Les hausses de taux d’intérêt ne sont pas toutes équivalentes
Les hausses de taux d’intérêt sont déstabilisantes. Elles peuvent faire dérailler les budgets de trésorerie et imposer un rajustement au niveau de la valeur et de la composition des éléments de passif à court et à long terme. Elles peuvent en outre faire baisser la demande de terres agricoles, ce qui a un impact sur la valeur de l’actif des exploitations. Essentiellement, les taux d’intérêt – ainsi que tout changement à ces taux d’intérêt – se répercutent sur le bilan.
La Banque du Canada a haussé son taux du financement à un jour quatre fois depuis notre évaluation des actifs et de la dette agricoles en 2017, ce qui accroît le risque d’une perturbation et d’un affaiblissement du bilan sectoriel.
Pourtant, je suis convaincue que le secteur agricole canadien sera en bonne position pour finir l’année 2018 et que l’année 2019 commencera sur une bonne note. Je serai peut-être contrainte de changer d’avis, mais quoiqu’il advienne, la faiblesse relative des taux d’intérêt avant les récentes augmentations influencera l’ampleur de l’impact des hausses sur la santé financière globale du secteur. De surcroît, le bénéfice net élevé des dernières années atténuera également les séquelles des hausses de taux.
Un bilan solide peut aider l’#AgCan à tolérer les hausses potentielles de taux d’intérêt.
La valeur nette de l’agriculture canadienne augmente parallèlement au revenu agricole
La valeur nette, ou les capitaux propres, de l’agriculture canadienne a progressé de manière impressionnante, passant de 91,9 milliards de dollars canadiens (G$) à la fin de 1987 à un record de 535,3 G$ en 2017 (Figure 1).
Valeur nette (capitaux propres) = actif - passif
Au cours de la même période, le revenu net comptant des exploitations agricoles canadiennes a plus que doublé, stimulant la demande de biens agricoles. La valeur de l’actif agricole a atteint 692,2 G$ CA en 2017, et comme la dette a progressé à un rythme raisonnable, la croissance de l’actif a entrainé une hausse de la valeur nette sectorielle.
Figure 1 : Les capitaux propres progressent de façon parallèle au revenu net comptant
Un bilan solide permettra au secteur agricole canadien de tolérer les quatre hausses de taux. Même si les marchés financiers estiment qu’il est presque certain que le taux du financement à un jour sera haussé le 23 octobre et qu’il y a 50 % de probabilités qu’une autre hausse survienne en janvier 2019, je ne crois pas que la menace que peuvent représenter des taux plus élevés se concrétisera.
Le bilan de l’agriculture fait preuve de résilience face à la hausse des taux d’intérêt
Bien que les taux d’intérêt en vigueur soient en hausse, ils sont encore assez bas pour avoir un impact relativement faible sur la santé financière globale du secteur agricole. En 2009, le taux d’escompte moyen au Canada a été ramené à 0,6 %, soit à son plus bas niveau historique (Figure 2). Il a depuis été maintenu en moyenne à 1,07 %, ce qui contribue à stimuler la demande de terres et d’autres biens.
Mais qu’en serait-il si le taux d’escompte moyen en 2017 avait été de 2 %? Une hausse de 50 points de base en 2018 porterait le taux moyen pour l’année à 2,5 %. Si l’on se rapporte à la relation illustrée à la figure 2 pour calculer l’impact hypothétique, l’ampleur des variations des valeurs de l’actif et du passif pourrait éroder jusqu’à 7 % des capitaux propres sectoriels.
Une même hausse de 50 points de base au taux d’escompte actuel de 1,07 % en 2018, ce qui porterait le taux moyen à 1,57 %, se traduirait par une diminution possible des capitaux propres de 1,3 %. Je dis bien « possible » puisqu’un revenu agricole élevé réduit l’impact d’une hausse des taux d’intérêt, et que je m’attends à ce que le bénéfice net en 2018 soit aussi solide qu’il l’était en 2017.
Figure 2 : Les capitaux propres augmentent lorsque le taux d’escompte du Canada diminue
Gérer les données financières dans un contexte de hausse des taux d’intérêt
Les facteurs financiers et économiques évoluent souvent en tandem. La connaissance des notions de base permet de mieux comprendre les résultats de différents scénarios :
Dans quelle mesure les bas prix des produits de base affaiblissent-ils votre fonds de roulement?
Avez-vous la possibilité de rallonger la période d’amortissement de vos prêts afin de réduire la pression qu’exercent les variations des flux de trésorerie?
Quel est l’effet de la hausse des coûts d’emprunt sur votre capacité de remboursement?
La hausse des taux d’intérêt est un rappel, voire un incitatif, à établir une bonne stratégie de gestion du risque. Pour obtenir d’autres conseils, n’hésitez pas à consulter votre comptable ou votre directeur des relations d’affaires FAC.
Économiste agricole
Amy s’est jointe à l’équipe des Services économiques de FAC en 2017 afin d’observer les tendances en agriculture et de cerner les occasions et les défis dans le secteur. Elle a grandi sur une ferme mixte familiale de la Saskatchewan, qu’elle continue de soutenir. Amy possède une maîtrise en économie appliquée et en gestion de l’Université Cornell ainsi qu’un baccalauréat en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.