Le revenu d’appoint reste indispensable à l’économie agricole
Le revenu provenant d’activités non agricoles est une composante essentielle de presque toutes les exploitations agricoles canadiennes. Selon Statistique Canada, plus de 99 % des familles d’agriculteurs déclarent avoir une source de revenus non agricole, et quatre sur cinq déclarent avoir un revenu d’emploi. Les emplois à l’extérieur de la ferme apportent une stabilité au revenu familial et contribuent à pallier la variabilité des revenus agricoles. Avec un taux de chômage de 12,3 % en juin et une baisse du nombre d’heures travaillées, le ralentissement économique actuel aura une incidence négative sur les revenus des familles agricoles.
Le Grand Confinement a de graves conséquences sur l’emploi
Cette récession est pire que les autres en termes de pertes d’emplois (figure 1). L’emploi au Canada a diminué de plus de 15 % de février à avril et a rebondi avec de fortes hausses en mai et juin. En pourcentage du pic observé avant le début de la récession, le taux d’emploi global reste bien en deçà des creux enregistrés lors des trois récessions précédentes.
Figure 1 : Nombre de mois après le début de la récession pour que l’emploi retrouve son niveau d’avant la récession
L’influence du marché du travail est différente selon les secteurs agricoles
L’importance du revenu d’appoint diminue à mesure que le revenu agricole augmente. L’agriculture à temps partiel ou l’agriculture d’agrément seront les plus durement touchées par le choc que subit actuellement le marché du travail. Le revenu d’appoint représente 98 % du revenu familial net des exploitations dont le chiffre d’affaires brut est inférieur à 100 000 dollars (figure 2). Ces exploitations sont plus résistantes au choc que subit l’économie agricole, mais plus vulnérables à un choc économique global. Même les exploitations dont le chiffre d’affaires annuel brut se situe entre 500 000 et 1 million de dollars tirent en moyenne 40 % de leur revenu familial agricole d’activités non agricoles.
Le revenu d’appoint est plus important pour les exploitations bovines et les exploitations de fruits et légumes, et moins pour les exploitations porcines et les secteurs soumis à la gestion de l’offre. Le revenu d’appoint représentait les trois quarts du revenu familial net des exploitations bovines entre 2015 et 2017, contre 45 % pour les exploitations porcines et 35 % pour les exploitations laitières. Cependant, les pertes d’emplois attribuables à la crise économique provoquée par la COVID-19 font en sorte que, quelle que soit leur taille, les exploitations agricoles seront de plus en plus tributaires des revenus agricoles pour les dépenses courantes et pour honorer leurs dettes.
Figure 2 : Proportion du revenu familial agricole net généré par des activités non agricoles
Faut-il s’attendre à une reprise en forme de « V » pour le marché du travail?
Une reprise rapide de l’emploi est peu probable. La récente enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises indique que près de 60 % des entreprises s’attendent à ce que l’emploi revienne aux niveaux d’avant la pandémie de COVID-19 au cours des 12 prochains mois. Un rebond des ventes déclenchera une première vague de création d’emplois, mais l’emploi devrait ensuite se redresser à un rythme plus comparable à celui de la récession précédente. Ainsi, un premier rebond en « V » de l’emploi pourrait rapidement être suivi d’un ralentissement de la croissance de l’emploi, certaines entreprises étant confrontées à une nouvelle réalité économique (en anglais seulement).
Diverses stratégies sont envisageables pour atténuer les pressions sur le revenu agricole familial. L’une d’entre elles consiste à gérer les dépenses des ménages en tenant compte de la réduction des dépenses liées aux repas pris à l’extérieur, au carburant et au transport aérien. Les Canadiens prévoient également de réduire ces dépenses lorsque la vie reprendra son cours normal. Il est également prudent de retarder les dépenses en immobilisations, d’autant plus que certaines d’entre elles sont généralement engagées vers la fin de l’année pour bénéficier d’avantages fiscaux. La préservation du fonds de roulement est un élément clé pour surmonter cette période difficile.
Directeur principal des relations d’affaires
James Bryan s’est joint à FAC à titre d’analyste en économie agricole en 2011 et est maintenant directeur principal des relations d’affaires à Thornton, en Ontario. Il dirige également une petite exploitation agricole familiale. M. Bryan a obtenu un baccalauréat en sciences de l’environnement et une maîtrise en agroéconomie de l’Université de Guelph.