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Les investissements étrangers peuvent stimuler la superpuissance exportatrice du Canada

28 août 2018

Le Conseil consultatif en matière de croissance économique a fixé des objectifs ambitieux au système agroalimentaire du Canada, suggérant qu’il est possible que, dans le classement mondial des exportateurs, le Canada passe du 5e rang au 3e rang pour les produits agricoles, et passe du 11e rang au 5e rang pour les aliments. Le Conseil recommande une augmentation de l’investissement des entreprises canadiennes sur les marchés étrangers ainsi que l’investissement d’entreprises étrangères au Canada.

Une hausse des exportations et de l’investissement direct étranger (IDE) pourrait accroître la productivité du Canada, renforcer sa main-d’œuvre et contribuer davantage au produit intérieur brut (PIB).

Pour les entreprises canadiennes, la question est de savoir si ces deux objectifs sont complémentaires ou s’ils devraient être traités comme des substituts. Si les entreprises canadiennes investissent au pays pour accroître les exportations alimentaires, l’IDE dans les secteurs de la transformation alimentaire pourra-t-il augmenter simultanément?

Pourquoi nous faut-il des investissements étrangers?

Compte tenu de la vaste étendue des terres agricoles et de la population relativement faible du Canada, l’exportation est cruciale à la réussite de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire. Grâce aux gains de productivité réalisés pour tirer profit de ses ressources naturelles, le Canada se range maintenant parmi les plus importants exportateurs agroalimentaires.

Les résultats des exportations sont également liés à l’IDE. Les investissements canadiens à l’étranger (IDE sortant) peuvent faire augmenter les revenus (en anglais seulement) des entreprises canadiennes en stimulant les ventes des filiales dans les marchés internationaux, renforçant la compétitivité des entreprises au Canada.

Parallèlement, les entreprises étrangères qui investissent au Canada (IDE entrant) aident souvent à faire croître les exportations canadiennes dans les marchés étrangers, jusque-là inaccessibles. Elles renforcent les relations commerciales et apportent des connaissances qui permettent de développer une main-d’œuvre hautement qualifiée. Toutes ces contributions aident à établir des conditions favorables à la croissance future des exportations canadiennes.

Les investissements américains dans l’industrie canadienne de la transformation alimentaire ralentissent 

L’investissement étranger dans les entreprises canadiennes peut prendre deux formes : les investissements dans les installations nouvelles et les acquisitions d’entreprises canadiennes existantes. Les investissements dans les installations nouvelles aident à renforcer ou à accroître la capacité de production et peuvent impliquer des coûts d’infrastructure considérables, comme la construction de nouveaux biens matériels. Ils entraînent souvent des répercussions positives plus importantes sur l’économie canadienne que les fusions et les acquisitions.

L’investissement dans les installations nouvelles au Canada a crû et évolué au cours des dix dernières années. Entre 2005 et 2007, il totalisait 754 millions de dollars américains et s’élevait en moyenne à 34,3 millions par projet.

Pendant cette période, plus de la moitié de l’IDE en installations nouvelles provenait des États‑Unis. Toutefois, dix ans plus tard, les investissements des États-Unis ne représentaient plus que 22 % alors que ceux des autres pays étaient en progression. De 2015 à 2017, l’IDE en installations nouvelles au Canada a atteint 1,3 milliard de dollars américains (voir la figure 1).

Figure 1 : L’investissement des États-Unis dans les entreprises canadiennes diminue alors que celui des autres pays explose

Source : fDi Intelligence et calculs de FAC

L’Europe a détrôné les États-Unis en tant que plus important investisseur étranger au Canada, apportant plus de la moitié des investissements dans le secteur de la transformation alimentaire entre 2015 et 2017. Ce changement s’est produit dans la foulée des négociations commerciales entre le Canada et l’Europe, lesquelles ont abouti en 2014 à l’Accord économique et commercial global (AECG). Pendant que les investissements européens dans les transformateurs augmentaient, les exportations canadiennes annuelles vers l’Union européenne ont été d’au moins 200 millions de dollars de plus entre 2015 et 2017 qu’entre 2005 et 2007.

Pendant cette période, la Chine, en plein essor économique et à l’affût d’occasions d’affaires, a accru considérablement ses investissements dans le secteur canadien de la transformation alimentaire. Entre 2015 et 2017, l’IDE de la Chine a compté pour 20 % des investissements en installations nouvelles au Canada. Cela représente un autre exemple de la croissance simultanée des exportations et de l’IDE. Les exportations alimentaires canadiennes vers la Chine ont fortement augmenté pendant cet intervalle, passant d’une moyenne annuelle de 40 000 dollars canadiens entre 2005 et 2007 à 362 millions entre 2015 et 2017.

Pendant ces dix ans où l’investissement en installations nouvelles au Canada a augmenté et que ses sources se sont diversifiées, le produit intérieur brut généré par le secteur de la transformation alimentaire canadienne est passé d’un taux annuel moyen de 2,1 % à 3,8 %.

Augmentation de l’investissement en installations nouvelles et diversification de ses sources au Canada alors que l’apport du secteur de la transformation alimentaire au PIB passe d’un taux annuel moyen de 2,1 % à 3,8 %.

Les préférences des consommateurs influencent les investissements étrangers 

Répondant à la tendance croissante des Canadiens à préférer les aliments santé, les investisseurs étrangers en nouvelles installations misent davantage sur le secteur de la transformation des fruits et légumes depuis 2005. Les avancées technologiques ont également contribué à changer la composition des investissements, la plus grande variété de produits à valeur ajoutée attirant l’investissement étranger dans le secteur laitier canadien.

Figure 2 : Les tendances d’IDE entrant reflètent l’évolution des préférences alimentaires

Source : fDi Intelligence et calculs de FAC

L’IDE entrant au Canada est dominé par l’investissement dans les installations nouvelles

Tout effort visant à promouvoir à la fois les exportations et l’IDE au Canada qui résulte des recommandations du Conseil pourrait entraîner des gains encore plus importants pour l’industrie de la transformation alimentaire au cours de la prochaine décennie. L’IDE entrant favorise la croissance économique des différents secteurs tout en intensifiant la concurrence intérieure et en entraînant une baisse des prix au détail. La dernière décennie a démontré qu’une croissance simultanée des exportations alimentaires canadiennes et de l’IDE était possible, ce qui appuie les objectifs jumelés du Conseil.

C’est maintenant le moment d’agir.

Le Canada est manifestement prêt à faire des affaires, mais son taux de croissance actuel de 2 % en investissement étranger est inférieur au taux moyen des membres de l’OCDE, lequel est de 7 %. En outre, les autres principaux pays exportateurs d’aliments ont une plus grande proportion d’investissements en installations nouvelles par rapport à leur IDE entrant que le Canada. Étant donné l’avantage additionnel qu’il apporte au volume d’exportation, l’investissement dans les installations nouvelles pourrait aider le Canada à atteindre les objectifs fixés par le Conseil et donner un élan à long terme au PIB généré par l’industrie de la transformation alimentaire.

La semaine prochaine, nous explorerons l’IDE du Canada à l’étranger et son influence sur les exportations.

Article par : Tyler Betcher, Économiste agricole

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