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Coup d’œil sur la façon dont les économistes déterminent si les terres sont surévaluées

24 avr. 2019

La semaine prochaine, nous découvrirons dans le rapport Valeur des terres agricoles 2018 de FAC si la croissance vigoureuse et soutenue de la valeur des terres agricoles canadiennes se poursuit. Cette semaine, je vais vous montrer comment nous déterminons l’origine de cette vigueur.

Je suggère de suivre l’évolution de la valeur des terres agricoles par rapport à l’évolution des recettes. Il existe plusieurs façons de le faire, mais le moyen le plus simple est d’établir le ratio « cours/bénéfice » (en anglais seulement) des terres agricoles. Ce ratio mesure le prix des terres comme multiple des recettes des cultures. Les économistes s’en servent pour comprendre la valeur relative des terres agricoles au fil du temps.

Plus les recettes des cultures sont élevées, plus les prix des terres agricoles augmentent

La valeur des terres agricoles affiche une croissance maximale lorsque :

  1. les taux d’intérêt sont généralement bas, et

  2. les recettes des cultures sont élevées ou tendent à la hausse – les acheteurs sont prêts à payer plus cher pour des terres qui, selon eux, généreront des recettes grandissantes.

Lorsque la valeur des terres progresse plus vite que les recettes, le ratio augmente. Une certaine hausse est tolérable, mais un ratio qui s’éloigne trop de sa moyenne historique indique qu’une correction du marché pourrait s’avérer nécessaire afin de le rapprocher de cette moyenne. 

Le ratio cours/bénéfice

Ratio cours/bénéfice = Prix moyen des terres agricoles (par acre) / Recettes moyennes prévues (par acre)

Les recettes moyennes prévues correspondent à la moyenne des prix prévus multipliée par les rendements prévus par acre pour chaque culture dans une rotation « normale » des cultures.

Fonctionnement

Pour trouver les prix des terres agricoles à l’échelle provinciale, utilisez le prix moyen par acre des terres et des bâtiments agricoles de Statistique Canada

Voici comment déterminer les recettes moyennes prévues pour une province donnée :

  1. Formuler une estimation de la rotation « normale » des cultures (p. ex., on suppose une rotation maïs/soja en Ontario ou une rotation canola/blé/pois en Saskatchewan).

  2. Calculer le prix moyen des cultures et le rendement moyen prévu pour une année donnée en se fondant sur la moyenne des prix et des rendements obtenus pour chaque culture au cours des trois dernières années (pondérée selon la récence).

Le ratio cours/bénéfice des terres agricoles du Canada a‑t‑il dépassé la moyenne à long terme?

Au début de 2018, le ratio cours/bénéfice était généralement supérieur à sa moyenne historique. Lentement mais sûrement, il avait fini par franchir ce seuil au terme de cinq années consécutives où la valeur des terres progressait plus vite que les recettes. La semaine prochaine, je présenterai un aperçu détaillé des prix des terres agricoles en 2018, et la semaine suivante, je déterminerai si ces nouvelles valeurs et les recettes agricoles stables enregistrées l’année dernière ont influencé le ratio.

Quels autres facteurs influent sur la valeur des terres agricoles?

Le ratio cours/bénéfice est fondé sur les prix et les rendements prévus des produits de base (selon les tendances historiques), et cette mesure est imparfaite. D’une part, le ratio cours/bénéfice ne permet pas d’effectuer une évaluation comparative des moyennes provinciales. En effet, chaque secteur agricole possède son propre cycle de recettes, et chaque province compte un éventail différent de secteurs. D’autre part, les influences extérieures (comme le développement urbain) varient aussi d’une province à l’autre.

Des facteurs autres que les recettes des cultures influent aussi sur l’offre et la demande de terres agricoles et, par conséquent, sur leurs prix. Parmi ces facteurs, on compte :

  • Les taux d’intérêt : malgré cinq hausses de taux au cours des 21 derniers mois, les coûts d’emprunt demeurent historiquement bas, ce qui stimule la demande de terres agricoles.

  • Les excellentes perspectives de l’agriculture canadienne depuis une décennie : les acheteurs attribuent une valeur accrue aux terres qui, selon eux, généreront des recettes grandissantes.

  • L’offre limitée de terres agricoles à vendre : une offre restreinte fait toujours augmenter les prix.

L’avantage de ce ratio est qu’il établit un lien entre la valeur des terres et les recettes, facteur ayant une incidence déterminante sur les prix des terres. La semaine prochaine, nous nous pencherons sur l’évolution de la valeur des terres agricoles en 2018.

x.com/jpgervais
Jean-Philippe (J.P.) Gervais

Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef

Jean-Philippe est Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef à FAC. Il offre des conseils qui aident à orienter la stratégie de FAC et qui servent à identifier les risques et opportunités dans l’environnement d’affaires. En plus d’agir comme porte-parole de FAC pour des questions économiques, Jean-Philippe offre ses commentaires sur les filières agroalimentaire dans des vidéos et le blogue des Services économiques FAC.

Avant de se joindre à FAC en 2010, Jean-Philippe était professeur d’agroéconomie à l’Université North Carolina State et à l’Université Laval. Jean-Philippe détient le titre de Fellow de la Société canadienne d’agroéconomie. Il a obtenu son doctorat en économique de l’Université d’Iowa State en 1999.