Des fraises aux lentilles : la diversité de la production alimentaire au Canada et les obstacles à l’autosuffisance
La pandémie de COVID-19 a ramené la question de la provenance des aliments à l’avant-scène. Produisant de nombreux produits agricoles en quantité supérieure à la consommation intérieure, le Canada est devenu un exportateur net d’aliments en 2019. Mais nous sommes aussi accoutumés à consommer des fruits et légumes frais à longueur d’année. Pour cette raison, les échanges commerciaux demeureront un élément essentiel de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire du Canada.
Créer un indice pour mesurer la dépendance aux échanges commerciaux
Un ratio de dépendance aux échanges commerciaux mesure la dépendance de l’industrie agroalimentaire du Canada aux échanges commerciaux en comparant les importations et exportations nettes à la consommation globale.
Une valeur de 0 indique que le Canada est autosuffisant, c’est-à-dire que la production intérieure correspond exactement à la consommation (Figure 1). Une valeur négative révèle que le Canada est un importateur net alors qu’une valeur positive dénote une position d’exportateur net.
Par exemple :
Une valeur de -2 signifie que les importations nettes du Canada sont deux fois plus importantes que sa production.
À l’inverse, une valeur de +2 signifie que les exportations nettes du Canada sont deux fois plus importantes que sa consommation.
Comme prévu, le Canada est autosuffisant dans les secteurs soumis à la gestion de l’offre où les ratios se situent près de 0.
Figure 1 : Ratio de dépendance aux échanges commerciaux
Des exportations nettes fortes et quelques produits dominant les importations nettes
La production canadienne de fraises et d’asperges fraîches ne répond pas à la demande globale. En effet, les ratios d’échanges pour ces produits sont de -7,5 et -3,15, respectivement.
Nous avons une offre excédentaire de porc, de lentilles et de sirop d’érable, comme l’indique le ratio d’échanges qui est bien au-dessus du seuil de zéro.
Les produits soumis à la gestion de l’offre ont un ratio près de zéro et souvent négatif puisque nous importons ces produits en plus grande quantité que nous les exportons.
Une position d’importateur net peut représenter une occasion. Les recettes monétaires du secteur du mouton et de l’agneau ont crû de 32 % au cours des dix dernières années. La pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif important sur la rentabilité du secteur, mais à long terme, l’évolution démographique du Canada et les tendances en matière de préférences alimentaires seront favorables à l’industrie. Une position d’importateur net peut également mettre en évidence les difficultés à rivaliser contre les principaux pays exportateurs en raison du climat et des coûts.
Une position d’exportateur net ne doit pas être tenue pour acquise. Les restrictions commerciales sont un risque majeur, particulièrement en cette période d’incertitude. Les restrictions à l’exportation d’aliments mises en place durant la Grande Récession de 2008-2009 ou récemment par la Russie et l’Argentine peuvent avoir des conséquences imprévues. Elles peuvent engendrer des flambées de prix qui poussent les pays qui dépendent des importations à promouvoir leurs propres systèmes alimentaires au détriment des importations. Les restrictions commerciales ont alors un effet négatif sur les grands exportateurs d’aliments comme le Canada.
La chaîne d’approvisionnement alimentaire du Canada est dépendante des échanges commerciaux. L’un des principaux risques à nos exportations et à l’abordabilité des aliments est la possibilité que les obstacles commerciaux entravent la libre circulation des biens dans le monde. Une solide reprise économique mondiale devrait soutenir la demande d’aliments canadiens partout dans le monde.
Directeur principal des relations d’affaires
James Bryan s’est joint à FAC à titre d’analyste en économie agricole en 2011 et est maintenant directeur principal des relations d’affaires à Thornton, en Ontario. Il dirige également une petite exploitation agricole familiale. M. Bryan a obtenu un baccalauréat en sciences de l’environnement et une maîtrise en agroéconomie de l’Université de Guelph.