Passion et planification au cœur de la réussite d’une ferme écotouristique

Khurram et Maryam Farooq ont toujours été inspirés par les paroles de Martin Luther King Jr. : « Si tu ne peux pas voler, alors cours. Si tu ne peux pas courir, alors marche. Si tu ne peux pas marcher, alors rampe, mais quoi que tu fasses, tu dois continuer à avancer. » 

Khurram, alias « Farooq », explique que cette façon de penser est ancrée dans tous les aspects de leur vie et de leur entreprise : il y a des obstacles, des défis et des revers, mais il y a toujours un moyen d’aller de l’avant. 

Située sur les magnifiques rives de la baie Georgienne, en Ontario, leur exploitation caprine et agrotouristique, Farm on the Lake, témoigne de l’innovation et de la détermination des Farooq.

Au cours de la dernière décennie, ils ont non seulement élevé leurs enfants et bâti leur entreprise, mais ils ont aussi planifié méticuleusement chaque étape de leur parcours en équipe. 

Quand la passion se concrétise 

Malgré son inexpérience en agriculture, le couple était habité par une profonde passion pour le mode de vie agricole et ses perspectives d’affaires. « Notre aventure agricole est le fruit de notre amour profond pour l’agriculture, une passion qui m’habite depuis ma jeunesse et que je partage avec ma femme », dit Farooq. 

Si leur carrière les a d’abord menés dans la région du Grand Toronto, les Farooq ont toujours voulu s’installer dans une région rurale. Leur plan consistait à financer le déménagement en vendant leur maison en ville. Cependant, leur premier défi était de trouver la bonne ferme. Leur premier choix est tombé à l’eau au dernier moment; découragés, ils ont craint de ne jamais trouver l’endroit idéal. 

« Un ami m’a dit : “Quelque chose d’encore mieux vous attend”, et je n’ai jamais oublié cela, dit Farooq. Nous avons continué à chercher, et finalement, nous avons trouvé une magnifique propriété de 200 acres près du lac dans la région de la péninsule. Cet endroit était unique et parfait pour nous. » 

Investir dans ses rêves et élaborer un plan 

Ayant tout investi dans l’achat de la ferme, ils ont abordé chaque défi avec un mélange de passion et de pragmatisme. « Nous commencions à partir de zéro, rappelle Farooq. Je me souviens encore du premier jour où nous avons dû couper quelques arbres qui nous bloquaient le chemin; nous n’avions pas les moyens d’acheter une scie à chaîne, alors j’ai dû couper les arbres avec une scie ordinaire. »

Leur modèle d’affaires ne se limitait pas à l’agriculture; l’idée était de créer une entreprise durable et autosuffisante.

Leur modèle d’affaires ne se limitait pas à l’agriculture; l’idée était de créer une entreprise durable et autosuffisante. Ils savaient qu’ils devaient établir rapidement une entreprise agricole à valeur ajoutée pour atteindre l’équilibre financier, mais même après avoir acquis la terre, ils n’avaient pas encore décidé quoi produire. Ils ont donc fait des recherches approfondies, parlé avec des producteurs et se sont rendus à des réunions de groupes de producteurs locaux. Ils ont envisagé diverses options, de la culture de la lavande à l’élevage de wapitis. 

Un jour, les chèvres sont apparues comme l’option idéale pour leur propriété : le couple était entré en contact avec un éleveur québécois qui faisait la promotion des chèvres Savannah comme animaux reproducteurs. 

« Nous sommes tombés sous le charme, dit Farooq. Toute son exploitation était incroyable. » S’imaginant dans une exploitation semblable, le couple y a vu l’occasion de mettre à profit ses aptitudes et de s’épanouir. Munis d’un plan, accompagnés d’un mentor et dans l’attente de leurs premières chèvres, ils ont passé des mois à préparer leur propriété et à mener des recherches exhaustives.

Tirer parti du pouvoir de l’éducation 

« À l’époque, YouTube était tout nouveau et n’avait pas autant d’envergure qu’aujourd’hui. On ne pouvait pas regarder des vidéos à l’infini. Maryam a donc acheté des livres », relate Farooq. De leur premier hiver, aux prises avec de l’eau gelée, à leur première saison de mise bas, ils ont appris les rouages de l’élevage caprin. 

Ils ont relevé le défi et leurs chèvres reproductrices ont rapidement fait l’objet d’une forte demande, ce qui a permis à leur entreprise de se tailler une solide réputation. Leur ferme compte maintenant jusqu’à 600 chèvres en tout temps et attire des acheteurs enthousiastes. Malgré tout, le couple ne s’est pas reposé sur ses lauriers. 

Saisir les occasions 

Leur ferme étant située en plein cœur d’une région touristique, les Farooq ont remarqué qu’un nombre grandissant de passants s’arrêtaient le long de la route pour admirer leurs chèvres en train de profiter de leur parc extérieur. « Au début, il y a eu quelques personnes, puis dix, puis vingt, et c’est à ce moment-là que je me suis dit : “Je pense que nous tenons quelque chose”, dit Farooq. Quand on fait ce qu’on aime, on ne se doute même pas de ce que les autres en pensent. » 

Ils ont mis en place un système libre-service automatisé permettant aux visiteurs d’interagir avec les chèvres à leur convenance, sans interrompre les travaux agricoles quotidiens. Le bouche-à-oreille, les médias sociaux et les visiteurs charmés ont aidé à faire passer le mot et à attirer de plus en plus de gens à la ferme pour nourrir les chèvres, faire une activité avec les enfants et profiter des produits offerts à la boutique de cadeaux. 

Diversifier ses activités et développer celles qui fonctionnent 

L’esprit d’innovation des Farooq les a finalement menés à la création d’une plateforme d’alimentation virtuelle qui permet aux gens de voir les chèvres en temps réel et de cliquer sur un bouton pour les nourrir automatiquement. Leur chaîne YouTube compte maintenant près de 5 000 abonnés, succès qui repose sur l’expérience de Farooq en informatique et en technologie de l’information. 

En tirant parti de cette réussite, le couple a diversifié son entreprise pour y inclure des activités agrotouristiques et du camping en bord de lac, offrant des expériences uniques comme le kayak et des installations d’hébergement confortables, dans le but de séduire les citadins à la recherche d’une retraite à la campagne. 

Au fur et à mesure que leur entreprise se développe, les Farooq demeurent engagés à créer des attractions autosuffisantes et nécessitant peu d’entretien qui permettent à leur ferme et à leur famille de prospérer et d’aller de l’avant. « Nous adorons l’expérience agricole, mais elle doit être rentable, dit Farooq. En repensant à cette aventure des dix dernières années, on se rend compte qu’elle en a valu chaque centime et chaque difficulté. Il nous est impossible d’abandonner. »

D’après un article de l’AgriSuccès par Emily Leeson.