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Gérer l’incertitude dans le secteur alimentaire

16 nov. 2020
6 min de lecture

La COVID-19 a créé des perturbations sans précédent à l’échelle mondiale, les gouvernements ayant été contraints de fermer certaines parties de l’économie et de restreindre les activités commerciales. Les fermetures d’installations de fabrication et de ports dans le monde entier ont limité la circulation des marchandises et réduit la demande de produits de base. L’année 2020 tire à sa fin, et nous avons un portrait plus précis des répercussions économiques de la COVID-19 sur le secteur de la fabrication de produits alimentaires, ainsi que des risques liés à la résurgence actuelle de la pandémie.

La reprise mondiale est incertaine

Le nombre de cas de COVID-19 dans le monde continue d’augmenter. Dans certaines régions du monde, les gouvernements font face à la première vague de la maladie, alors que d’autres, dont le Canada, font face à la deuxième vague. En conséquence :

  • l’activité économique sera nettement plus faible en 2020

  • il est peu probable que nous assistions à une reprise économique totale en 2021

  • la reprise pourrait ne s’accomplir qu’en 2022

Les Perspectives économiques de septembre 2020 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indiquent que le PIB mondial diminuera de 4,5 % e  2020 et augmentera de 5,0 % en 2021. La production économique mondiale s’est rapidement redressée après le choc initial de la pandémie. Cependant, l’économie a perdu de son dynamisme depuis lors. En conséquence, les prévisions de l’OCDE indiquent une reprise hybride en forme de L ou de U (en anglais seulement), une forte baisse du PIB étant suivie d’une lente reprise.

Figure 1 : La récession mondiale de 2020 sera profonde

Graphique montrant que la récession mondiale de 2020 sera profonde.

Source : Perspectives économiques de septembre de l’OCDE.

Une reprise économique se profile à l’horizon

La croissance économique du Canada dépendra de sa capacité à contrôler toute éclosion future de la maladie et à rétablir la vitalité du marché du travail. Selon l’OCDE, le PIB du Canada devrait diminuer de 5,8 % en 2020. Une aide gouvernementale importante a permis de limiter les répercussions négatives potentielles à long terme du ralentissement économique, puisque les prévisions initiales laissaient entrevoir une baisse de 8,0 % en 2020. La croissance du PIB canadien devrait atteindre 4,0 % environ en 2021, car la reprise dans les secteurs comme la restauration, le divertissement et le tourisme sera plus lente.

Figure 2 : Les taux d’intérêt devraient rester proches de leurs planchers historiques

Graphique montrant que les taux d’intérêt resteront proches des planchers historiques.

Source: Banque du Canada.

Les taux d’intérêt au Canada et dans le monde ont également chuté, les banques centrales ayant baissé leurs taux pour protéger les économies du ralentissement économique. Au Canada, le taux de financement à un jour est tombé à 0,25 %. La Banque du Canada s’est également montrée plus dynamique que ses pairs, comme la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, pour ce qui est d’injecter des liquidités sur le marché, lorsque l’on tient compte de la taille des économies. En conséquence, les taux d’intérêt effectifs moyens applicables aux entreprises sont passés de 3,36 % fin février à 2,34 % fin septembre. Comme on s’attend à une reprise lente et prolongée de l’économie canadienne et mondiale, nous pensons que le degré d’assouplissement monétaire restera en place pendant un certain temps. Il est peu probable que la Banque du Canada fasse quoi que ce soit avant 2022 au plus tôt.

Le dollar canadien devrait augmenter légèrement et suivre une tendance essentiellement latérale en 2021

Comme on s’attend à peu de fluctuations des taux d’intérêt en 2021, la reprise économique mondiale, la demande d’exportations canadiennes — notamment de ressources — et la tolérance au risque des investisseurs détermineront la valeur du dollar canadien. Alors que la croissance économique commence à se raffermir, attendez-vous à voir les investisseurs délaisser les « valeurs refuges » telles que le dollar américain et le yen japonais au profit de monnaies davantage axées sur les produits de base comme le dollar canadien ou le dollar australien. À l’heure actuelle, le dollar canadien s’échange autour de 75 cents. Nous nous attendons à ce qu’il fluctue considérablement au cours des prochains mois et en 2021, mais à ce qu’il oscille autour de 76 cents.

Figure 3 : La volatilité observée en 2020 pourrait se poursuivre en 2021, le dollar oscillant autour de 76 cents

Graphique montrant que la volatilité observée en 2020 pourrait se poursuivre en 2021.

Source: Banque du Canada.

Le marché du travail rebondit lentement

Les dépenses des ménages représentent environ 60 % de l’économie canadienne. Ainsi, la vitalité du marché du travail est essentielle à une économie canadienne forte. Avant la pandémie, le taux de chômage au Canada était très faible (5,6 % en décembre 2019). Il y avait des variations d’une province à l’autre : l’Ontario et le Québec enregistraient un taux de chômage de 5,3 %, tandis que la baisse des prix des produits de base avait entraîné un taux de chômage de 7,0 % en Alberta. La pénurie de main-d’œuvre favorisait la croissance des salaires et les dépenses de consommation.

Cependant, des salaires plus élevés influencent la concurrence. Le salaire moyen dans l’industrie de la fabrication de produits alimentaires a augmenté de 11,3 % entre 2014 et 2018. La rémunération totale de la main-d’œuvre est passée de 56 % de la valeur de la production à 64 % en 2019. La valeur de la production par heure travaillée a quant à elle légèrement diminué. Cela soulève de sérieuses questions quant à la productivité à une époque où la COVID-19 a entraîné de nombreuses perturbations dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Le coût de la main-d’œuvre a encore augmenté, car les fabricants de produits alimentaires ont mis en place des mesures de distanciation physique dans les usines, ont fourni des EPI aux employés et ont augmenté les salaires pour motiver les travailleurs.

Tableau 1 : Comparaison de la rémunération de la main-d’œuvre et de la production dans l’industrie de la fabrication de produits alimentaires

Année 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Rémunération totale de la main-d’œuvre par rapport à la production 56 % 57 % 59 % 60 % 60 % 64 %
Rémunération totale par heure travaillée 32,90 $ 34,05 $ 34,34 $ 35,09 $ 35,23 $ 36,40 $
Production réelle par heure travaillée 58,36 $ 60,12 $ 58,42 $ 58,64 $ 58,65 $ 56,96 $

Source : Statistique Canada.

En août, l’inflation des salaires dans l’industrie de la fabrication de produits alimentaires a été de 6,1 %, par rapport à 4,2 % l’année dernière. Le nombre de personnes employées dans l’industrie canadienne de la fabrication a augmenté depuis la baisse de 17,7 % survenue en avril, mais en août, il était toujours de 4,9 % inférieur à son niveau précédent; ce qui signifie que le coût total de la main-d’œuvre est en hausse d’une année sur l’autre, malgré une diminution d’employés.

La croissance de la population canadienne a ralenti, principalement en raison des mesures de restriction aux frontières

L’immigration a représenté plus de 80 % de la croissance démographique de 1,1 % du Canada entre juillet 2019 et juillet 2020. Les mesures de restriction aux frontières ont déjà eu pour effet de réduire le nombre d’immigrants.

Les emplois sont plus souvent occupés par des personnes immigrantes dans l’industrie de la fabrication de produits alimentaires que dans la plupart des autres secteurs (31,6 % pour l’alimentation, comparativement à 25,6 % dans l’ensemble des secteurs, selon les données de 2017). Dans un secteur où le coût de la main-d’œuvre a dépassé la croissance de la production depuis 2015, il pourrait s’avérer difficile de trouver de la main-d’œuvre de toutes compétences à un prix concurrentiel à partir d’un bassin plus restreint. Il pourrait également s’avérer difficile de transférer la hausse des salaires et des coûts aux consommateurs dans le contexte de récession actuel.