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Les déterminants de l’offre et de la demande dans les marchés des produits de base

19 juin 2018

Les ratios stocks-utilisation mondiaux et américains sont des outils puissants pour comprendre les prochaines tendances des prix des produits de base. La commercialisation de ces produits requiert également de prévoir la volatilité des prix au fil de l’évolution des déterminants de l’offre et de demande.

Les tendances des prix offerts pour les céréales locales peuvent différer de celles des prix de référence américains en raison des déterminants de l’offre et de la demande près du point de production. On appelle « base » cet écart entre les prix locaux et les prix de référence américains (les prix à terme à Chicago, par exemple). La base représente la valeur du dollar canadien, les coûts de transport et la rareté du produit auxquels les acheteurs sont confrontés lorsqu’ils veulent acheter le produit de base.

Quels sont les outils utilisés pour comprendre les tendances entre les prix locaux et les niveaux de base?

La base est fonction de l’offre et de la demande

La production agricole peut varier considérablement, notamment en fonction des conditions météorologiques. Par exemple, l’année 2017 a été marquée par des conditions d’humidité excessive dans le centre du Canada, mais comparativement aux niveaux enregistrés en 2016, la production de maïs a été abondante en Ontario et relativement stable au Québec. La variabilité de la production de maïs a entraîné des niveaux de base très variés dans cette région.

Qu’est-ce que la base?

La base se définit comme la différence entre le prix de référence (habituellement le prix à terme) et le prix au comptant local. Elle représente les conditions locales actuelles de l’offre et de la demande. Une base peut être positive ou négative; elle est dite négative lorsque le prix au comptant local est inférieur au prix à terme, et positive lorsqu’il y est supérieur. On utilise couramment les termes « étroite » et « large » pour décrire les niveaux de bases. La base est étroite lorsque la demande est forte ou que les stocks sont à la baisse; le prix local tend alors à converger vers le prix à terme. La base est dite large dans le cas contraire, lorsque la demande locale est faible ou qu’il y a abondance de stocks; le prix local est alors inférieur au prix à terme.

1er exemple (prix à terme du canola)

Le contrat à terme à échéance en novembre pour le canola est de 511 $ CA la tonne, et le prix au comptant est de 492 $. Le prix au comptant est inférieur de 19 $ au prix à terme en novembre (492 $ – 511 $ = -19 $). La base est donc de -19 $.

2e exemple (prix à terme du maïs aux États-Unis)

À Chicago, le contrat à terme à échéance en décembre pour le maïs est de 3,98 $ US le boisseau. Si le dollar canadien vaut 0,77 $ US, le prix à terme en dollars canadiens sera de 5,17 $ le boisseau. Le prix au comptant à Chatham étant de 4,73 $, il est inférieur de 0,44 $ au prix à terme en décembre. La base est donc de -0,44 $.

 

Prix à terme à Chicago en décembre 2018 
3,98 $ US
Taux de change
0,77 $ US
Prix à terme du maïs en dollars canadiens  
5,17 $ CA
Prix au comptant à Chatham (Ontario)
4,73 $ CA
Base
-0,44 $ CA

En Ontario, dès la sortie du maïs nouveau de la moissonneuse-batteuse, la base est habituellement plus large et inférieure au prix à terme. Elle s’améliore en cours d’année, à mesure que les stocks de maïs diminuent pour l’utilisation interne et les exportations. Fait intéressant en Ontario, la base peut également passer de négative à positive (en anglais seulement) lorsque, plus tard dans l’année, la demande locale dépasse les stocks locaux.

Comment prévoir les tendances des niveaux de base? Le ratio stocks-utilisation du marché canadien est un bon point de départ. Un ratio serré suggère que la demande est forte ou que l’offre devrait être inférieure à celle des années précédentes. Dans ce cas, la base devrait être étroite. Au Canada, le ratio stocks-utilisation du maïs pour 2018-2019 devrait s’apparenter à celui de 2017-2018. Les prix locaux devraient néanmoins être plus élevés en raison de la valeur du dollar canadien.

Les tendances mondiales influencent les grandes cultures locales

Les prix à terme du canola se négocient en dollars canadiens, et la production au sud de la frontière est faible. Cependant, les tendances mondiales de la production de soya, notamment aux États-Unis et en Amérique du Sud, ainsi que du complexe oléagineux global, qui comprend l’huile de palme, influencent les prix du canola. Le prix local est fixé à un niveau attrayant pour un nombre suffisant d’agriculteurs vendeurs, tout en maintenant le canola concurrentiel par rapport à d’autres oléagineux mondiaux.

Des stocks de canola plus élevés que prévu élargissent la base, puisqu’une plus grande production rivalise avec la concurrence pour intéresser les acheteurs. Une demande régionale forte rétrécit le niveau de la base. Les niveaux de base des régions de l’ouest du Canada où opèrent des entreprises de trituration du canola sont plus étroits que dans d’autres régions des Prairies puisqu’elles se livrent la concurrence en approvisionnement stable et demeurent compétitives dans leurs offres pour le canola aux fins d’exportation – le second meilleur marché pour le canola. Des niveaux de base attrayants dans ces régions ont favorisé une production accrue de canola.

Selon les prévisions actuelles d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), les stocks de fin de campagne de canola au 31 juillet 2018 seront de 2,5 millions de tonnes métriques (Mt) et ensemble, le total des exportations et de l’utilisation intérieure s’élèveront à 20,3 Mt. Ces résultats sont fondés sur un ratio stocks-utilisation de 12,3 % en 2017-2018, soit légèrement plus élevé que la moyenne sur cinq ans de 11,1 %. Le marché pourrait battre en retraite à la campagne agricole 2018-2019. La demande élevée de canola, combinée à la diminution de 7 % des acres ensemencés projetée par Statistique Canada, porterait le ratio stocks-utilisation à 7,4 %. Il subsiste actuellement des doutes sérieux quant à la superficie réelle de canola pour 2018.

Des déterminants locaux influencent la base

En règle générale, les offres pour les grandes cultures peuvent être attrayantes à cette période de l’année, quoique légèrement volatiles à mesure que les conditions d’ensemencement changent, que les cultures croissent et que nous approchons du début de la nouvelle campagne agricole. Il faut beaucoup de planification pour surveiller les offres locales pour les céréales, parce que dès que les acheteurs céréaliers se seront procuré suffisamment de céréales pour attendre aux nouvelles récoltes, la demande et les niveaux de base pourraient changer rapidement.

Ainsi, votre terminal céréalier local pourrait devoir remplir les rares derniers wagons-trémies d’un train bloc, et offrir un généreux incitatif sur la base pour un nombre restreint de tonnes. Lorsqu’il aura obtenu suffisamment de céréales pour remplir le train bloc, la base s’élargira de nouveau.

Pensez à l’échelle mondiale, mais fixez des prix locaux

Les prix des produits agricoles canadiens sont établis en regard du contexte mondial. L’interprétation des déterminants de l’offre et de la demande à l’aide des ratios stocks‑utilisation illustre les tendances des prix de ces produits dans les marchés de référence. Les déterminants locaux de l’offre et de la demande sont particulièrement importants pour élaborer un plan de commercialisation et des stratégies de gestion du risque pertinentes qui tiennent compte de la volatilité.

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.