Bilan de l’agriculture : la dette a augmenté plus vite que les capitaux propres en 2019
Le bilan de 2019 de l’agriculture canadienne révèle la santé financière du secteur à l’approche de la pandémie de COVID‑19. La capacité à couvrir les dettes à court terme avec des liquidités ou des actifs liquides a diminué en 2019, ce qui suggère une première ligne de défense plus faible pour les exploitations agricoles confrontées à des difficultés financières.
La solidité globale du bilan est également mesurée par le degré de levier financier dans le secteur. Le ratio de levier mesure le montant total de la dette de l’agriculture canadienne par rapport au total des capitaux propres. Cette équation est importante, car elle mesure la part de l’exploitation financée par les créanciers par rapport à l’exploitation elle‑même. Elle évalue également la capacité d’une exploitation à accéder aux capitaux et à affronter des difficultés liées à l’environnement d’exploitation.
Le ratio de levier de l’agriculture canadienne s’affaiblit
En 2019, la dette agricole a augmenté de 8,4 % pour atteindre 109,2 milliards de dollars, tandis que les capitaux propres agricoles ont augmenté de 18,7 milliards de dollars, soit 3,6 %, pour atteindre 546 milliards de dollars. En conséquence, le ratio de levier est passé à 0,2, ce qui signifie que 16,7 % des actifs de l’agriculture canadienne sont financés par la dette.
Les entreprises qui prennent de l’expansion ou qui font des investissements se retrouvent souvent avec un ratio plus élevé que celui‑là dans leur bilan. La nature des investissements occasionne également des différences entre les secteurs. Les données de portefeuille de FAC révèlent que l’exploitation agricole médiane de céréales et d’oléagineux avait un ratio de levier d’environ 0,8 en 2019. Le ratio médian de levier était d’environ 1,1 pour les exploitations avicoles.
C’est la cinquième année consécutive que le ratio de levier tend à augmenter. Il s’agit de son niveau le plus faible depuis 2010. Malgré le ratio de levier plus élevé, l’agriculture canadienne reste bien placée pour faire face aux défis potentiels en 2020, car les capitaux propres du secteur agricole sont cinq fois plus importants que la dette.
Ce que nous attendons de l’avenir
Le ratio de levier de l’agriculture canadienne devrait encore diminuer en 2020. La baisse des prix du bétail, les problèmes de main‑d’œuvre et les perturbations de la demande devraient occasionner une baisse des revenus agricoles et une augmentation des coûts d’exploitation. En conséquence, la demande de financement par emprunt restera forte.
À l’inverse, la baisse des revenus agricoles devrait ralentir l’appréciation de la valeur des terres agricoles et de l’ensemble des capitaux propres agricoles. FAC publiera à la mi‑septembre son évaluation de la valeur des terres agricoles de mi‑exercice – demeurez à l’affût.
Dans l’ensemble, les exploitations agricoles canadiennes ont accès au financement dont elles ont besoin pour faire face aux perturbations actuelles du secteur. Travaillez avec votre prêteur et votre comptable pour déterminer les ratios suggérés pour votre secteur d’activité et assurez‑vous de les comprendre en fonction de votre stratégie et des risques auxquels votre entreprise est exposée.
Économiste
Isabelle s’est jointe à l’équipe d’AgExpert de FAC en 2018 en tant qu’analyste, Formation et soutien des produits. Auparavant, elle a travaillé pour le Secrétariat d’adjudication des pensionnats indiens du gouvernement du Canada et géré des projets de recherche dans les secteurs de la production de bananes et de plantains en Afrique centrale et occidentale. Isabelle détient un titre professionnel en gestion de projets (PMP) du Project Management Institute, une maîtrise en gestion de projets de l’Université de Regina et un doctorat en économie rurale de l’Université catholique de Louvain, en Belgique.