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Bilan de l’année 2019 – deuxième partie : Un test de résilience de l’industrie

17 déc. 2019

Les six premiers mois de 2019 ont été marqués par des tensions commerciales, des maladies du bétail et des perturbations financières, et les soubresauts météorologiques nuisant à l’ensemencement printanier sont rapidement devenus des enjeux prioritaires. Mais laissons le printemps derrière et passons à l’examen de la dernière moitié de l’année.

Juillet – Des messages contradictoires de l’USDA ont semé l’incertitude dans le marché des cultures

Les estimations du rapport WASDE (en anglais seulement) de juillet de l’USDA visant la superficie ensemencée de maïs aux États-Unis ont d’abord été jugées improbables en raison des inondations généralisées dans le Mid West qui ont retardé et carrément empêché les plantations. Malgré ces contretemps, les prix à terme du maïs sont passés d’un peu plus de 4,00 $ US à la fin mai à environ 3,30 $ US à la mi-juillet, et un redressement des marchés fondé sur l’éventualité d’une hausse de la production de maïs s’est fait ressentir. Inversement, les prix du soja sont passés de 7,90 $ US à la fin mai à 9,10 $ US à la mi-juillet.

Août – Les craintes d’une récession mondiale font baisser les taux d’intérêt

Les taux obligataires du monde entier sont devenus négatifs en raison de mauvaises données économiques : un quart du marché obligataire mondial (en anglais seulement) s’est négocié à des taux de rendement négatifs. Les banques centrales du Brésil, de l’Australie, de la Nouvelle‑Zélande, de l’Inde et d’autres parties du monde ont réduit leur taux d’intérêt directeur. 

De faibles taux d’intérêt risquent de plomber la valeur de la devise. Cela a accru les perspectives d’une guerre des devises se profilant sur fond de tensions commerciales, l’administration américaine jugeant le dollar américain surévalué. 

Septembre – La valeur des terres agricoles augmente de 3 % en moyenne

Selon l’examen de mi-année du marché des terres agricoles effectué par FAC, les exploitations ont misé sur l’amélioration de la productivité et le contrôle des coûts plutôt que sur l’acquisition de terres. Des conditions climatiques difficiles et la baisse du prix des produits de base risquant d’affaiblir les revenus, la stratégie commerciale préconisée repose sur la gestion du risque

Si la hausse de 3 % pour les six premiers mois de 2019 se stabilise pour le reste de l’année, elle s’ajoutera à la tendance à la baisse sur cinq ans de la croissance de la valeur moyenne des terres agricoles.

Octobre – Les tensions commerciales s’apaisent entre la Chine et les États-Unis

Les États-Unis ont reporté les augmentations tarifaires prévues sur les exportations chinoises, et la Chine a fait de même en suspendant les taxes à l’importation du porc et du soja américains. Les tensions diminuant, les deux pays ont conclu un accord commercial préliminaire et provisoire. 

La « Phase 1 » de l’accord a été finalisée la semaine dernière. Les États-Unis suspendront certains tarifs douaniers et en réduiront d’autres puis, en contrepartie, la Chine dépensera 32 milliards de dollars américains de plus au cours des deux prochaines années sur les importations de produits agricoles américains. Il s’agit là d’une augmentation annuelle de 50 % par rapport aux importations de 2017. Cet engagement d’envergure à acheter des produits agricoles et alimentaires américains est censé augmenter les prix des produits agricoles de base et modifier la structure des échanges en 2020.

Novembre – Les recettes monétaires accentuent les difficultés de l’économie agricole

La baisse des prix des cultures a surtout contribué à la révision à la baisse des estimations des recettes monétaires agricoles pour les neuf premiers mois de 2019. L’hypothèse d’une augmentation de 3 % des dépenses d’exploitation depuis 2018 procure des projections de revenu monétaire net (RMN). Le RMN de la Saskatchewan et du Manitoba pourrait diminuer de 17 % (tableau 1). Les autres provinces devraient connaître un rebond, mais cela suit à la baisse des RMN de 2018.

Tableau 1. Estimations des recettes monétaires agricoles et du revenu monétaire net (millions de dollars) pour 2018 et projections pour 2019

  2018 2019
  Recettes monétaires agricoles Revenu monétaire net Recettes monétaires agricoles Revenu monétaire net
Alberta 13 527 2 430 14 752 3 322
Provinces de l’Atlantique 1 916 258 2 141 434
Colombie-Britannique 3 435 380 3 798 652
Manitoba 6 626 1 466 6 527 1 213
Ontario 13 995 2 026 14 849 2 521
Québec 8 909 1 571 9 494 1 936
Saskatchewan 14 011 3 773 13 681 3 136
Canada 62 418 11 905 65 242 13 214

Source : Statistique Canada, calculs de FAC

Décembre – Les difficultés de récolte exerceront une pression sur les recettes monétaires agricoles de 2020

Les projections du tableau 1 ne tiennent pas compte des difficultés de récolte de 2019. Selon le rapport final sur les cultures de la Saskatchewan pour 2019 (en anglais seulement), 93 % des terres ensemencées ont été cultivées, et on ignore quelle proportion des cultures restera dans les champs jusqu’au printemps. 

Selon Statistique Canada, les rendements de l’orge, du blé de printemps, du blé dur, du colza et des lentilles devraient être en moyenne plus élevés que ceux de l’an dernier. Quant aux rendements du maïs et du soja, ils seront à la baisse. La qualité de la production sera généralement inférieure à la moyenne, à l’exclusion des recettes de récolte du quatrième trimestre de 2019 et durant toute l’année 2020. Les conditions météorologiques humides durant la récolte augmenteront les frais de séchage en général.

Année difficile, mais tendance favorable

L’accès au marché et les conditions météorologiques ont mis à rude épreuve la résilience de l’industrie. Toutefois, et malgré l’agitation des marchés, la forte demande pour les produits agricoles et les aliments demeure un facteur positif.

Le marché mondial est très concurrentiel. D’autres grands fournisseurs de produits alimentaires et agricoles travaillent d’arrache-pied pour accroître leur production et leur part de marché. La production agricole et alimentaire canadienne peut se démarquer par sa capacité à fournir des aliments sains, nutritifs et de haute qualité à un prix abordable.

Au début de la nouvelle année, nous vous reviendrons avec une analyse des principales tendances à surveiller en 2020.

x.com/jpgervais
Jean-Philippe Gervais

Vice-président et économiste en chef

Jean-Philippe Gervais est vice-président et économiste en chef à FAC. Ses conseils aident à orienter la stratégie et à surveiller le risque à l’échelle de la compagnie. En plus d’agir comme porte-parole de FAC pour des questions économiques, Jean-Philippe offre ses commentaires sur l’industrie agricole et agroalimentaire dans des vidéos ainsi que dans le blogue des Services économiques de FAC.

Avant de se joindre à FAC en 2010, Jean-Philippe était professeur d’agroéconomie à l’Université North Carolina State et à l’Université Laval. Jean-Philippe est l’ancien président de la Société canadienne d’agroéconomie. Il a obtenu son doctorat en économie de l’Université d’Iowa State en 1999.