Les échanges commerciaux avec les États-Unis constituent un refuge pendant la pandémie
À l’occasion de l’adhésion [en anglais seulement] du Royaume-Uni au Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), nous examinons les résultats à l’exportation du Canada dans les principales zones d’échanges commerciaux avec lesquelles nous avons conclu des accords. Le PTPGP accueille la Grande-Bretagne aux côtés de 11 membres fondateurs, dont l’Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, le Pérou, la Nouvelle-Zélande, Singapour et le Viêt Nam. Il s’agit de l’un des nombreux accords multilatéraux qui permettent aux exportateurs canadiens de bénéficier d’un accès préférentiel aux principaux marchés. L’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne est l’autre grande zone d’échanges commerciaux sélectionnée ici, et nous comparons les deux à nos résultats en matière d’exportation au cours des dix dernières années avec les États‑Unis, la Chine et le Royaume‑Uni.
Le PTPGP : qu’as-tu fait pour moi dernièrement?
Les accords commerciaux tels que le PTPGP réduisent les coûts normaux d’exportation vers les marchés étrangers. Les droits de douane, une sorte de taxe appliquée aux frontières, augmentent le coût d’un produit exporté sur les marchés de détail étrangers, le rendant moins compétitif par rapport aux produits de substitution fabriqués dans le pays d’importation. Les accords éliminent de nombreux droits de douane, voire la plupart d’entre eux, ce que le PTPGP a fait pour une région comprenant la principale zone de croissance économique du monde – ce qui a motivé les années de travail nécessaires pour parvenir au stade de la ratification. C’est une région importante pour nos exportateurs : Parmi tous les membres actuels, le Japon, le Mexique et le Viêt Nam sont les plus grands marchés du Canada pour plusieurs produits alimentaires.
Toutefois, au cours des quatre années et deux mois qui ont suivi l’entrée en vigueur de l’accord, les avantages pour les exportations canadiennes de produits agricoles et alimentaires vers la région ont fluctué (Figure 1). Par rapport aux cinq années précédant l’accord, le commerce des denrées alimentaires du Canada semble tout aussi volatil, comme le montre le taux de croissance annuel moyen (TCAM) sur les neuf années. L’accord semble avoir eu un effet immédiatement après sa ratification, bien que celui-ci se soit rapidement estompé au début de la pandémie mondiale. Le TCAM pour la période 2014-2018 était de 3,5 %, contre 2,8 % pour la période 2019-2022.
Figure 1 : Avant et après le PTPGP : les deux périodes sont marquées par de fortes fluctuations
AECG : les marchés d’exportation des pays européens ayant ratifié l’accord peuvent encore offrir plus d’avantages
La volatilité qui caractérise nos résultats à l’exportation dans le cadre du PTPGP s’apparente aux fluctuations observées dans les périodes précédant et suivant directement l’entrée en vigueur de l’AECG (Figure 2). La signature de cet accord a permis d’atténuer quelque peu les fluctuations, bien qu’il soit difficile d’en mesurer les avantages exacts.
Sur les 27 pays signataires de l’AECG, 17 l’ont ratifié. Toutefois, la ratification n’a pas changé grand-chose au rythme de croissance des importations de l’UE jusqu’à présent. Dans les deux cas, la période qui a suivi l’application de l’accord a été marquée par un ralentissement des TCAM. Les marchés des pays n’ayant pas ratifié l’accord affichaient un taux de 13,3 % chaque année avant l’entrée en vigueur de l’accord et un taux de 9,4 % après. Les marchés des pays ayant ratifié l’accord présentaient un taux de 9,8 % chaque année avant l’entrée en vigueur de l’accord et de 7,9 % après.
Figure 2 : La ratification amplifie les tendances à la croissance
Il est toutefois difficile de comparer les deux périodes, car la pandémie a également eu une incidence sur les exportations canadiennes de produits agricoles et alimentaires. Toutefois, contrairement aux pays membres du PTPGP, la forte baisse constatée en 2020 s’est inversée en 2021, les pays ayant ratifié l’accord et ceux ne l’ayant pas ratifié augmentant leurs importations d’une année sur l’autre. Nous verrons à la fin de cette année si la tendance à la croissance plus rapide des pays ayant ratifié l’accord constatée en 2022 se poursuit. C’est loin d’être garanti. La guerre entre la Russie et l’Ukraine a bouleversé les marchés des matières premières et les chaînes d’approvisionnement et a contribué à réaligner les partenaires commerciaux sur des lignes géopolitiques émergentes ou renforcées.
Ce qu’il faut attendre du Royaume-Uni
Les États-Unis restent le plus grand et le plus important marché d’exportation du Canada. La force et l’histoire des relations entre les deux pays sont évidentes dans la stabilité relative de nos exportations au cours de la même période de 10 ans (2013-2022) (voir la Figure 3). L’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) signé en juillet 2020 a mis à jour l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), vieux de 26 ans, avec des termes et des mécanismes plus adaptés au paysage commercial mondial actuel. Il a lui aussi eu un effet immédiat, mais contrairement au PTPGP et à l’AECG, il est entré en vigueur pendant la pandémie. Soulignant la valeur de nos relations commerciales avec les États-Unis, le TCAM des exportations de produits alimentaires du Canada vers les États-Unis était de 2,7 % en 2018 et 2019 et de 14,5 % en 2021 et 2022.
Figure 3 : Les échanges commerciaux avec les États-Unis apportent de la stabilité aux exportations agroalimentaires canadiennes
Nos exportations vers la Chine sont un exemple de contraste. Entre 2013 et 2018, la croissance des exportations canadiennes a grimpé à un TCAM de 17,1 %. En 2018, les tensions diplomatiques ont entraîné un boycott chinois de certaines exportations canadiennes, une tendance qui s’est ensuite inversée en 2019, avant d’être interrompue par la pandémie. Le Royaume-Uni affiche également une volatilité du TCAM et le même effet modérateur de la pandémie, qui a duré jusqu’à la fin de l’année 2022. Mais la croissance de ses importations de produits agricoles et alimentaires canadiens reste positive.
En conclusion
La diversification par rapport aux États-Unis est une bonne gestion des risques pour les secteurs alimentaires et les entreprises individuelles du Canada. Même si cela ne sera pas facile, l’existence de nombreux accords commerciaux avec d’autres marchés importants y contribuera. Toutefois, dans nos échanges avec les principales zones d’échanges commerciaux, les perturbations dues à la pandémie continuent de se faire sentir, les marchés hors États-Unis faisant preuve d’une plus grande volatilité dans leurs importations de produits canadiens, tant avant l’entrée en vigueur des accords qu’après. Nous n’avons pas encore déterminé si cela est une caractéristique des marchés en 2023 ou quand cela pourrait prendre fin.
Rédactrice économique
Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.