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La valeur des terres agricoles continue de progresser plus rapidement que les revenus agricoles

6 avr. 2020
3,5 min de lecture

Selon le plus récent rapport Valeur des terres agricoles de FAC, la valeur moyenne des terres agricoles canadiennes a augmenté de 5,2 % en 2019. Bien que la valeur moyenne se soit appréciée à un rythme moindre que les taux de croissance supérieurs à 10 % enregistrés entre 2011 et 2015, l’abordabilité des terres agricoles continue de décliner par rapport aux revenus agricoles.

Comment mesure-t-on l’abordabilité?

Sans référence à une « norme », l’abordabilité est un concept vague. Il y a quelques années, nous avons commencé à faire référence au lien entre les prix des terres agricoles et les recettes des cultures. Ce ratio prix/revenu mesure la valeur d’une terre agricole par rapport à son potentiel de générer des revenus.

Ratio prix/revenu = Prix moyen d’une terre agricole (par acre) / Recettes moyennes prévues (par acre)

Les recettes moyennes prévues sont calculées à l’aide des rendements prévus et des prix moyens que les producteurs prévoient toucher :

  1. Établissement d’une rotation des cultures « standard » représentative (l’on suppose une rotation maïs/soya en Ontario, ou une rotation canola/blé en Saskatchewan, par exemple);

  2. Utilisation de la moyenne des prix et des rendements des trois années précédentes pour chaque produit afin d’estimer les prix et les rendements prévus pour une année donnée.

Les terres agricoles de moins en moins abordables

Proportionnellement aux revenus, les terres agricoles de l’Ontario (Figure 1) et de la Saskatchewan (Figure 2) sont de plus en plus chères. La plupart des autres provinces connaissent une situation similaire, et 2015 a été une année charnière à ce chapitre. En effet, c’est en 2015 que le ratio prix/revenu a entamé sa montée au-delà de sa moyenne sur 15 ans, après plusieurs années de forte croissance des revenus, et cette tendance n’a pas ralenti, contrairement aux recettes tirées des cultures qui ont faibli. C’est ce qui a propulsé le ratio prix/revenu à un niveau record à la fin de 2019.

Figure 1 : Ratio prix/revenu prévu moyen en Ontario

Figure 1 : Ratio prix/revenu prévu moyen en Ontario

Source : Calculs effectués par FAC

Figure 2 : Ratio prix/revenu prévu moyen en Saskatchewan

Figure 2 : Ratio prix/revenu prévu moyen en Saskatchewan

Source : Calculs effectués par FAC

Des terres agricoles plus chères par rapport aux revenus bruts réels

Les ratios figurant ci-dessus sont fondés sur les prévisions des revenus des producteurs. Toutefois, de mauvais rendements ou des prix plus faibles au cours d’une année donnée peuvent augmenter la valeur d’une terre agricole par rapport aux revenus réels.

Les récentes conditions météorologiques difficiles ont rendu les terres agricoles plus chères par rapport aux revenus bruts réels. Ainsi, le ratio exprimant le rapport entre le prix moyen d’une terre agricole et les revenus réels par acre en Saskatchewan était de 4,4 en 2019, alors qu’en regard des revenus prévus, il était plutôt de 4,1.

L’utilisation des résultats prévus aide à comprendre la valeur accordée à une terre agricole par les acheteurs et les vendeurs en se fondant sur les revenus potentiels. Des années consécutives de revenus inférieurs aux prévisions peuvent influencer le comportement des acheteurs potentiels de terres agricoles.

Que nous révèlent les ratios prix/revenu au sujet des valeurs futures des terres agricoles?

De nombreux producteurs se demandent si les valeurs des terres agricoles viendront qu’à diminuer. Bien que cela ne soit pas impossible, une baisse des valeurs est peu probable. Selon les prévisions, les taux de croissance de la valeur des terres agricoles devraient continuer de ralentir en 2020, puisque des marges bénéficiaires plus serrées ont pour effet de diminuer la demande de terres agricoles.

Cependant, les taux d’intérêt devraient demeurer faibles dans un avenir rapproché, et l’offre de terres agricoles disponibles demeure plutôt restreinte. Ces facteurs soutiennent l’évaluation élevée des terres agricoles.

Évoluer dans une conjoncture économique incertaine

Nous vivons une période sans précédent. Le ralentissement économique de 2020 attribuable à la COVID-19 accroît la volatilité des prix des produits. La demande de ces produits pourrait fléchir en raison de la baisse des revenus des consommateurs, mais il se pourrait aussi que les prix fassent l’objet de pression à la hausse si les chaînes d’approvisionnement sont perturbées.

C’est pourquoi une planification stratégique et une bonne gestion du risque sont importantes :

  1. Rester au courant des tendances économiques.

  2. Estimer les revenus et les dépenses probables de votre exploitation agricole.

  3. Effectuer des analyses des flux de trésorerie et du fonds de roulement selon divers scénarios.

Ces mesures devraient orienter votre stratégie pour 2020 et laisser entrevoir des possibilités.

x.com/AndersonLeigh3
Leigh Anderson

Économiste principal

Fort de son expérience dans les marchés agricoles et la gestion du risque, Leigh Anderson est économiste principal à FAC. Il est spécialisé dans la surveillance et l’examen du portefeuille de FAC et de la santé de l’industrie, et il livre des analyses sur les risques liés à l’industrie. En plus de faire des présentations sur l’agriculture et l’économie, Leigh participe régulièrement au blogue des Services économiques de FAC.

Leigh est entré en fonction à FAC en 2015 au sein de l’équipe des Services économiques. Il œuvrait auparavant auprès de la Direction des politiques du ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan. Il est titulaire d’une maîtrise en économie agricole de l’Université de la Saskatchewan.