environnement d’affaires. En plus d’agir comme porte-parole de FAC pour des questions économiques, Jean-Philippe offre ses commentaires sur les filières agroalimentaire dans des vidéos et le blogue des Services économiques FAC.

Avant de se joindre à FAC en 2010, Jean-Philippe était professeur d’agroéconomie à l’Université North Carolina State et à l’Université Laval. Jean-Philippe détient le titre de Fellow de la Société canadienne d’agroéconomie. Il a obtenu son doctorat en économique de l’Université d’Iowa State en 1999.