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Diversification des exportations agricoles : le Canada a-t-il atteint sa limite?

La diversification des exportations agricoles peut contribuer à atténuer le risque pour les producteurs agricoles. Il s’agit d’un facteur important pour le Canada, pays hautement tributaire des exportations. Si cette stratégie s’avère fructueuse pour nos quatre principales exportations de cultures agricoles, les difficultés rencontrées en 2019 font ressortir les raisons pour lesquelles nous devons atteindre le plus grand nombre de marchés possible.

Dans notre dernier rapport sur les échanges commerciaux, intitulé La diversification des exportations agricoles canadiennes : occasions et défis pour le blé, le canola, le soja et les légumineuses, nous passons en revue les pays qui, selon nous, affichent le plus grand potentiel. Nous avons écarté nos marchés « préférés », où les exportateurs canadiens jouissent déjà d’un avantage concurrentiel, et présentons les importateurs de grande taille et qui connaissent une croissance rapide – parmi ceux qui ne sont pas déjà des acheteurs préférés – comme ceux qui offrent les meilleures possibilités.

Soja

Marchés potentiels : Argentine, Mexique, Égypte, Turquie et Pakistan

Le soja est peut-être le produit qui offre la meilleure possibilité de diversification. En 2018, les marchés préférés du Canada représentaient un peu plus de 6 % des importations totales.

Fait intéressant, la Chine n’était pas un marché privilégié, et ce, même si elle a accaparé environ deux tiers des importations mondiales totales. Il en va de même de plusieurs des importateurs les plus importants et affichant la croissance la plus rapide, ce qui s’explique peut‑être par l’ajustement nécessaire du marché mondial. La conjoncture s’est détériorée en 2018 en raison des éclosions de peste porcine africaine et de la réaffectation majeure des exportations de soja des États-Unis en réaction aux problèmes d’accès au marché de la Chine.

Canola

Marchés potentiels : Les pays d’Europe

Les exportateurs canadiens de canola pourraient profiter d’une croissance future en Europe, à l’instar de la croissance observée en 2019. Dans des conditions normales, les importateurs européens préfèrent généralement le colza produit en Europe, qui est meilleur marché que le canola canadien. Toutefois, en raison d’une saison de croissance difficile, les producteurs européens de biodiesel ont été contraints d’acheter du canola. Nous en avions de grandes quantités à vendre à très bon prix.

La croissance sur douze mois observée en 2019 a été positive, bien que difficile à maintenir. Les pays les plus susceptibles d’accroître leurs importations de canola sont tous des pays d’Europe, mais il serait probablement difficile de leur en vendre au cours des années où les conditions de production et de commercialisation sont normales.

Blé

Marchés potentiels : Égypte, Philippines, Espagne et Pays‑Bas

Le marché mondial du blé est fondamentalement différent de celui du canola. De plus grande taille, il compte aussi un plus grand nombre de négociants, et les exportations de blé du Canada – même si elles demeurent prédominantes – représentent une part moins importante dans l’ensemble. Le marché mondial du blé est aussi moins concentré, ce qui devrait faciliter une diversification accrue.

L’Égypte, plus grand importateur de blé au monde, représentait 7 % des importations totales l’année dernière. En 2017, les dix principaux importateurs représentaient seulement 43 % des importations totales. L’Égypte, les Philippines, l’Espagne et les Pays‑Bas comptent parmi les importateurs de grande taille, affichent une croissance rapide et achètent peu de blé du Canada à l’heure actuelle. Le problème est que chacun de ces importateurs entretient déjà des liens étroits et privilégiés avec des concurrents du Canada.

Légumineuses

Marchés potentiels : Pakistan, Espagne, Belgique, Émirats arabes unis et Allemagne

Les légumineuses comptent plus d’importateurs que n’importe quel autre produit agricole figurant parmi les quatre principales exportations du Canada. Premier exportateur de légumineuses au monde, le Canada en a exporté dans 81 % de tous les marchés en 2017.

Le Pakistan, l’Espagne, la Belgique, les Émirats arabes unis et l’Allemagne offrent les meilleures possibilités de croissance de ces exportations. Nous avons des accords de libre‑échange avec l’Espagne, l’Allemagne et la Belgique, et nous sommes en train de conclure des accords de protection des investissements avec le Pakistan et les Émirats arabes unis.

Compte tenu de la prospérité actuelle de nos exportations, il sera difficile d’accroître la diversification. Outre notre part de marché actuelle, le plus gros défi est lié à la taille somme toute modeste du marché (évalué à 7,4 milliards de dollars US en 2018), qui est souvent hautement concentré autour des importations de l’Inde. La plupart des marchés des légumineuses sont petits et incapables de combler la demande de l’Inde les années où celle‑ci en produit suffisamment pour réduire ses importations (comme c’est arrivé en 2017 et en 2018).

Ce qu’il faut retenir

Grâce à des accords commerciaux habilement négociés et à des investissements dans des ressources qui permettent de développer les chaînes d’approvisionnement des produits agricoles, le Canada a créé des réseaux commerciaux enviables. Mais que nous réserve l’avenir?

Des investissements supplémentaires pour accroître la diversification n’apporteront que des avantages de plus en plus négligeables : nous exportons déjà vers les principaux marchés importateurs de blé, de canola, de soja et de légumineuses. Si nous voulons continuer à développer nos marchés, il faudrait peut‑être songer plutôt à diversifier nos exportations.

Pour obtenir de plus amples renseignements à ce sujet, veuillez consulter notre rapport sur les échanges commerciaux : La diversification des exportations agricoles canadiennes : occasions et défis pour le blé, le canola, le soja et les légumineuses.

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.