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Comment les marchés agroalimentaires du Canada peuvent-ils prospérer dans le contexte économique mondial de 2020?

14 janv. 2020

À l’échelle planétaire, les vecteurs de prospérité et de croissance économique sont en pleine mutation. Selon Bloomberg, les facteurs traditionnels de croissance (site en anglais seulement) – main-d’œuvre, investissements et productivité – subissent maintenant l’influence des changements climatiques, de l’automatisation, de la numérisation, du protectionnisme et du populisme.

Ces forces vont perturber la croissance dans les économies développées comme dans les économies émergentes. La plupart des gouvernements, dont celui du Canada, ont prévu les répercussions et s’y préparent en adoptant des politiques et des mesures qui visent à atténuer les risques connexes et à profiter des débouchés éventuels.

Évaluer la vitalité du marché canadien des exportations

Bloomberg a évalué le risque de 114 pays vis-à-vis des cinq forces perturbatrices et a attribué un pointage à chacun selon son état de préparation, ou sa capacité à prospérer dans la conjoncture qui en découlera. Les pays qui obtiennent des pointages élevés sont ceux dont la performance économique future risque peu d’être compromise par ces forces perturbatrices.

Ensemble, ces pays comptent pour 98 % du PIB mondial. L’indice de Bloomberg, qui englobe les marchés d’exportation importants et en croissance du Canada, est un guide utile pour les entreprises agroalimentaires canadiennes. Nous vous présentons certains de ces marchés à titre d’exemples; il est important de savoir comment ces pays réagissent à la conjoncture en évolution étant donné que ces réactions auront un effet décisif sur la vitalité économique à long terme de chaque marché.

Figure 1 : Une résolution véritable des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine est indispensable à la vitalité des deux plus grands marchés du Canada

Tous les résultats sont fondés sur une échelle de l’état de préparation où 0 signifie « mal préparé » et 100 signifie « exceptionnellement bien préparé »
** Marchés ayant importé pour 0,5 milliard de dollars ou plus de produits canadiens (entre janvier et octobre 2019) dans les catégories SCIAN 111, 112, 311 combinées (par ordre décroissant)

Comprendre les signes dans un contexte d’incertitude commerciale

La plus grande incertitude qui plane sur les échanges agroalimentaires du Canada en 2020 est l’évolution des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. La mesure de Bloomberg concernant les préjudices que ces tensions pourraient porter à la croissance économique indique que, parmi le Canada et ses partenaires commerciaux du secteur agroalimentaire, seuls la Chine et le Mexique ont plus à perdre que le Canada. Cela témoigne de l’importance des échanges commerciaux pour notre économie.

La Chine et les États-Unis peuvent modifier les flux globaux des échanges commerciaux étant donné leur influence respective sur les marchés internationaux. Compte tenu des volumes concernés, tout changement à la structure de leurs échanges bilatéraux aura une incidence – positive ou négative – sur les débouchés qui s’offrent au Canada au chapitre des échanges agroalimentaires.

Mis à part les problèmes créés par le conflit entre les États-Unis et la Chine, nos grands marchés d’exportation traditionnels semblent bien placés pour surmonter les difficultés. Parmi les principaux marchés du Canada, la Chine, le Japon, la République de Corée et les Émirats arabes unis devraient être les plus aptes à composer avec les forces perturbatrices.

Le Chili, l’Espagne et Hong Kong sont aussi bien placés pour tirer parti des avantages qui découlent des forces perturbatrices. Malgré leur petite taille, ces marchés sont de plus en plus importants pour les exportateurs canadiens.

Tenir compte des signes avant-coureurs

Plusieurs marchés principaux sont moins bien placés pour réussir à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de l’Indonésie, qui a importé pour plus de 0,5 milliard de dollars de produits agroalimentaires canadiens en 2019. Rien ne garantit que des difficultés apparaîtront en 2020; en effet, le FMI prévoit que le PIB du pays affichera une croissance exceptionnelle de 5,1 % cette année. Toutefois, l’Indonésie devra déployer de plus grands efforts pour surmonter les répercussions liées au changement climatique, à l’automatisation et à la numérisation de l’économie afin de maintenir ce rythme de croissance.

Enfin, le Mexique, le Bangladesh et l’Égypte sont moins bien préparés que la plupart des pays. Or, ce sont des marchés clés pour les exportateurs canadiens de nos produits agroalimentaires se classant en tête de liste (blé, graines et huile de canola, soja, légumineuses, porc, bœuf, pain et pâtisseries). Les répercussions des cinq forces perturbatrices sur chacune de ces économies auront une incidence déterminante sur les entreprises de chez nous.

Ce qu’il faut retenir

Les forces perturbatrices devraient poser un défi particulier pour les petits marchés du Canada. Ceux-ci pourront-ils maintenir les niveaux d’importation des dernières années malgré les coûts accrus des services et des produits (y compris les coûts de subsistance de base) qui découlent des politiques protectionnistes et du changement climatique? Ce facteur sera à surveiller. L’automatisation devrait porter un dur coup à ces marchés, à moins que leurs gouvernements respectifs prennent les mesures nécessaires pour mettre en place des politiques d’emploi et de formation qui permettront de contrer le chômage et les perturbations.

Jusqu’à présent, le Canada réussit à diversifier ses marchés d’exportations de produits agroalimentaires au-delà des États-Unis et de la Chine. Pour continuer à progresser, les exportateurs canadiens devront surveiller les indicateurs économiques de leurs marchés cibles. La compréhension et la surveillance des plans des entreprises et des gouvernements étrangers à l’égard des répercussions éventuelles des forces perturbatrices constituent un bon point de départ.

x.com/jpgervais
Jean-Philippe (J.P.) Gervais

Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef

Jean-Philippe est Vice-président exécutif, Stratégie et Impact et économiste en chef à FAC. Il offre des conseils qui aident à orienter la stratégie de FAC et qui servent à identifier les risques et opportunités dans l’environnement d’affaires. En plus d’agir comme porte-parole de FAC pour des questions économiques, Jean-Philippe offre ses commentaires sur les filières agroalimentaire dans des vidéos et le blogue des Services économiques FAC.

Avant de se joindre à FAC en 2010, Jean-Philippe était professeur d’agroéconomie à l’Université North Carolina State et à l’Université Laval. Jean-Philippe détient le titre de Fellow de la Société canadienne d’agroéconomie. Il a obtenu son doctorat en économique de l’Université d’Iowa State en 1999.