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L’accroissement des recettes agricoles améliore les perspectives du secteur de l’agroentreprise

7 août 2019

L’équipe de l’Économie agricole de FAC jette un regard de mi‑année sur nos perspectives économiques de janvier 2019. Pendant les mois de juillet et août, nous ferons le point sur nos attentes au sujet de la rentabilité dans sept secteurs agricoles canadiens (soit les secteurs des produits laitiers, du poulet à griller, de la viande rouge, de la transformation alimentaire, de l’horticulture, de l’agroentreprise ainsi que le secteur des céréales, oléagineux et légumineuses). Nous décrirons ce qui s’est passé en 2019 jusqu’ici et ce que vous devriez surveiller au cours des six prochains mois.

Nos prévisions de janvier étaient exactes quant aux difficultés qui attendaient les agroentreprises canadiennes cette année. Comme prévu, le ralentissement qui afflige l’économie agricole des États-Unis depuis cinq ans a eu un impact accru sur nous en 2018. Le revenu monétaire net canadien a diminué pour la première fois en six ans, affichant la baisse la plus marquée depuis 2003. Nous prévoyons que, dans l’ensemble, les recettes monétaires agricoles* canadiennes remonteront en 2019 après avoir diminué légèrement en 2018.

Les éleveurs et les producteurs de cultures agricoles sont confrontés à des problèmes d’accès aux marchés internationaux depuis les douze derniers mois, et la nouvelle année a apporté de nouveaux problèmes de production ainsi qu’un resserrement des marges. Il en découle une diminution de la demande et des marges bénéficiaires pour les fabricants et les détaillants d’équipements et d’intrants agricoles, tendance qui devrait se maintenir jusqu’à la fin de 2019.

Équipement agricole

Entre janvier et juin, les ventes d’équipements (en anglais seulement) ont diminué par rapport à celles de l’année précédente; les ventes totales de tracteurs ont reculé de 7,0 %, les ventes de tracteurs à quatre roues motrices ont chuté de 34,8 % et les ventes de moissonneuses-batteuses ont diminué de 18,7 %. Cette tendance à la baisse s’estompera quelque peu durant la deuxième moitié de l’année, mais une reprise marquée des ventes en 2019 repose essentiellement sur une augmentation du revenu net et des recettes agricoles qui stimulerait la demande.

Intrants agricoles

Le marché des intrants a commencé l’année sur une bonne lancée : entre janvier et juin, les prix de l’engrais ont augmenté de 10,4 % en moyenne par rapport à la même période l’année précédente. Les prix des pesticides ont crû de 1,3 % en moyenne.

D’ici la fin de l’année, nous prévoyons que les prix de l’engrais demeureront assez stables, tendance attribuable à une baisse saisonnière, au taux de change et à la réaction prévue du marché à la piètre qualité des conditions de culture préliminaires. Les tendances météorologiques récentes à l’échelle des Prairies ont atténué en partie cette hésitation constatée en début d’année relativement à la demande d’intrants. L’excès d’humidité en Ontario, qui est à l’origine d’un accroissement des semis de soya et de variétés à cycle court au détriment du maïs et des variétés à cycle long, aura une incidence sur les stocks des détaillants.

Tendances à surveiller pour les agroentreprises

  • Les fluctuations du dollar canadien

  • La possibilité de bloquer les taux d’intérêt

  • Les mises à jour trimestrielles sur les recettes monétaires agricoles au Canada

Le ralentissement du début de 2019 interrompt les hausses de taux; le huard se maintient autour de 0,75 $ US

Les taux d’intérêt et la valeur du dollar canadien ont eu une incidence sur la rentabilité des exploitations agricoles et des agroentreprises canadiennes pendant la première moitié de 2019.

L’économie canadienne a enregistré une hausse du produit intérieur brut réel de 0,4 % au cours du premier trimestre de 2019, laquelle était précédée d’une hausse de 0,3 % observée au 4e trimestre de 2018. Selon la Banque du Canada (BdC), la croissance économique devrait s’accélérer pendant la seconde moitié de 2019, tandis que le taux d’inflation devrait demeurer autour du point médian de la fourchette cible (2 %) de la BdC.

Nos perspectives relatives aux taux d’intérêt de 2019 s’éloignent considérablement de la situation actuelle en raison du ralentissement de la croissance économique. Nous ne nous attendons pas à ce que la BdC hausse son taux directeur d’ici la fin de l’année 2019, bien que les marchés financiers laissent croire qu’une baisse des taux est possible. Il en découle une diminution des taux d’intérêt à long terme, ce qui offre aux entreprises la possibilité de bloquer à long terme des taux fixes historiquement bas.

Notre prévision de janvier d’un huard à 0,75 $ US en 2019 était en plein dans le mille jusqu’à la mi‑juin. Nous maintenons cette prévision, mais tout raffermissement du dollar canadien au cours des six prochains mois aurait une double incidence : diminution du coût de l’équipement et des intrants importés, et affaiblissement de la compétitivité du Canada sur le marché des États-Unis pour les exportations de produits et d’équipements agricoles.

Faisant preuve d’une certaine vigueur, l’économie américaine a affiché une hausse de 3,2 % de son produit intérieur brut réel pendant le premier trimestre de 2019, ce qui représente une performance économique comparable à celle de 2018. Toutefois, en mars, le président de la Réserve fédérale américaine a annoncé qu’il n’envisageait plus de hausser le taux directeur d’ici la fin de l’année, alors qu’il avait antérieurement prévu de le faire deux fois. Après la baisse des taux survenue en juillet, la Réserve fédérale américaine pourrait procéder à d’autres réductions des taux d’intérêt avant la fin de l’année. Des taux d’intérêt plus faibles aux États‑Unis pourraient faire bondir légèrement le huard.

À l’inverse, une baisse potentielle des prix du pétrole affaiblit les prévisions pour le dollar canadien. Des interruptions à l’approvisionnement et des mesures de contrôle de la production ont eu pour effet d’établir le prix du pétrole brut de la West Texas Intermediate (WTI) à 57 $ US en moyenne. Le prix de référence du pétrole brut canadien a également fait un bond par suite des réductions de production en Alberta plus tôt cette année. Néanmoins, la croissance économique mondiale s’est essoufflée (conformément aux prévisions du début d’année) en raison des tensions commerciales, lesquelles ont affaibli la demande mondiale de pétrole.

Achats d’intrants et d’équipements en 2019 : les producteurs font preuve de prudence

La diminution des recettes monétaires agricoles enregistrées en 2018 se traduit par l’accès à des flux de trésorerie moins élevés pour l’achat d’intrants et d’équipements en 2019. Les recettes des exploitations agricoles canadiennes doivent augmenter en 2019 afin de stimuler les achats d’équipements neufs, qui risquent malgré tout d’être inférieurs à la moyenne sur cinq ans.

Les tensions commerciales qui règnent dans le monde ne raffermiront pas la confiance des producteurs, mais la demande de la Chine et des conditions météorologiques changeantes pourraient favoriser une hausse des achats des producteurs.

Les tensions géopolitiques continuent d’alimenter l’incertitude

Après avoir intensifié ses importations de porc et de bœuf au début de 2019, la Chine a imposé des restrictions aux exportations canadiennes de canola, de porc et de bœuf. Les tarifs douaniers et la réduction des échanges commerciaux de produits agricoles entre les États-Unis et la Chine, lesquels ont fait chuter les prix du soya, du canola et de la viande rouge en 2018, continuent de se faire sentir en 2019. Les recettes monétaires agricoles enregistrées par le secteur canadien du porc au premier trimestre ont fléchi de 8,7 % par rapport à l’année précédente; dans le cas du soya et du canola, les recettes monétaires agricoles ont chuté de 22,3 % et de 11,1 % respectivement. Les tensions commerciales influencent aussi les perspectives de croissance de l’économie mondiale, des marchés de l’énergie et de la demande de produits agricoles.

La peste porcine africaine pourrait encore faire augmenter les recettes du secteur canadien de la viande rouge

La demande de viande de la Chine devrait croître alors que la peste porcine africaine a pour effet de faire diminuer l’offre intérieure. La consommation de viande de la Chine représente 27 % de la consommation mondiale de viande, dont environ 60 % est du porc. L’USDA prévoit que la Chine importera (en anglais seulement) des quantités records de porc, de bœuf et de poulet cette année, en hausse de 41 %, 15 % et 68 %, respectivement par rapport à l’an dernier. Ces projections s’appuient sur une réduction estimative de la production chinoise de porc de 10 % en 2019, laquelle réduction est relativement modeste et pourrait bien être plus importante. L’accroissement prévu de la production de bétail en Amérique du Nord afin de répondre à cette demande au chapitre des exportations apportera du soutien aux marchés des aliments pour animaux.

L’incidence des conditions météorologiques sur les prix finaux demeure imprévisible

Les fournisseurs d’intrants ont été confrontés à une baisse de la demande le printemps dernier en raison des mauvaises conditions d’ensemencement et de la situation difficile des flux de trésorerie d’exploitation. Toutefois, si les conditions météorologiques continuent de s’améliorer, comme c’est le cas dans certaines régions de l’Amérique du Nord, les niveaux annuels pourraient s’approcher de la normale.

* L’estimation concernant les recettes monétaires agricoles totales ne tient pas compte des recettes tirées du cannabis. 

Facteurs à surveiller

  • Le rapport du mois d’août de l’USDA sur la production de cultures agricoles (qui renferme une nouvelle estimation de la superficie ensemencée en maïs).

  • L’accord qui abolit les tarifs américains imposés sur l’acier canadien, intervenu à la mi-mai, comporte une disposition de rétablissement des anciens tarifs. En cas de rétablissement, les tarifs douaniers continueront d’affaiblir les marges des fabricants d’équipements en raison des coûts accrus qui ont poussé les prix à la hausse et freiné la demande.

  • L’évolution des négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis en général, et les répercussions des tensions actuelles sur les prix des cultures.

  • La suspension des exportations canadiennes de porc et de bœuf décrétée par la Chine pour des raisons non tarifaires.

  • La production sud-américaine d’animaux d’élevage et de cultures. La relation grandissante entre la Chine et les fournisseurs sud-américains pourrait être déterminante. Ayant mis un pied dans la porte de ces grands marchés, ces fournisseurs pourraient être difficiles à supplanter lorsque les relations entre l’Amérique du Nord et l’Asie s’amélioreront.

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.